Toutes ces petites choses qui manquent
BILLET D’HUMEUR – Serait-ce une déclaration d’amour à toutes ces petites choses qu’on déteste en concert et qui pourtant nous manquent ? Oui.
C’était en février dernier. Une autre vie. J’écrivais un billet sur le fait que je n’aimais plus les concerts. J’aime bien écrire et râler, partager les états d’âme sur la musique, les concerts, les albums. Je pleurais sur mon sort en disant que parfois, c’est relou les concerts. Et que pour tout un tas de raison, j’aimais de moins en moins m’y rendre. Ca, c’était avant. Avant le confinement, avant le pangolin maléfique, avant la crise sanitaire. Maintenant, je rêve de concert. Et je rêve de tout ce qui me rendais folle en concert.
Je rêve de ce monsieur beaucoup trop grand qui se met toujours, comme par hasard, juste devant moi. Comme une éclipse de lune, il cache la lumière de la scène.
Je rêve de ces sols de salle qui collent. Ils ont gardé la trace des gens passés, certes imbibés d’alcool, mais ils étaient là.
Je rêve de celui qui renverse la moitié de sa bière sur moi en faisant un pogo avec ses potes.
Je rêve des bleus sur ma peau, à cause de ce pogo auquel je n’aurais même pas participé mais qui aurait laissé un souvenir de ce concert, trois semaines après.
Je rêve du groupe qui fait une chenille en concert, même si c’est pour gruger des places et s’avancer près de la scène.
Je rêve de celui ou celle qui, tel un Spielberg du smartphone, filme tout le concert. Filmer risque de devenir un délit pénal généralisé dans quelques années, si on suit la tendance actuelle ! On ne sait jamais. On aurait dû en profiter.
Je rêve de ces personnes qui parlent trop fort. Même ceux qui gueulent “à poil” et celles qui confessent des “je t’aime” aux artistes. Et inversement. Les hommes qui crient “je t’aime“, les femmes qui gueulent “à poil“.
Je rêve de cette sono pourrie, parce qu’elle crache quand même de la musique en live.
Je rêve de cette salle bondée, surchauffée. Parce qu’on était ensemble et qu’on s’en foutait de se tenir à distance.
Je rêve d’un concert. N’importe quel concert. Même Aya Nakamura (non, c’est pas vrai, faut pas déconner).
Bref, je rêve du monde d’avant. D’aller écouter de la musique dans une salle de concert, avec des gens que je ne connais pas. C. Bukoswski disait : “Je ne déteste pas les gens. Je me sens mieux quand ils ne sont pas là.”. Je le disais souvent. Mais ç’était avant. Avant le confinement, avant le pangolin maléfique, avec la crise sanitaire. Maintenant, j’ai envie de dire, “je déteste les gens mais je me sens mieux quand ils sont là.”