On a vu “Live by Night” de Ben Affleck
CRITIQUE CINÉ – Après Argo, le retour de Ben Affleck derrière la caméra était attendu par beaucoup. Avec l’adaptation de Live by Night de Dennis Lehane, l’américain livre un long-métrage mitigé.
Je suis une grande aficionada des films de gangsters. Comme beaucoup d’entre nous, ce monde sans foi ni loi me fascine, sans que je puisse réellement l’expliquer rationnellement. C’est donc avec grande hâte que j’attendais la sortie de Live by Night, long-métrage d’un peu plus de deux heures adapté d’un roman de Dennis Lehane, produit et réalisé par Ben Affleck… avec Ben Affleck. Affleck avait déjà adapté Gone Baby, Gone du même auteur, également connu pour Mystic River et Shutter Island, également adaptés au cinéma.
Un vétéran hors-la-loi
Je n’ai rien contre Ben Affleck, que beaucoup semblent avoir renié depuis l’épisode Batman. Je l’ai toujours trouvé convaincant, bien que rarement touchant (oui, Argo était bien, mais pas transcendant). Dans Live by Night, Ben Affleck endosse le rôle de Joseph Coughlin (Joe), un ancien soldat américain, qui a combattu pendant la guerre 1914-1918, devenu hors-la-loi à son retour à Boston (ville phare de la cinématographie des Affleck) dans les années 1920. Le film débute d’ailleurs avec un fondu de vieilles photos sépia des tranchées, alors que le timbre de voix reconnaissable de Ben Affleck se fait entendre ; assez scolairement, on comprend qu’il a perdu toute foi en l’humanité à la suite de son expérience de la guerre. Il annonce “ne plus vouloir obéir à un seul ordre de sa vie”, philosophie qui semble l’avoir alors poussé vers le banditisme.
Du nord au sud de l’East Coast
Live by Night suit le parcours et l’ascension de Joe dans le monde de la mafia de la côté Est des États-Unis pendant la Prohibition, de Boston à Tampa. Fils d’un sévère commissaire de police à Boston, Joe vit de braquages et aime à préciser qu’il n’est pas, ou ne sera jamais, un gangster. Il est néanmoins approché par la mafia italienne et irlandaise, et tombe amoureux d’Emma (Sienna Miller), maîtresse théâtrale d’Albert White (Robert Glenister), le chef de la pègre irlandaise. Après un braquage raté, tout ça tourne mal : Albert White apprend qu’il est cocu et se venge en exécutant Emma, puis en livrant Joe à la police. Il n’est mis au trou “que” trois ans, grâce au chantage de son père sur le juge. Les mœurs… Dès sa sortie, Joe n’a alors plus qu’un but en tête : se venger d’Albert White. Et pour cela, une solution : se mettre au service de Maso Pescatore, parrain de la mafia italienne, ennemi juré de White. Il est envoyé à Tampa en Floride pour s’occuper du business de rhum, illégal mais extrêmement lucratif, de la famille Pescatore. Il y retrouve Dion, un de ses hommes de main, le très convaincant Chris Messina.
Un scénario trop gargantuesque
Pas facile de te résumer Live by Night en quelques paragraphes. Le spectateur suit de près la vie professionnelle et personnelle de Joe, entre alliances avec les Cubains de Tampa (Zoe Saldana), l’ambiance “sudiste” de la Floride, le développement de ses activités via la construction d’un casino, la relation ambiguë avec le chef de la police Figgis (Chris Cooper), les altercations avec le Ku Kux Klan qui voit d’un mauvais œil l’installation d’un temple du jeu et de la débauche sur sa côte, en plus de l’alliance que Joe a formée avec les “nègres”, sans oublier l’épisode Loretta Figgis (Elle Fanning) devenue grande prêcheuse catholique… Il y a beaucoup de pistes intéressantes exploitées dans ce film. Beaucoup trop, malheureusement. Car bien souvent, elles sont sous-exploitées : les personnages secondaires sont judicieusement introduits dans le récit, avant d’être subitement archivés. Les ponts entre les scènes sont de plus en plus courts, et bourratifs. C’est un peu frustrant. Le scénario manque de rythme, malgré quelques séquences explosives (la confrontation finale dans l’hôtel est dingue !).
Esthétiquement, Live by Night est un long-métrage soigné. La lumière est impeccable, les décors éblouissants, l’image également, comme bon nombre de grosses productions américaines. Les bastons, représailles, et autres scènes typiques de gangsters sont efficaces. Les années 1920 sont plutôt fidèlement restituées, à coup de costumes en lin trop grands, de trenchs, de panamas à gogo et d’automobiles clinquantes. Mais Live by Night manque d’âme et de sincérité. Tout est beau, tout est lisse, tout est un peu long, tout est un peu fourre-tout. Ce qui est bien dommage, vu que tous les éléments étaient réunis pour en faire un nouveau Gangsters of New York ft. Gatsby.
► Live by Night de Ben Affleck, en salles. Avec Ben Affleck, Zoe Saldana, Chris Messina, Sienna Miller, Elle Fanning…
À LIRE AUSSI :
Gangsters, schizophrénie et tea time, 5 bonnes raisons de courir voir “Legend”
5 bonnes raisons de regarder “Peaky Blinders”