“Bury The Hatchet” de Jay-Jay Johanson : toujours plus sombre, toujours plus captivant
CHRONIQUE – Le prolixe crooner Jay-Jay Johanson revient avec “Bury The Hatchet”, un nouvel album brumeux imprégné d’une massive dose de mélancolie.
La lamentation d’une trompette, la mélancolie d’un piano et une batterie jazzy. Bury The Hatchet le onzième album studio du Suédois Jay-Jay Johanson fait du bien, en cette rentrée morose. Treize titres composent le nouveau LP de l’artiste, jamais à court d’imagination. Treize humeurs, d’une prodigieuse noirceur, entre fragilité et fausse-nonchalance.
Mille et un états d’âme
Dès “Paranoid”, Jay-Jay Johanson nous attire dans les entrailles d’un album cinématographique où les sentiments (les regrets surtout) sont omniprésents. Que ce soit avec des instrumentistes ou seul au piano (“The Girl With The Sun In Her Eyes”), le crooner suédois nous fait passer par mille et un états d’âme. Avec le titre éponyme de l’album, “Bury The Hatchet” on s’imagine affalé dans un large et confortable canapé, lumières tamisées, velours au mur. Tout près, un piano à queue et cette mélodie sensuelle qui s’en échappe. Jay-Jay Johanson y chante le pardon, la réconciliation. “November”, sa basse chaloupée, ses accords de guitares négligés et son clavier rétro nous emmènent dans un sous-sol moite à l’atmosphère étouffante, où des couples s’enlacent et se meuvent langoureusement en collé-serré. Ultra sexy, “You’ll Miss Me When I’m Gone” pourrait très bien porter la royale étiquette de “générique James Bond”.
Le piano-roi
Plus candide en apparence, on aime beaucoup “Advice To My Younger Self”, série de conseils que Jay-Jay Johanson donne à un Jay-Jay Johanson enfant : ne pas être si timide, traîner avec un mec dangereux, dire la vérité, dormir à la belle étoile, ne pas écouter ceux qui disent que les grands garçons ne pleurent pas… “I regret the things I never did but don’t regret what I should not have done. I learned a lot from my mistakes, they even made me stronger” entonne-t-il, tandis qu’en-dessous le piano cavale en arpèges. À la fin, la caisse claire fait une petite apparition, rythmique boléroresque tandis que les accords ne sont plus que pulsations scolaires.
Ce piano cotonneux et souple, ce piano qui revient dans quasiment tous les titres est à nouveau ce liant, cet élément clé dans la musique de Jay-Jay Johanson. Un instrument-expérience (“From Major To Minor”), soliste et percussif. Un piano dissonant et dérangeant dans “Snakes In The Grass”, groovy et syncopé dans “Wreck”. Un instrument qui permet au Suédois de tout tenter, tout oser (“Nightmares Are Dreams Too”). En petit bonus, Jay-Jay Johanson invite Lucy BelleGuthrie des Cocteau Twins pour “Rainbow”, un duo coloré et fantaisiste très Valérian-style.
Avec Bury The Hatchet, Jay-Jay Johanson nous emmène dans les limbes de ses expérimentations musicales. Il nous offre un très bel album au spleen mielleux et à noirceur envoûtante.
En concert le 22 novembre à l’Alhambra.
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