Les royaumes minuscules de Voyou au Pelpass Festival
LIVE REPORT – Voyou à Strasbourg, c’est enfin chose faite grâce à Pelpass, avec un concert good vibes pour ce premier jour de festival.
Pour le voir, il nous fallait aller le croiser à Besançon, à Nancy, à Paris, à Montréal. Il nous tardait d’accueillir enfin Voyou en terres strasbourgeoises, curieuses de l’accueil qui lui serait réservé. Quelle plus belle occasion que cette première journée au Pelpass Festival, sous le grand chapiteau de ce festival qui sied à l’univers coloré et joyeux de Thibaud Vanhooland. Une occasion rêvée de découvrir Les Royaumes Minuscules, dernier album en date sorti au mois de février.
Voyou au grand cœur
On le connaît, le pouvoir de Voyou. Il était déjà à l’œuvre dans Les bruits de la ville, mais a fleuri encore davantage dans Les Royaumes Minuscules. Tu le sais, ici, on aime les chansons tristes. Et il y a beaucoup beaucoup d’artistes qui maîtrisent l’art délicat de la chanson triste. Mais très peu le font de façon joyeuse. Voyou est de ceux-là. C’est une véritable gageure que de parvenir à écrire des chansons en français aux thèmes profonds et pas franchement gais tout en les accompagnant d’une musique à l’opposé : dansante, solaire, rayonnante. Il suffira d’écouter “L’hiver”, qui décrit si clairement la dépression, ou “Là-haut”, plus cryptique mais que chacun sentira emprunt d’une certaine douleur.
Cette façon de laisser libre l’interprétation, c’est la force de Voyou et aussi ce qui lui garantit un capital sympathie énorme, qui se sent dès son arrivée sur scène. Ça, conjugué à la tendresse immense qui parcourt des titres comme “Deux oiseaux”, à son honnêteté touchante (“Les Insectes”), et à sa façon de toucher juste dans les thèmes engagés avec l’air de ne pas y toucher (“Tombe la pluie”). Un combo gagnant qui se traduit sur scène par une gentillesse sans faille, une recherche de contact permanente avec le public lorsqu’il ira jusqu’à déambuler parmi la foule, et des applaudissements nourris à l’heure du rappel sur l’attendue “Tandem”.
Des voyages pas si minuscules
Mais Voyou, ce n’est pas seulement Thibaud Vanhooland. Et soyons honnêtes, on adore voir la place laissée à Laure Sanchez et Laura Etchegoyhen sur scène. À des postes aussi clés que la basse et le saxophone, sentir des choristes être plus que des choristes est toujours revigorant. Sans enlever rien au travail de Jean et Rémi à l’arrière scène, bien évidemment. L’ensemble fait groover le public sur des rythmes tout droit venus du Brésil, où Thibaud est allé enregistrer une partie de l’album.
Lui qui disait déjà à Rocknfool en 2018 avoir “besoin de [se] barrer pour composer” continue d’appliquer ce qu’il chante dans “La nuit, le jour” : il veut avoir le temps d’“écouter les chansons de tous les continents, les connaître par cœur, savoir les jouer à tous les instruments.” Le résultat est encore là : on a très envie de le suivre dans ses voyages musicaux, qu’ils soient minuscules ou immenses. Et ce n’est pas la multitude de cœurs avec les doigts qui s’est élevée en fin d’assemblée qui me contredira.