Route du Rock été 2024 : deux soirées en une pour ce vendredi
ROUTE DU ROCK ÉTÉ 2024 – Du grand classique aux épatantes découvertes, de la pluie à l’accalmie, de la pop au rock pur et dur… Deux soirées en une.
On n’avait pas vu venir le truc, après les belles journées précédentes. On devrait le savoir pourtant. Une Route du Rock sans pluie, ce n’est pas vraiment une Route du Rock. Mais on était prêt pour une petite pluie. Une bruine, un truc léger, comme annoncé quand je partais gaiment prendre le train, pleine de confiance sur le contenu de ma valise. J’avais le k-way, j’avais de quoi protéger vite fait l’appareil photo, et puis les chaussures. Oh pour une petite pluie, ça passera. Je maudis les prévisions météo. C’est sous la pluie que se déroulera une grande partie de la soirée. C’est sous la pluie (pas la bruine, la pluie, la vraie) que commencera Deeper.
I’m (not) singing in the rain
Pas de bol pour eux, mais une partie du public les écoutera depuis le chapiteau bar. Ils sont quatre et ne se laissent pas abattre par les éléments. Ils ont dû en voir d’autres à Chicago, leur ville d’origine. Ils déroulent un rock étrangement mélodique, presque pop, avec la voix de Nic Grohl qui me fait penser à un croisement entre Shame et The Shins. Ça m’aurait plu d’y rester plus longtemps, mais la pluie a vite raison de moi.
Et j’aurais malheureusement le même traitement pour Bar Italia. Un petit passage photo et zou, retour sous la tente. Je ne suis malheureusement pas très sensible aux Londoniens, dont la pop shoegaze ne se démarque pas suffisamment à mon goût. On mettra ça sur le compte de la pluie. Blonde Redhead trouve davantage grâce à mes yeux, même s’il faut attendre les trois titres règlementaires pour commencer à avoir un peu plus d’action sur scène, surtout du côté de Kazu Makino. À l’image d’un Slowdive hier, Blonde Redhead est la caution “groupe mythique toujours là 30 ans après” de la journée. Ils feront la quasi unanimité malgré une pluie toujours trop présente.
Deux scènes, deux ambiances à la Route du Rock
Etienne Daho, lui aussi, prouve qu’il est toujours là avec une tournée en mode best-of de ces meilleurs titres. Vous n’aurez malheureusement pas de photos, parce qu’il faut savoir que très peu de media sont généralement autorisés à le photographier (et seulement d’un seul côté, celui de son profil préféré…). Et nous n’en avons pas fait partie. Tant pis. On est allé tester la hype dans le public de fans. Eux étaient à fond. Nous non. La scéno, rien à dire. Magnifique mise en scène et en lumières. Mais les tubes, on les préfère à la radio.
Waouh Debby Friday, quelle ambiance ! La soirée prend un nouveau tournant et on entame un nouveau match, avec le Canada aux commandes. De sa tenue à sa plastique en passant par sa posture et son utilisation de la scène comme un catwalk, on est subjugué par la confiance en elle qu’elle dégage. Attention, il serait facile de la limiter, en voyant les postures lascives et en entendant les paroles de certains titres, à une simple bombe sensuelle sur talons hauts. Mais on cerne vite la queen qu’on a devant nous, qui s’avère être à la fois musicienne, poète, réalisatrice. Et visiblement théoricienne du son également, ce qui expliquerait comment elle et ses deux acolytes arrivent à nous faire bouger si efficacement. Un concert qui me remet dans la plus parfaite des énergies et étrangement sacrément “empouvoirant”. Merci Debby Friday !
Une fin de soirée rock qui réveille le fort
Et on enchaîne avec Metz, qui enfin réveille le fort, lui qui manquait grandement de rock qui fait du bruit et secoue un peu les tympans. On passe sur leur amour de ce festival (“l’un des meilleurs du monde” nous dira Alex Edkins, ce qu’on ne peut qu’approuver) et sur le peu de “superflu” qui a été dit. Les titres se sont enchaînés et la meilleure façon de décrire ce concert restera de décrire le public : headbang, slam, pogo. It was about time. C’est puissant, intense, rapide, efficace. Ce qu’on attendait ce soir. Et tant pis s’il se remet à pleuvoir.
Fat Dog commence à 2h du matin. Dernier groupe. Ceux qui sont restés auront eu le nez creux. Ça ressemble à un chaos organisé. Ça ressemble à un chanteur un peu branleur (la faute au survêt’ Adidas et à la chapka ?), avec quelques musiciens pour l’accompagner. Ça ressemble à des potes qui ont un peu trop enchaîné les canettes et se lancent dans un délire musical. Ça ressemble à tout ça et ça n’est rien de tout cela. Fat Dog est une révélation live comme on n’en fait plus. Des génies de la scène tant ils en maîtrise une règle tacite qu’ils sont les seuls à rendre explicite.
Tu veux séduire un public ? Va les chercher. Littéralement. C’est ce que fait le clavier en allant sauter dans la foule dès les premières minutes pour leur montrer comment bouger et se faire des peintures de guerre avec la boue du site. C’est que fera le chanteur Joe Love un peu plus tard en allant chanter tout un titre sur la barrière avec le public. Musicalement un OVNI capable de mélanger électro, noise, punk, ska et Benny Benassi (véridique, on a chanté “Satisfaction”). C’est foutraque. C’est jouissif. Et c’est une claque à se prendre impérativement en live. Damn. Encore une soirée de la Route du Rock été 2024 qui finit alors qu’on en veut encore…