Gregory Alan Isakov à Montréal, la maîtrise et l’émotion
COMPTE RENDU – On vous raconte le concert de Gregory Alan Isakov, de retour à Montréal pour présenter son nouvel album à un MTelus de fidèles.
Un rendez-vous immanquable que ce concert de Gregory Alan Isakov à Montréal ! Et attendu de longue date. Dans la plus belle salle montréalaise de surcroit (et sa plus grande à date). Mais comme d’habitude avec Gregory Alan Isakov, place d’abord à une première partie de qualité.
Pour cette nouvelle tournée nord-américaine, The Milk Carton Kids relève la mission d’ouvrir la soirée. Tâche accomplie avec succès tant le duo californien est fusionnel sur scène. Ils chantent autour d’un micro central, et ont revêtu leur plus beaux costumes, tels des finissants s’en allant à leur bal dans des années 1970.
L’univers musical de The Milk Carton Kids pourrait se résumer à “Bob Dylan qui aurait eu des enfants de Simon & Garfunkel” tant les mélodies et les harmonies nous y font penser, inéluctablement. Cela dit, on se laisse séduire par leur bonne humeur, leurs timbres de voix maîtrisés, leur humour pince sans rire et leurs petites envolées de guitare et de banjo qui viennent rompre des rythmiques de folk plus classiques. Le résultat en dit beaucoup : on a le sourire aux lèvres, et on aurait pu les écouter encore un bout de temps.
Faire les choses en grand
Quelques minutes plus tard, place au maître. Les lumières s’éteignent, et six silhouettes se répartissent sur scène, pour nous mettre en bouche à coup de grandiose introduction instrumentale. Chacun dans un halo de lumière colorée, Gregory Alan Isakov et ses cinq musiciens entament leur set avec “Before the Sun” suivi de “Southern Star” et “The Fall”. “C’est tellement bon d’être ici, merci Montréal” lance l’artiste, chapeauté, basculant dans la lumière, mais préférant vraisemblablement l’ombre.
Le son est majestueux, plein, chaud, riche. Guitare, harmonica, banjo, piano, pedal steel, clavier, violon, contrebasse/basse et batterie se mêlent avec intelligence. Fusionnent même. Ils ne sont pas pressés, ils prennent leur temps. Il y a même quelques silences entre les chansons que l’artiste ne se donne pas la peine de combler. Car la musique parle d’elle-même dès qu’elle recommence. Et le MTelus est patient, attend religieusement que la chanson suivante démarre, souvent agrémentée d’une introduction qui laisse planer le doute jusqu’aux premiers accords, que les fans finissent par reconnaître immédiatement.
Gregory Alan Isakov présente ce soir-là les titres de son dernier album Appaloosa Bones. Plus pop-rock que les précédents, les adaptations live donnent vie à ces nouvelles chansons qu’on avait un peu de mal à appréhender version studio. “Mistakes” et “Watchman” deviennent de galvanisantes musiques de film, tandis que “Miles to Go” et “Appaloosa Bones” humidifient nos pupilles en deux temps, trois mouvements.
Gregory & friends
En plus des nouveautés, Gregory Alan Isakov et son groupe comblent de bonheur leur public en reprenant plusieurs classiques de leur répertoire. “San Luis”, “Big Black Cars”, “Chemicals” et “Amsterdam” en guise de “dernière” chanson du set. À noter également, une version guitare-voix toute douce de “3 a.m.” tirée de son deuxième album That Sea, The Gambler, ainsi que sa reprise de Léonard Cohen, “One of Us Cannot Be Wrong” en trio (guitare, piano et harmonium). Montréal est touchée en plein cœur.
Pour finir le set, qui dépasse déjà l’heure et demi, et sans surprise pour les fans de la première heure, Leif Vollebekk débarque sur scène pour chanter en duo “Dry Lightning” de Bruce Springsteen. Un classique pour ces deux amis, ces deux musiciens d’exception, qui se retrouvent dès qu’ils peuvent à travers le monde, selon les dates de l’un et de l’autre.
Suit “Silver Bell” avec les cinq musiciens, tous réunis autour d’un seul micro (aussi un classique isakovien que ce rappel convivial) pour enfin conclure avec “All Shades of Blue” à neuf sur scène (Gregory Alan Isakov, ses musiciens, Leif Vollebekk et The Milk Carton Kids). Leur plaisir à jouer tous ensemble est tel, qu’il ne peut laisser indifférent. On se retrouve donc une nouvelle fois, à applaudir à tout rompre, un grand sourire niaiseux sur les lèvres
Et tandis que la fosse se vide doucement suite à cette salve d’applaudissements bien mérités, voilà Gregory Alan Isakov et Steve Barney, son pianiste-banjoiste qui reviennent modestement, pour un 2e rappel, et pas des moindres. Une petite “The Stable Song” pour la route, l’histoire de nous combler nos cœurs jusqu’à en déborder de reconnaissance.
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