Festival d’été de Québec jour 4 : Bellfl0wer, Maude Audet, Coeur de Pirate, Safia Nolin
MAUDE AUDET a la charge ce dimanche 10 juillet d’ouvrir la journée de concerts au Festival d’été de Québec, qui prend des airs de Glastonbury. Heureusement les rafales de vent sont moins violentes que la veille et un petit public résiste vaillamment aux agressions du ciel. La Québécoise propose de la jolie chanson française romantique à sonorité folk par instants. Elle est accompagnée par une batterie, deux basses (dont un violoncelle), ainsi qu’un vibraphone. Originale formation ! Maude est souriante et reconnaissante aux festivaliers restés pour l’écouter : “Je trouve que ma musique va avec la pluie” lance-t-elle amusée. Et c’est plutôt vrai, on s’étonne à se dire “à la prochaine je vais me mettre au chaud” tout en repoussant l’échéance chanson après chanson, “Nous sommes le feu”, “Je t’en prie”… Il y a quelque chose de magnétique dans la musique de Maude : sa voix aux tonalités enfantines ou ce son plein apporté par ses instrumentistes ? Les touches de vibraphone ? Celles du violoncelle ? En tout cas le charme opère et il ne pleut presque plus.
On retrouve quelques minutes plus tard SAFIA NOLIN, que l’on a eu la chance de voir déjà la veille dans un Impérial Bell plein à craquer. Encore une fois, le public a répondu présent en nombre et se montre admirablement attentif face à Safia et Joseph, son acolyte à la guitare électrique. En les écoutant parler entre chaque chanson, on entendrait presque un duo de comiques, ils nous font rire : le beau serveur qui a fait un coeur raté dans la tasse de Safia, sûrement dû au lait de soja, le grand lit de sa chambre d’hôtel qui lui donne le sentiment d’être riche et puissante, le baptême auquel ils ont assisté et qui fait revenir le soleil (“merci bébé Jésus”)… Ils n’en manquent pas une. En tout cas, l’entente est là et ça s’entend. Leurs deux guitares entrent dans une communion où acoustique et électrique se fondent. Dessus, Safia pose sa voix, et nous raconte des histoires tristes. On adore. Le plus ? Un rappel avec sa reprise en guitare-voix de Céline Dion, “My Heart Will Go On”. Culotté et sacrément bon.
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BELLFL0WER c’est bien du monde sur scène : 8 personnes. 8 musiciens qui expérimentent toutes les facettes d’un spectre sonore planant, mêlant folk, pop, jazz et électro. Deux voix féminines, et 6 garçons derrière, multi-instrumentistes (piano, guitare, saxophones, flûte traversière, trompette… et un magasin d’accessoires de percussions sur le devant de la scène). Imaginez la palette de sons superposés, telle une savante portée de symphonie classique, millimétrée au demi-soupir près ! Les instruments se mêlent et se démêlent, toujours très minutieusement, sans faire d’éclat. Forcément on pense un peu à Portishead dans “Baby”, mais aussi à London Grammar pour le côté lyrique du duo de voix d’Em et Kath qui nous subjuguent sur “Sign” ou encore “Hunter” avec ce voile cotonneux de piano et de cuivres qui montent paisiblement en intensité. Les Montréalais présentent là The Season Spell leur deuxième album sorti au printemps, que l’on vous conseille d’ailleurs fortement. Même si, entre nous, entre l’album et le live, le fossé est large, et on ne saurait que trop vous inciter à les voir en live car qu’est-ce que c’est bon ! Sincèrement on en prend plein la vue, et plein les oreilles. Pour nous, c’est définitivement la claque du festival so far !
Direction les Plaines d’Abraham pour le grand son et lumière de CŒUR DE PIRATE. On a ouïe dire que plusieurs invités feraient des apparition, on est curieux de voir ce que cela donne en live. Premier étonnement, la demoiselle porte un justaucorps vert à paillettes avec des larges et vaporeuses manches en sorte de stuc, qui se meuvent avec le vent. Béatrice Martin vise désormais aussi sur des chorégraphies mi-yoga, mi-kung-fu, mi-diva derrière son micro. Son piano à queue fait un peu figure de meuble-décoration. Pourtant quand elle le rejoint, c’est toujours mieux : “Francis” et “St-Laurent” sont interprétés tout en finesse et c’est bien joli. La Québécoise, à fleur de peau, ne cache pas sa joie d’être là ce soir, les yeux embués à chaque salve d’applaudissements. C’est Alex Nevsky le premier qui vient la rejoindre sur son tube “Pour un infidèle” avant que tout deux se lancent dans “Polaroid” du chanteur-interprète québécois. Malheureusement elle se fait voler la vedette par ce-dernier, dont la voix couvre entièrement la sienne. On a plus l’impression que les invités successifs (Milk & Bone, Loud Lary Ajust et Les Trois Accords) sont là pour étoffer le show (et faire de la promo ?) tant Béatrice ne semble pas savoir que faire et où se mettre en leur présence. C’est seulement après que débarquent les danseurs, dans un joyeux bordel peu-synchronisé, sur fond de colombe qui vole en slow motion. Très très étrange. Était-ce nécessaire ? On se demande sincèrement quelle est la plus-value de tout cet attirail, d’autant plus que le public semble décrocher lors de ces séquences pseudo-artistiques. On restera sur une note positive avec la superbe “Place de la République” en piano-voix, qui nous a beaucoup émus. Comme quoi, less is better.
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Photos : Emma Shindo (sauf Coeur de Pirate © Renaud Philippe)