On y était : Julien Doré à l’Olympia
Julien Doré. Je pourrais lui vouer un culte. Riez de moi, j’en ai que faire, mais moi ce garçon, je le considère comme l’un des artistes les plus doués de notre génération à nous. Avec son univers à lui : poétique et décalé, entre le kitsch et le dandysme. Il était à l’Olympia (le quatrième de sa jeune carrière), pour deux heures de concerts de haute qualité durant lequel il ne s’est jamais économisé.Passons les détails de la première partie (Radiosofa) qui ne m’a pas emballé plus que ça pour s’occuper de la tête d’affiche. Décor cosy, façon plateau télé des années 70. La couleur est annoncée direct, Julien Doré et son orchestra nous fait un retour vers le futur durant lequel le public passe par toutes les émotions possibles : du rire aux larmes, de la gravité à l’hilarité.
On commence en douceur avec “Baies des Anges”. Voix grave, Julien Doré joue la carte de la sensualité sur le titre. Le cheveu est en place, la veste à paillette aussi, bien fixée sur les épaules. Ni l’un ni l’autre ne tiendront très longtemps, car l’animal ne reste pas en place, et ne se ménage pas niveau énergie. Il a même sans doute donné quelques sueurs froides au service de sécurité, lorsqu’il se met à grimper sur le balcon de l’Olympia avant de l’enjamber et de sauter dans la foule. Il est comme ça, Julien, complètement barré. Mais on le savait déjà.
Il alterne aussi chanson en français et en anglais, et qu’importe la langue, le public n’hésite pas à faire chorale derrière, comme sur le titre « Winnipeg ». D’ailleurs, ce public, rayonnant et de tout âge sera fortement sollicité pendant le concert : il sera prié de chanter, mais aussi de danser, et c’est à cœur joie que l’ensemble de la salle effectuera une belle chorégraphie des bras sur “Kiss Me Forever“.
Autre chose, à noter. Julien Doré peut chanter n’importe quelle chanson, même les plus absurdes et le résultat est le même : les rires se font d’abord entendre, mais tout le monde est emballé… C’est sans doute ce qu’on appelle le talent… Et le talent c’est de savoir tenir son public aussi pendant deux heures sans jamais l’endormir. Mission accomplie, parce que Julien Doré a manié sa setlist de manière parfaite, en alternant titre rock énergique, et ballades folk au ukulélé, et quelques surprises de tailles : Christophe, Julien Clerc ou les Waterlilies. On priait presque pour que Yvette Horner monte sur scène, mais la fameuse accordéoniste à l’Olympia ce soir était confortablement installée sur l’un des fauteuils de la salle et non sur la scène.
Entre les morceaux aussi, tout est parfaitement ficelé. Là, Julien Doré nous fait part de ses talents de comédien. Il nous fait une parodie de danseur classique affublé d’une couronne de fleur qui lui transperce le crâne (« si je saigne pendant le spectacle, rassurez-vous je ne suis pas Jésus…enfin j’ai presque marché sur l’eau»), et assure parfaitement les transitions toujours avec une pointe d’humour qui rend la salle hilare. Mais, Julien Doré ne fait pas que le pitre. Loin de là ! Et si c’est sur le ton de l’humour que la majeure partie du spectacle est assuré, c’est avec une émotion désarmante et sincère qu’il le finira. En pleurs sur le magnifique « Glenn Close », Julien terminera son concert en retenant ses larmes, comme si le garçon avait finalement eu une prise de conscience de sa présence à l’Olympia.
Pour clore le spectacle, Julien et ses musiciens descendront au milieu de la foule de l’Olympia, pour un dernier titre débranché. Une communion totale avec le public. Ce Julien Doré là, est manifestement irrésistible.
Un conseil donc, si vous avez l’occasion ne ratez pas le Bichon Tour. C’est un conseil d’amie.