On a vu : “Carol” de Todd Haynes
Carol, le dernier long-métrage de Todd Haynes, nous a conquis. Un casting de rêve (Cate Blanchett, Rooney Mara, Sarah Paulson, Kyle Chandler et même une furtive apparition de Carrie Brownstein), une histoire romantique mais surprenante, et tout ça à une époque qui place l’intrigue dans un contexte d’affirmation des libertés et des droits des femmes.
Carol (Cate Blanchett) est une belle femme d’une quarantaine d’années, issue d’un milieu aisé, mère d’une petite fille et en instance de divorce. Therese (Rooney Mara) est une jeune vendeuse dans un grand magasin de luxe, de condition simple et innocente devant les choses de la vie et de l’amour. Leurs chemins se croisent et tout de suite les coeurs s’emballent. Elles doivent alors faire face à leurs sentiments, les comprendre, les accepter, les exprimer. Rien n’est simple pour deux femmes amoureuses dans les années 1950 à New York.
De regards appuyés en road trip à la Thelma & Louise, leur amour évolue lentement mais intensément. Et puis, très vite, l’ex-mari de Carol (Kyle Chandler), toujours amoureux, s’en mêle et les relations se compliquent : on fait appel à la justice, à un détective et à une terrible “clause de moralité”. La maîtrise de soi de Carol s’effrite, parallèlement Therese prend de plus en plus d’assurance. Pendant un instant les rôles s’inversent presque. Et c’est aussi la force de ce film : rien n’est acquis, les personnages ont plusieurs facettes et échappent sans cesse au stéréotype.
D’aucuns diront que le film progresse lentement. Nous répondrons que c’est cette lenteur, assumée et revendiquée, qui fait de Carol un film doux et majestueux.
On lui reprochera peut-être la froideur de Cate Blanchett qui évolue tout en retenue. Mais le contraste avec le jeu de Rooney Mara, la jeune fille candide et naturelle, en devient plus éclatant.
Les costumes sont magnifiques, le New York des années 1950 féerique. Les mouvements de caméra, les plans, les couleurs, en somme tout ce qui concerne l’image est raffiné et délicat. L’élégance de Cate Blanchett fascine, Rooney Mara joue à la perfection l’innocence devenant sûre d’elle et affirmant ses choix. Un film à voir (et nous on irait même bien le revoir !).
Carol, de Todd Haynes, en salles en France depuis le 13 janvier.