Adieu, petit Prince.
J’ai pas encore digéré la mort de David Bowie. J’ai tous les jours la gorge serrée quand je regarde le tableau représentant Aladdin Sane dans ma chambre. Je n’ai toujours pas eu la force de réécouter Black Star. On est le 21 avril. La reine Elizabeth fête son 90e anniversaire. Le Prince, lui, n’ira pas plus loin que son 57eme. Je faisais une sieste quand mon téléphone se met à sonner non stop pendant cinq minutes. Cinq notifications m’informent du décès du chanteur. Trois messages : “t’as vu Prince?”.
Complètement dans le gaz, je m’extirpe du canap pour aller à la pêche aux infos. C’est pas possible, c’est une sale blague. Ok il avait la grippe mais il avait fait un concert trois jours après son hospitalisation d’urgence. Mais c’est vrai. Prince est parti. Il nous a abandonné pour rejoindre Bowie, Jackson, Brown. T’imagines les sacrées jam-sessions qu’ils vont se faire tous, là-haut pendant que nous, on a à subir tous les jours Bieber, Zayn et Maître Gims ? Enfin, le 21 avril. Ce jour-là, les chaînes d’infos se sont rappelées que Prince existait. Même qu’il a qu’une chanson, “Kiss”, qui passe encore et encore et encore sur BFM, ITele et LCI. Le gars a tout de même trente albums officiellement sortis. Ce 21 avril, on te fait venir des experts, (que des mecs t’as remarqué ?), on demande son avis sur la disparition à Nagui, à Ophélie Winter, à la ministre de la Culture qui déclare que “selon elle, Prince était un génie”. Merci, Azoulay, on sait, merci. On n’avait pas besoin de toi pour le savoir.
Je me rappelle que la première fois que j’ai entendu une chanson de Prince, c’était – attention moment un peu gênant – via Romeo et Juliette, c’était “When Doves Cry”. Je comprenais pas les paroles, j’étais bien trop jeune et bien trop nulle en anglais. Mais j’étais obsédée par cette chanson. C’est sur le tard que j’ai appris à apprivoiser les albums de Prince, je sais que je ne les connais pas tous, mais il y a trois que j’aime : Dirty Minds, Purple Rain et Controversy. J’aime ses riffs de guitares sexy et agressives. Les paroles ouvertement sexuelle qui cache des double niveau de lecture, les mélodies que crachaient les instruments qu’il maîtrisait tous. J’ai raté Prince en concert, je ne sais pas combien de fois, parce que je me disais : “c’est pas grave, je le verrai une prochaine fois, il fait plein de concerts”. Non, il n’en fera plus. Jamais. Je ne le verrai jamais. Encore un, qui nous quitte. Putain. 2016 va-t-elle nous prendre toutes nos légendes ?
En perdant Prince, comme Bowie, on perd un vrai artiste qui vivait pour la musique, par la musique. Un Artiste qui cassait les codes, qui disait merde à l’industrie musicale, qui créait des œuvres d’art avec ses titres, qui s’est réinventé, qui avait un temps d’avance sur tout, qui a fait danser, pleurer, et donner envie de baiser. Tellement d’envie. On le disait obsédé de sexe, il en parle beaucoup dans ses chansons avec une liberté et une subtilité qui n’existent plus aujourd’hui. Plus les années avancent et nos héros disparaissent les uns après les autres. C’est bête mais on a l’impression que les gars comme Bowie ou comme Prince sont éternel. Dans un sens, ils le sont, car ils nous ont laissés avec assez de musique pour vivre dans le creux de nos oreilles pendant des années encore. Voire même pour toujours. On aura les vieux vinyles, leurs pochettes défoncées et leur odeur particulière pour nous rappeler que, ouai putain, la musique c’était clairement mieux avant. Et que la musique pouvait être belle, intense, de qualité et qu’elle pouvait donner envie de danser, chanter, crier, pleurer et baiser en même temps.