Albert Jung, mélancolie et chansons tristes

LIVE REPORT – Dans la cale d’un bateau, un tabouret, deux guitares et une voix : celle d’Albert Jung. Un concert intime et intimiste.

Je répète souvent qu’à Strasbourg, il me manque une chose : les concerts de folkeux. Et j’y vais de la description de mon concert idéal, assise dans un coin obscur à écouter chanter un mec seul avec une guitare (éventuellement un piano), sur des chansons tristes parce que les chansons joyeuses, ça va bien cinq minutes mais la légèreté est trop éphémère. Et l’automne n’est pas à la légèreté. Surtout quand les feuilles s’amoncellent et que la pluie tombe. Quand tout nous tire vers le bas, se laisser au sol pour écouter des chansons tristes est, croyez-moi, la meilleure solution.

Bref, il ne me manque plus vraiment grand chose maintenant que ma route a croisé celle d’Albert Jung et que des concerts comme celui d’hier soir ont lieu dans ma ville. Imagine une cale de péniche, très sombre. Une scène, petite. Un tabouret, deux guitares, un micro. Des lumières discrètes, un fond rouge sombre. Et le silence. Le concert parfait peut commencer.

La musique mise à nue

Les titres d’Albert Jung s’enchaînent, délivrés dans leur plus simple appareil, nous laissant tout le loisir de savourer chaque note et chaque mot. Le respect du public confine au recueillement. Il est bienvenu, notamment pour les chansons de The Folk’s Dogs Tape, enregistrées dans l’église Saint-Guillaume et dont la B side est tout juste sortie. Entre hommage à un ancien professeur de guitare (“The Flying Guitar Player”) et point de vue canin sur une rupture (“Animal Trust”), les thèmes restent ceux que l’on connaît, universels. L’amour, la mort, la rupture.

Si Albert Jung confesse choisir la facilité en écrivant des chansons tristes plutôt que joyeuses, je m’oppose fortement à cette idée (et je ne suis pas la seule). Et il suffit d’écouter ses chansons en français pour s’en rendre pleinement compte. Il est tout sauf facile de faire sonner les mots dans notre langue, encore plus pour exprimer une mélancolie ambiante qui nous touche tous en ce moment. Albert Jung le fait pourtant avec toute la grâce et la poésie qui le caractérise. Et avec cette voix, d’une profondeur et d’une sincérité qui nous laisse, nous, sans voix.

Et sans autres mots que ceux-là. Le mieux est encore, et toujours, d’aller l’écouter où vous pourrez. Et d’attendre patiemment que sorte son album, prévu pour… bientôt.