Years and Years, la série coup de poing, bien trop d’actualité
RATTRAPAGE SÉRIE – On découvre, mieux vaut tard que jamais, l’excellente série britannique sortie en 2019, Years and Years. Six épisodes qui nous marquent pour un bon moment.
Years and Years est une série de Russell T. Davies (notamment scénariste et producteur du triptyque Cucumber, Banana, Tofu, ou de Queer as Folk) sortie en 2019 et diffusée sur la BBC. J’avais vu passer ce nom, à l’époque, sans tellement m’y attarder et puis récemment, j’ai eu envie de m’y plonger. Et là, c’est le choc. Dès les premiers épisodes, je suis complètement happée par la vie de cette famille anglaise, qui est précipitée au fil des ans dans un monde qui ressemble étrangement au nôtre et qui en est d’autant plus effrayant.
De la banalité du quotidien au monde apocalyptique
La série commence en 2019 et suit, le temps des 6 épisodes, 15 années de la vie des Lyons, une famille banale de Manchester. La Grande-Bretagne est en plein Brexit et voit l’émergence d’une nouvelle figure politique, Vivienne Rook (Emma Thompson). Alors que ce populisme politique gagne en ampleur, occasionnant des débats et divergences d’opinion chez les Lyons, qui restent pourtant unis, le monde s’écroule peu à peu (réélection de Trump, bombe nucléaire, effondrement des banques, violence envers les migrants, pandémie, technologie de plus en plus intrusive, réchauffement climatique, etc.). Le tout se fait si progressivement qu’aucun des personnages ne peut lutter contre l’apocalypse qui s’annonce.
La lente chute de la société présentée à l’écran, nous captive autant qu’elle nous rappelle notre réalité. Les années s’écoulant avec quelques ellipses temporelles nous permettent de voir venir la déchéance accélérée des libertés, et nous fait prendre conscience que les choses peuvent aller vite. Ce cataclysme est fascinant, autant qu’effrayant. Et c’est ce qui fait de cette série un bijou d’écriture et de réalisation.
Le juste équilibre entre catastrophisme et optimisme
Ce qui nous tient en haleine (et nous fait dévorer les 6 épisodes en une journée, oups) c’est à la fois l’accumulation des drames – que l’on n’imagine pas pouvoir être de pire en pire, et pourtant… -, mais aussi l’union de la famille Lyons, leur amour, leur espoir et leur optimisme. Bien que leur avis diverge, ils restent unis, s’entraident et finissent par prendre conscience qu’il faut agir.
On y croit, parce que cette famille c’est un peu nous. Il est facile de s’identifier, ou du moins de se sentir proche de cette famille simple, banale et hyper inclusive (des homos, un couple mixte et racisé, des enfants métis, une femme avec un handicap moteur, une mère célibataire, mais aussi des hétéros, des blancs, des plus ou moins riches, des plus ou moins pauvres, tout ça chez les simples Lyons). Aucun héros ou héroïne, ils ont tous des défauts, les rendant tout à fait humains et accentuant plus encore le réalisme de la fiction. Et c’est aussi une grande part de l’optimisme de cette série : il n’est pas nécessaire d’être un superhumain pour renverser un système qui ne rend pas le peuple heureux.
► A l’heure où nos libertés sont réduites à néant par un pouvoir quasi totalitaire, où le gouvernement a de moins en moins de contact avec la réalité du peuple, où les plus riches s’enrichissent toujours plus, et les plus pauvres s’appauvrissent, Years and Years nous fait l’effet d’un coup de poing. On est déjà en plein dedans. Riche en émotions et incitant à la prise de conscience, Years and Years est série qui donne des idées de révolution !
Years and Years, avec Emma Thompson, Russel Tovey, Rory Kinnear, T’Nia Miller, Anne Reid, Jessica Hynes, Ruth Madeley. Disponible sur Canal +.