Rencontre avec Julien Doré (Ricard SA Live)
Ca commence par un lundi matin. Une interview à caler pour le soir même. Un peu la course pour choper les contacts, et puis on s’arrange avec « on avisera sur place ». Ok. Le sur place en question c’était à la soirée de lancement de la tournée Ricard S.A Live, vous savez cette tournée qui regroupent trois groupes qui pendant un mois vont traverser la France et donner une série de concerts gratuits et en plein air. Cette année, les promoteurs de la tournée sont Julien Doré, et nos rockers belges préférés : Puggy. Déjà l’affiche est top, mais là où on est vraiment contentes c’est quand on voit que la première partie de ces shows seront assurés par nos copains Namasté, puisque c’est eux qui ont gagné le concours Lance-Toi en Live (OH YEAH on a envie de dire à ce moment-là). Mais, nous nous égarons.
Arrivées sur les lieux à 19h. On nous explique le déroulement de la soirée : Monsieur le Président parle, une journaliste aux cheveux blonds et au look d’enfer présentera la tournée, un petit film sera diffusé, et en enfin les artistes joueront un petit set. Vraiment petit puisqu’il n’y aura que deux chansons par groupes. Attente, boissons, attente, boissons, beaucoup de bonjour polis, d’embrassades aussi (parce que dans la Musique, tout le monde s’aime oui!), puis on nous dit que finalement l’interview se passera après les mini-sets.
Interview de qui ?
De Julien Doré. Certains se moqueront, d’autres auront le sourire niais aux lèvres. Vous le savez, moi j’ai beaucoup d’admiration pour ce bonhomme, que j’ai découvert comme toute la France avec la Nouvelle Star. Enfin il y avait dans une émission de télé-crochet un Artiste avec une véritable identité capable de s’accaparer n’importe quelles chansons de n’importe quel répertoire pour en livrer une version personnelle qu’on penserait presque originale. La suite on l’a connait. Il gagne, sort un premier album Ersatz, remarquable au passage. Je m’arrête un moment dessus d’ailleurs. L’album est sorti il y a déjà quelques années, et j’ai honte de le dire, mais je l’avais presque oublié sous ma pile d’album.
Petit aparté
Ressorti ce week-end donc. Nouvelle écoute d’une oreille presque vierge. Redécouverte. Sourire. Il était vraiment bon cet album, parce qu’il y a une patte personnelle, un côté léger « je-ne-me-prends-pas-au-sérieux », et des textes vraiment bons. Un côté un peu folk parfois, rock et chanson française. Un mariage souvent très périlleux qui n’est pas toujours une très bonne réussite. Pourtant, là ça marche. La preuve : il s’est vendu 300 000 exemplaires d’Ersatz, et le garçon remporte au passage une Victoire de La Musique. Reconnaissance du monde pro donc.
Entre Bichon et cet album il s’est écoulé pas mal de temps. Mais, le garçon ne s’est pas reposé sur ses lauriers puisque d’autres activités sont venues s’ajouter à son emploi du temps déjà chargé. Débuts au cinéma. Bande Originale de Film. Puis enfin arrive Bichon, un album décrit comme « joueur avec les enfants qu’il est doux avec les personnes âgées. Il est à l’aise dans un appartement ou dans un jardin. Il est capable de s’adapter à toutes les situations ». Un premier single : “Kiss Me Forever“.
Bichon ? Euh Julien, tu aurais besoin d’affection ?
« Oui comme toute personne j’espère. En fait non, c’est juste le nom qui me faisait rire, et c’est pour ça que j’ai appelé mon album comme ça. J’aime bien le mot. C’est différent de ce que raconte le disque. C’est ma manière de déconnecter l’album du sens direct des chansons. Le mot peut preter à sourire, mais c’est aussi affectueux, la rondeur du mot ».
Donc pas si déconnecté que ça. Un nom de chien : côté bestial, mais un surnom affectueux, pour le côté doux : en somme c’est un peu les deux facettes de Julien dans cet album. Il chante des chansons d’amour, tout en utilisant des mots crus, des mots qu’on n’entendrait pas forcément dans les chansons mais qui étrangement passent assez facilement à l’oreille. ‘est de ça qu’il s’agit dans Bichon : l’Amour. Toutes les facettes de relations amoureuses : des fantasmes aux problèmes de couples, des phases douces aux crises passagères. Nouveauté donc. Là ou Ersatz partait un peu dans tout les sens, Bichon est construit sur un fil conducteur. Plus que la voix aussi, on retient les textes qui ne sont pas simplement chanté, mais aussi parlé (un peu parfois à la manière d’un Benjamin Biolay ou d’un Arnaud Fleurent-Didier).
Julien Doré joue avec les mots et leurs double-sens. Parfait jongleur de la langue française donc, il n’oublie pas non plus d’où il vient, et que c’est en anglais qu’il a commencé à composer. D’ailleurs, dans l’édition collector on retrouve cet EP avec des titres exclusivement écrit en anglais. Un retour à la source ? « C’est un reflet de chanson que je peux écrire facilement pendant les tournées. Je le fais déjà avec Dig Up Elvis, c’est un peu une vie parallèle ».
Un “Futur empreint de codes du passé”
De la pochette de l’album au clip, en pensant par les compositions et les featurings tout nous laisse penser que Julien s’est perdu dans le temps. Aurait-il fait un voyage dans le temps, direction les années 70 ? « C’est des images du passé, des choses qui m’ont nourri quand j’étais ado. Ça m’a construit, ça m’a nourrit, donc oui c’est vrai je me sens plus à l’aise avec ces gens-là qu’avec les gens de ma génération. C’est vrai que c’est bizarre…Je ne le vis pas très bien d’ailleurs cette envie de vouloir vivre dans un temps ou l’on ne vivra jamais. C’est étrange et on se sent un peu perdu dans la notre. »
Interviewer Julien Doré, c’est comme faire un retour dans le passé : il nous parle des années 70 avec un air un peu nostalgique, sans même y avoir vécu. Le regard fuyant et un peu fatigué aussi, il se laisse partir au fil de sa pensée. Il nous parle de l’esthétisme de ces années-là, ou “tout était plus beau, et plus simple. On pouvait se détester, mais ce n’était pas empreint de vulgarité“.
Sabine Swann Bouchoul
(Les photos sont celles de LaBlonde donc, et la totalité de la série de clichés sur la Conférence de Presse Ricard SA Live sont à retrouver ici).