Feu! Chatterton embrase le public à La Laiterie
LIVE REPORT – Troisième passage à Strasbourg pour Feu! Chatterton. Un territoire hautement conquis dans une Laiterie pleine à craquer et chauffée à bloc.
La première partie est assurée par Blondino. Accompagnée d’un unique musicien, la blonde et filiforme artiste a sorti, après son album l’an dernier, un EP nommé “Loveless”. Sur scène, elle déambule doucement, vogue sur ses chansons, n’a pas l’air de s’y plonger pleinement. Cet air de ne pas y toucher, d’être là mais pas trop, me déroute. Et sans que je me l’explique, c’est à la Zazie des débuts que je pense. Quelque chose dans le timbre, quelque chose dans les mots, surtout dans “Bleu”. Après 30 minutes de concert, je ne me l’explique pas, mais je suis séduite. Ou hantée plutôt. Oui. Hantée serait plus juste.
Place à Feu! Chatterton. Tout a déjà été dit, ou presque, sur Feu! Chatterton. Renouveau du rock français. Rockeurs les plus lettrés de l’hexagone. Descendants d’Higelin et de Bashung… En 7 ans et deux albums, ils se sont imposés en leader d’une scène rock en français. Tout a été dit.
Poésie rock pour public averti
Je n’aime pas le rock en français. Mais force est de constater qu’en terme de français, le groupe Feu! Chatterton survole la scène actuelle. C’était le cas avec le précédent album, c’est le cas dans les nombreux nouveaux titres de “L’oiseleur” chantés ce soir. Des textes qui tiennent de la poésie, déclamés parfois plus que chantés, répétés, murmurés ou même entonnés par un public qui en connaît beaucoup par cœur. Oui, les spectres d’Higelin ou Bashung ne sont pas loin. Oui, cela peut encore surprendre, quand la tendance est plutôt à la pauvreté des paroles des chansons les plus populaires.
Pourtant, ce soir, La Laiterie est complète. Feu! Chatterton fédère. Alors bien sûr, on ne va pas se leurrer, malgré des âges très variés, on est plutôt sur un public Télérama. Je suis habituée à ce genre de public, j’en fais un peu partie. C’est le type de public qui apprécie ces mots. Mais ce n’est pas le genre de public le plus expansif. Du moins c’est ce que je croyais. Et c’est là qu’est finalement le secret de Feu! Chatterton.
Une scénographie de haute volée
Leur jeu scénique est la recette imparable pour embarquer avec eux l’ensemble d’une salle, peu importe le public. Bien sûr, il y a Arthur, dandy frontman qui concentre les regards et discute, séduit (“Seriez-vous tous prêts à faire l’amour dans la forêt avec moi ?”), et emmène le public “en haut de la dernière colline”. Mais Antoine, Raphaël, Clément et Sébastien ne sont pas en reste. Il suffit de se détourner quelques secondes d’Arthur pour comprendre que ce sont bien eux qui rendent tout possible. Les regards de connivence, l’énergie sans faille, dans les sauts, les mouvements, les sourires… La force, comme toujours dans ces groupes qui marchent, est dans le collectif. Le tout appuyé par une scénographie qui dénote des envies de grandeur. Grands panneaux mouvants et miroitants, grands dispositifs lumineux, tout construit et déconstruit des ambiances qui épousent parfaitement les titres.
Le concert, d’un peu plus d’1h30, se terminera par deux rappels. Le premier, très long, de 4 chansons, comme un condensé des possibles : de la belle “Souvenir” à la guitare sèche, à l’électrisante “Malinche”, qui aurait fait une parfaite conclusion. Le 2e rappel, réclamé à corps et à cri par l’ensemble d’un public refusant de bouger d’un poil, conclura le concert par “Sari d’Orcino”. Une façon de se promettre de se revoir, et d’entamer un doux réveil.
Je n’aime pas le rock en français. C’est donc que Feu! Chatterton ne doit pas tout à fait en être.
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