Blow Tour 2024 : Ghinzu, de retour à l’aiguisage
RETROUVAILLES – Ils fêtent les vingt ans de Blow, leur album phare. Ghinzu est de retour en tournée, comme une excuse pour préparer la suite.
Ghinzu et moi… Longue histoire. Qui implique un forum, la légalisation de l’eucalyptus et une armée de Balls Breakers. Mais qui implique surtout la découverte d’un vaste monde musical dans les années 2000, j’ai nommé la scène belge.
Alors quand le groupe renaît de ses cendres, presque dix ans après sa dernière tournée (et la promesse sans cesse décalée d’un nouvel album), et vingt ans après la sortie de Blow, leur album phare, je ne peux que vouloir booker une date belge. Le calendrier choisit pour moi : ce ne sera pas l’AB et les terres originelles, en pleine semaine, mais ce sera Liège. Dans une salle flambant neuve, l’OM.
L’émotion des retrouvailles
Hors de question cependant de les photographier sans avoir derrière moi un set de chauffe. Ghinzu, je leur dois, je ME dois une date de “fan”. Une date où chanter, danser, sauter librement, et avoir la chair de poule. Ce sera à Den Atelier au Luxembourg, la veille. Date qui tiendra toutes les promesses. Des pains, des paroles approximatives, des problèmes de clavier, certes, mais une énergie aussi belle qu’il y a vingt ans.
Plus belle même, avec un John Stargasm plus ouvert, plus sincère et plus ému que jamais, nous remerciant, prenant le temps de nous admirer les yeux grands ouverts, et de sauter dans le public à notre rencontre. Greg est toujours aussi survolté, jouant dans les positions qu’on lui connaît et finissant très très vite torse nu. Mika, cette classe légendaire, cette force tranquille en bras droit. Jean, habité, qui finira par slamer sur la foule. Et Antoine, qui n’a rien perdu de sa force derrière sa batterie. L’heure n’est plus au paraître ce soir-là. L’âge a semble-t-il effacé les postures et laissé place à la simplicité. Des retrouvailles, des vraies, entre un groupe et son clan. Sa scène et son public. Sa maison, presque.
Ghinzu, we hear you coming
Presque, parce qu’on reste au Luxembourg. À Liège, déjà, on se rapproche de la vraie base. Dans cette grande salle, sur cette haute scène qui ne permet pas les mêmes échanges que la veille à l’Atelier, Ghinzu déroule la même setlist1 devant un public, on le sait, conquis d’avance. Mais surtout rempli de proches. Les familles sont là, les amis de toujours, Belgique oblige. L’enjeu est autre ce soir, on le sent un peu avec un groupe plus tendu, et un John bien décidé à tout donner. Mais (et je ne sais si c’est mon changement de posture ou le changement de salle qui me fait dire ça) le concert démarre plus lentement côté public. Il faudra quelques titres à la foule pour se dérider complètement et laissé enfin poindre l’enthousiasme belge qu’on connaît, avant un rappel en apothéose dans une salle chauffée à blanc. Ils sont de retour, nous aussi.
En clôture de ce concert liégeois, un titre tout neuf. Le seul inconnu jusqu’alors. Une petite beauté, brillante, à la guitare qui nous reste déjà en tête. Un futur intemporel, on le sait. La veille au Luxembourg, les larmes étaient montées sur les grands classiques, au goût de nostalgie et de grandeur d’un autre temps un peu révolu. Ce soir, c’est sur ce titre-là qu’elles pointent, accompagnées d’un sourire en coin. Parce qu’on le sait depuis un moment : “The more it cuts, the sharper it gets”. Et avec cette tournée, Ghinzu s’est enfin remis à l’aiguisage. Ils ont désormais la preuve que leur public est là. Que leurs titres ne vieillissent pas. Et que tout le monde est fin prêt pour la suite. Eux aussi, je crois bien. Et pour de vrai cette fois.
- Setlist Den Atelier (Luxembourg – 07 juin 2024) et OM (Liège – 08 juin 2024)
Intro/Blow/Jet Sex/Cockpit Inferno/High Voltage Queen/Dragon/Seaside Friends/Barbe Bleue/Cold Love/The Dragster Wave/ 21st Century Crooners/Do You Read Me/The End Of The World/Dracula Cowboy/Till You Faint – Rappel : Sweet Love/Mother Allegra/Mirror Mirror/Dream Maker/Mine + Forever (à l’OM uniquement) ↩︎