CCF24 Sandra Contour et Blondes Naturelles, Saturday Night de la drôlerie
COMPTE RENDU – En cette fin de Coup de cœur francophone, nous sommes allés écouter Sandra Contour et les Blondes Naturelles pour un samedi soir 100% féminin, drôle et chaleureux.
Saturday night. Sans trop de fever pour nous. On a choisi d’aller assister à un concert dit tranquille à la Place des arts plutôt que d’un show qui ferait mal à notre arthrite. Pourtant la programmation de ce samedi soir à Coup de cœur francophone était foisonnante. Choix de la raison dans notre cas, puisque nous n’avions pas encore eu la chance de voir Sandra Contour de toute l’année et nous étions curieux de découvrir Blondes Naturelles, les deux formations lauréates du concours Ma première Place des arts.
Sandra Contour, botcheurs et folle aux chats
On s’engouffre dans l’intime et petite salle Claude Léveillée. Sandra Contour, à la guitare, embarque rapidement sur scène accompagnée de P.-A. à la contrebasse lasse et à la réplique effrontée. Souriante, Sandra Contour est à l’aise sur cette scène qu’elle retrouve avec nostalgie. Cette salle dont elle se souvient encore pour sa sécheresse ambiante (heureusement elle a une bonne gourde à portée de main). Ce concours lui a permis de vivre cette dernière année une belle aventure “qui commence encore”, admet-elle.
La Québécoise chante le monde qui l’entoure, à coup de petites saynètes de vie qu’elle tourne en dérision, avec humour, tendresse et nostalgie, le tout à la guitare acoustique. Une héritière des chansonniers québécois, des réminiscences de Félix Leclerc dans l’air. Elle raconte des histoires donc, celle d’une folle aux chats, d’un partage de meubles suite à une séparation, de faire ou non des enfants, de fantômes qui font moins peur que des gens, et de ses souvenirs du Lac-St-Jean dont elle est originaire…
Elle réserve même une surprise au public, lors de sa chanson sur ses voisins d’appartements, ces botcheurs (comprendre des fumeurs qui laissent leurs mégots tomber à son étage). Là voilà qui se met à activer une machine type cinématographe, où elle a cousu sur un long pan de tissu qu’elle déroule, les tableaux de sa chanson. Elle chante, s’amuse en même temps, et le public apprécie. C’est au final une performance plaisante et douce qui se conclut par sa jolie “J’avais pas mon téléphone”, sûrement notre préférée.
Blondes Naturelles, le three-women-show
La suite de la soirée est dans la même veine, version augmentée. En témoignent les 3 boas de couleurs accrochés aux pieds de micro. Les Blondes Naturelles n’y vont pas dans la demi mesure et c’est tout à fait assumé. Alignées sur scène, Pat, Marie-Jeanne et Marquise sont blondes, donc. Et naturelles susurrent-elles dans leur micro en entrée de jeu, s’esclaffant quelques secondes après.
Le trio de “cabaret folk révolutionnaire” lance ce soir-là son nouvel EP “Adulte responsable”. Portées par leurs timbres de voix puissants et d’une impeccable justesse, souvent en harmonies très maîtrisées, les Blondes Naturelles sont drôles en plus d’être d’excellente chanteuses. Dans l’oreillette on me dira qu’il s’agit rien de moins que des enfants de Beau Dommage avec TLC.
Il y a quelque chose d’admirable dans ces formations qui donnent autant d’énergie dans de grands festivals (les filles ont eu la chance de participer aux Francos de Montréal l’été dernier), que dans des salles peu remplies. Pas besoin de pyrotechnie, de mise en scène de folie, ou d’invités spéciaux, quand on a cette énergie communicative. Les trois blondes donnent un très bon spectacle de musique, et d’humour.
Tout leur nouvel EP y passe. Les rimes sont le plus souvent cocasses, mises en valeur par des arrangements acoustiques guitare-ukulélé-kick, et quelques solos de melodica. Ainsi “dans les vapes” rime avec “de la scrap”. Une de leur chanson “Pénélope” parle très franchement d’une huile de THC et leur chanson “Ma lesbienne” veut rend populaire le mot “lesbienne” tandis qu’elles listent tous les synonymes de lesbienne et crient “ciseaux !”. Le titre homonyme de leur EP raconte combien elles ne sont justement pas des adultes responsables et fières de ne pas l’être.
Pour conclure leur concert, elle interprètent deux reprises de leur cru. “Baby… One More Time!” version “frappe-moi bébé encore une fois”, et “Tu ne sauras jamais” des BB, version stalkeuse d’homme. Ironie et rôles inversés, les Blondes Naturelles font passer des messages. Elles finissent par remercier le public, et même “ceux qui nous ont jugées” car “vous l’avez fait en silence” s’amusent-elles. “Ça rince !” me dit-on dans l’oreillette en sortant de la salle. Vous voilà avertis.
Texte et photos : Emma Shindo
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