Décibulles 2025 : un samedi plein de surprises avec Ditter et Franz Ferdinand

FESTIVAL – On y allait pour un groupe, on s’est retrouvé épatés par trois autres. Retours sur le samedi rock des Décibulles 2025.

On a du retard. C’est le moins qu’on puisse dire, puisqu’on revient aujourd’hui sur un festival fini il y a déjà plus de deux semaines. On a des excuses. Au pluriel, oui oui. On vous passe les détails, qui incluent dans le désordre des cartons, une plainte, beaucoup trop de coups de fil, un wi-fi inexistant… Bref, focalisons-nous sur le positif : le samedi 12 juillet aux Décibulles.

Arrivée à fond les ballons à Décibulles

On y allait pour les Viagra Boys. Il fallait effacer le très mauvais souvenir de leur concert à La Laiterie (dont on n’a jamais parlé ici, tellement on est resté trauma par la soirée). Pas la faute du groupe, mais plutôt de son public et d’une sécurité désastreuse. Un des rares concerts (si ce n’est le seul), où on s’est senti en danger. Et on se devait donc de les revoir dans de meilleures conditions. Mais avant eux, pléthore de groupes à écouter. On arrive sur Almost Rose, le groupe gagnant du tremplin. Electro-funk disco band, d’après leur bio et tout est vrai. Pas de meilleur moyen que d’arriver sur leur son et dans l’ambiance colorée qu’ils ont amenée avec eux. Ballons roses, fans sautillants, on est chaud pour la suite !

Et la suite, c’est le duo Ko Ko Mo. Cinq ans (six ?) qu’on n’était pas allé les revoir sur scène. Et toujours aussi décoiffants, voire plus. On y retrouve l’effet stade, la folie Led Zep, la reprise de Depeche Mode, tous les ingrédients qui nous séduisaient déjà à l’époque. Mais démultipliés. Ko Ko Mo est le genre de groupe que tu kiffes pour leur musique psyché électrisante, mais aussi parce qu’ils dégagent un truc foncièrement sympa. Les sourires, les regards, la joie, ça compte très très fort. Le message de Guthrie repris sur la guitare “This machine kills fascists”, ça aussi, ça compte. Et puis ils autorisent les photos pendant tous les sets, et ça c’est toujours la preuve de groupes cools. Une somme de “petites” choses qui laissent finalement entrevoir des valeurs qu’on aime, en plus d’une musique sur laquelle on adore taper du pied. La barre est haute.

Ditter, le coup de cœur des Décibulles 2025

La suite, c’est Olivia Ruiz. L’artiste qu’on a suivi il y a fort fort longtemps dans le programme qui l’a révélé, dont on a ensuite entendu les tubes partout à la radio, mais avec qui ça en était resté là. Intéressant de la voir donc sur scène après tant d’années. Sa présence scénique est incroyable. Corps tendu tout entier tourné soit vers le public, soit vers ses musiciens. Sauts et petits pas de danse dans lesquels transparaissent toujours ses origines hispaniques. Et cette voix si reconnaissable. Même si musicalement, son concert ne sera pas celui auquel on accrochera le plus, il faut reconnaître qu’on a beaucoup apprécié d’entendre ses titres les plus connus, mais remaniés profondément. Une bien belle manière pour Olivia Ruiz d’offrir à un public de festival ce qu’il attend, sans trahir ce qu’elle est devenue.

On file du côté de Ditter sur la petite scène pour découvrir un trio français explosif. Dans le désordre, avec eux on a pensé à : Terror Pigeon pour la joie que ce set nous a apporté, The Dø côté voix un peu pop, Soulwax pour l’efficacité electro, une tripotée de groupes post-punk pour l’énergie et l’engagement sur scène… On parlait de joie avec Ko Ko Mo, même chose ici. L’envie de sauter, danser, slamer est immédiate, mais cette fois-ci sur des thèmes de société ultra-actuels. Ditter chante aussi bien le burn-out et le consentement, et nous on évacue cathartiquement tout ce que notre corps peut évacuer par le mouvement. La découverte de la soirée.

Franz Ferdinand, le set qu’on ne pensait pas aimer autant

On enchaîne très rapidement avec Franz Ferdinand. Pas le temps de se remettre de ses émotions qu’on se retrouve devant Alex Kapranos et sa bande. Je fais partie de cette team qui s’est contentée d’écouter encore une fois les tubes des deux premiers albums et basta. Jamais cherché plus loin, tant Arctic Monkeys attirait toute mon attention à la même époque. Mais comme il n’est jamais trop tard pour réparer une erreur… Quelle claque. Mais c’est que ça bouge, que ça joue très bien et que ça assure un set sans lasser, en fait ! J’aurais dû me douter pourtant, de la part d’Ecossais…

Chez eux aussi, on retrouve cette joie communicative qui fait tant de bien. Alex Kapranos a l’air super heureux d’être là, il joue sans cesse avec le public, le faisant s’assoir d’un geste, sauter, chanter, taper des mains, le tout entre deux sauts. Il conduit son set l’air de rien avec la puissance d’un maestro et la facilité d’un grand habitué. Du pit ou de l’arrière de la fosse, l’énergie est la même pour tous les spectateurs des Décibulles. C’est jouissif et on reconnait sans problème avoir vécu dans l’ignorance pendant plus de 20 ans. On retournera voir Franz Ferdinand, c’est dit.

La Suède impeccable

Finalement, on est venu pour Viagra Boys mais difficile pour moi d’enchaîner avec eux. Le style est si différent. Et pourtant, le set n’est pas loin d’être impeccable. Sebastian Murphy est dans un très bon jour, jouant avec le public, passant de son image de mec un peu distant derrière ses lunettes noires à un mec qui harangue la foule et vient s’y frotter. Je suppose que les gens venus là sans les connaître ont dû être étonnés par ce mec en jogging, tatoué jusqu’au front, enchaînant les bières le bide à l’air. Il tranche sans nulle doute avec le reste de la programmation plus familiale.

Mais si l’image convoque son lot de clichés post-punk, musicalement, ce qui les fait sortir du lot reste les intrusions de saxo ou de flûte dans leur set. Le concert ira crescendo et on finira par enfin y rentrer complètement (peut-être grâce au coup de chaussure massive reçu dans la tête lors d’un slam), à peu près vers “Uno II”, chanson écrite du point de vue du chien de Murphy. Le final avec “Sports” et l’incroyable “Research Chemicals” issu de leur premier EP montrera l’étendue de la carrière des Suédois travers leur setlist, tout en clôturant sur des pompes sur scène de Murphy et un énorme slam du clavier dans le public. Épique.

On reste jusqu’au bout pour Kompromat, le duo mi-Sexy Sushi mi-Vitalic. Pas grand chose à dire sur leur set full son et lumière, trop calme pour m’aider à résister à la fatigue. Mais on salue Rebeka Warrior et son tour dans le public, qu’on appréciera de loin avec une gaufre en main, tout en pensant à la future édition de Décibulles l’an prochain !