On y était : Neeskens et Roly Berrio au New Morning
LIVE-REPORT – Le New Morning accueillait Neeskens et Roly Berrio pour un concert particulier où sonorités cubaines et pop folk se sont mélangés, le temps d’une soirée.
Entre Roly Berrio et Neeskens, a priori aucun point commun. L’un est Cubain, l’autre est Français. Le premier a eu une musique chaude et enveloppante, aussi sucrée qu’un cocktail fruité. Le second vient plutôt du froid. Les montagnes enneigées et des mélodies mélancoliques et planantes. Le rapport entre les deux ? La musique. Simplement. On dit que c’est un langage universel, la musique. Qu’elle transcende les frontières, qu’elle se partage autour de rencontres plus ou moins fortuites. Le New Morning était l’occasion de sceller et célébrer trois ans d’échanges franco-cubains imaginés par ACCEDES. Actores Culturales Cubanos en el Desarollo. En espagnol dans le texte.
Ce projet a mis en relation des acteurs du journalisme, de la musique, du blogging. C’est dans ce cadre-là que c’est fait la rencontre entre les deux musiciens. L’un est allé à Cuba, puis l’autre l’a ensuite rejoint en France. C’est au New Morning qu’on a pu voir le résultat de ce mélange de culture que tout oppose.
Ça commence comme un concert ordinaire. Neeskens ouvre le bal avec un set un peu différent des précédents, mais toujours accompagné de ses fidèles compagnons de scène. Logique, le temps passe, les chansons changent et les anciens titres ont laissé place aux plus récents : “World Is On Fire”, “Wolves”, “Where The Bridges End”, “Back into the light” sont là. Les classiques n’ont pas tous disparu : “Jesus Is A Horse”, ” Groenlo” font encore parties du set, histoire de ne pas tout débousculer tout de même. Et puis, entre ces chansons que nos oreilles commencent à connaître, une toute nouvelle fait son apparition. En français, cette fois. Neeskens raconte qu’il a cette envie de chanter dans différentes langues. Et que le français et une réelle envie. Je t’avoue une chose ? J’étais un peu anxieuse.
La seule fois qu’on l’a entendu performer dans la langue de Molière, c’était sur le plateau d’une émission de télévision. Tu vois de laquelle je parle, pas besoin d’en dire plus. C’était “La Légende de Jimmy”, et c’était plaisant. Même très beau à écouter, il faut l’avouer. Cette fois, c’est une chanson à lui et elle s’appelle “Elle finit quand”. Les arrangements sont folks et sans fioritures, le texte à améliorer mais on ne s’improvise pas Benjamin Biolay dès le premier essai. Toutefois, c’est prometteur. On attend désormais la chanson en arabe. C’est une autre de ses envies pour le futur, dit-il. Je trépigne d’impatience.
Bienvenido a Cuba
Roly Berrio et ses musiciens s’inviteront pour quelques titres donnant une autre atmosphère à l’univers de Neeskens. Le mélange est étrange pour l’oreille au départ, mais pas déplaisant. Au contraire, cela fonctionne. Plus tard, quand c’est au Cubain de chanter, les rôles s’échangent. Je n’avais aucune idée de qui était Roly Berrio avant d’entrer dans le New Morning, cette salle à l’ambiance d’une autre époque. Je découvre un homme attachant dont la tête doit être habitée par au moins quatre personnes. Ca me plaît. Il me rappelle à quel point j’aime la musique sud-américaine. Et la langue espagnole. La langue la plus sexy du monde, j’aime l’appeler.
Il y a dans les sonorités de cette partie du monde, ce mélange de chaleur, de tragique, de moiteur et de sensualité que seuls les musiciens de ce beau continent arrivent à marier avec talent. Cuba est un pays à part. De cette île, on ne connaît, finalement, pas grand chose. La carte postale musicale offerte par Roly Berrio, ce doux-dingue, était exquise. Merci pour ce dépaysement, ce voyage de l’autre côté de l’Atlantique.
Texte : Sabine Bouchoul | Photos : Emma Shindo
A LIRE AUSSI
>> Neeskens : “La meilleure façon d’être dedans, c’est de se mettre la pression”