The Franklin Electric, une certaine idée de la mélancolie joyeuse

CHRONIQUE – Fin février, les Canadiens de The Franklin Electric ont sorti leur très attendu deuxième album. Plus étoffé, plus abouti, Blue Ceilings est un bijou de la mélancolie joyeuse.


C’est l’histoire d’un coup de foudre musical.
Un vrai de vrai. C’est en me promenant sur le site du label, un soir ou une nuit – la mémoire me fait défaut – que ma route virtuelle croise celle des Franklin Electric. Ils sont inconnus en France, à l’époque. Ils n’avaient même pas encore fait un concert chez nous. Le hasard faisait bien les choses, j’apprends (alors que j’en suis déjà à la troisième écoute du titre “This Is How I Let You Down” ) qu’ils sont en concert, dans trois jours, à l’International. Le hasard fait tellement bien les choses. C’était en 2014. Un mois de juin. L’album qui porte le même nom que la chanson coup de foudre est sorti pour la première fois en 2012. Un album, donc, de présentation. Un album où tout est articulé autour de la voix du chanteur Jon Matte. Entre folk et pop. Mélancolique à souhait. Beau. Juste beau.

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Avant la tempête

Il faut attendre 2017 pour que les Canadiens accouchent, enfin, d’un deuxième album. Et avec Blue Ceilings, ils franchissent un nouveau palier. Plus profond, plus abouti, plus travaillé. Plus mélancolique, aussi. Mais pas celle qui fait chialer. Parce que la mélancolie, elle peut être heureuse. Si, c’est vrai. Elle peut rappeler un moment joyeux. Si l’on devait résumer en une phrase ce Blue Ceilings, ce sera l’album post-party. Ce moment où tu rentres chez toi, encore euphorique de la soirée que tu viens de passer. La tête encore un peu dans les nuages, un peu dans le gaz, les effets de l’alcool pas encore dissipés. Tu te sens bien, pas encore redescendu. Ce moment où tu te jettes dans ton lit, le jour se levant. Les effets de la gueule de bois sont, pour le moment, très loin. C’est dans cet état-là que nous plonge le deuxième album de The Franklin Electric.

Non, Jon Matte et ses amis ne révolutionnent rien. Disons-le. Blue Ceilings est un album à mi-chemin qui ne se définit pas, c’est un collage de diverses influences. Il y a la base pop d’inspiration folk. Et puis, il y a ces nappes de synthé qui enveloppent sans étouffer les mélodies planantes, électrisantes par éclats. Parfaitement dosées. À chaque fois.

Des questionnements, de l’amour

Avec ce deuxième album, confectionné sur les routes, pendant les tournées aux quatre coins du Canada, de l’Australie et de l’Europe, ils ont grandi après avoir pas mal galéré. Si This Is How I Let You Down était un album terriblement introspectif, Blue Ceilings prend ses distances. Jon Matte s’interroge et aborde, cependant, toujours des thèmes communs aux songwriters folk : la nostalgie oui, l’amour aussi. Évidemment. C’est en se remémorant une conversation avec sa petite amie que le chanteur écrit “Walk With Me”, et imagine “une discussion entre deux personnes” dans laquelle tout cœur brisé peut se reconnaître. Homme ou femme. L’amour donc. Mais pas que. C’est des questionnements sur la vie, sur le besoin d’avancer, notamment avec “Save Yourself“.

The Franklin Electric, c’est aussi un certain talent pour la construction, le mélange des influences et des instruments. Des notes pianos qui s’accordent avec une batterie présente mais pas encombrante. En matière de recette digne d’un orfèvre, on retient “Burning Flame“. Il y a aussi la délicate “So Far”. La respiration, la pause entre deux titres qui s’emballent…It’s Taking You” est le digne successeur de “This Is How I Let You Go”, quant à “Can I Get it Back“, elle pourrait sortir de la discographie de Half Moon Run, avec ses percussions presque tribales et entêtantes, ses harmonies délicates. Quid de la trompette ? Elle est là, quelque part. Pour Jon Matte :c’est l’arme secrète. Quelque chose que je peux toujours sortir et qui surprend à tous les coups les gens. Pour moi, c’est toujours un instrument d’hymne, c’est un appel de bataille“. Nous, on répond à l’appel. Au garde-à-vous.

► The Franklin Electric sera en concert, le 18 avril aux Trois Baudets.