James Vincent McMorrow, l’énigme musicale

SURPRISE – Dix mois à peine après “We Move”, James Vincent McMorrow publie un nouvel album. Un album surprise mis en ligne ce vendredi 26 mai et baptisé “True Care”.

Ils sont une poignée de fans à avoir été conviés aux D-Light studios à Dublin par James Vincent McMorrow. Ces petits chanceux ont la primeur d’écouter l’Irlandais et ses musiciens jouer en exclusivité son nouvel album, True Care. Toutes les chansons sont jouées dans l’ordre de l’album. Le concert très privé est diffusé sur sa page Facebook. Le chanteur n’avait pas annoncé la sortie de cet album. Bien sûr, il avait dévoilé quelques jours auparavant la chanson qui porte le titre ce quatrième album. Il sera mis en ligne dans la nuit. À minuit pile. Partout dans le monde.

True Care arrive, neuf mois après la sortie de We Move. Rapide. Vital, explique James Vincent McMorrow. La vérité, c’est qu’il ne voulait pas attendre. Il avait cet album dans la tête et il avait besoin qu’il sorte, tandis qu’il était encore frais. Pendant le concert privé, il confie à la foule de privilégiés : “La vie est courte et la vie d’un musicien est étrange… La musique a changé. Les tournées sont très longues. Je pense que c’est logique, financièrement en tout cas, de faire un album puis dix-huit mois de tournée et ensuite faire un break. Mais, l’idée de s’asseoir dans le noir et attendre mon moment de faire un come-back me paraît ridicule parce que j’avais cet album, j’avais ces chansons, je voulais cet album. Alors je l’ai fait“.

James Vincent McMorrow, à l’instinct

Comme nombre d’artistes – de Radiohead à Beyoncé en passant par Kendrick Lamar, James Vincent McMorrow a décidé de contourner le chemin traditionnel de l’industrie musicale. Choisir l’instinct, le spontané, le direct plutôt que le business. True Care est donc en ligne et la galette est dense : quinze titres déroutants qui ne ressemblent ni au folk des débuts ni au r’n’b de We Move. L’Irlandais n’est jamais là où on l’attend, encore plus quand on ne l’attend pas du tout.

Cet album semble se projeter dans le futur. D’ailleurs, le premier titre s’intitule “December 2914”, un futur très lointain, très mystérieux. Une façon d’ouvrir annonciatrice d’un nouveau son et d’une nouvelle façon de penser. Plus ouverte. McMorrow choisit une nouvelle direction musicale d’ailleurs, use et abuse des sonorités électroniques. True Care fait la part belle aux synthés et aux claviers (“National”). Il mélange les influences Eigthies et les sonorités plus modernes (“True Care”), n’hésite pas à se lancer sur la piste des expérimentations sonores, à la manière d’un Bon Iver (“Thank You”, “Holding On”, “Bend Your Knees”).

Expérimentations et réflexions

L’Irlandais réussit là où l’Américain a tendance à en faire beaucoup trop, rendant parfois ses chansons inaudibles. Le vocoder est utilisé avec parcimonie, par touches, pour ne pas altérer la voix si lyrique et si reconnaissable de James Vincent McMorrow. Alchimiste parfait, il allie simplicité des mélodies à la complexité des arrangements. Il varie les ambiances aussi, tantôt groovy, tantôt jazzy (“Constellations”), il ne se ferme aucune porte et laisse libre cours à ses envies.

Une nouvelle fois, le chanteur montre aussi l’étendue de son talent de songwriter. ll explore différents thèmes avec poésie et finesse : les relations amoureuses, l’insécurité en amour (“Pink Salt Lake”), le futur, la vie et le temps qui passe. Il rappelle dans sa dernière chanson que la vie est courte. “Don’t Wait Forever”, dit-il d’une voix presque parlée. Un conseil qu’il a lui-même appliqué en choisissant de ne pas attendre pour sortir Take Care. 

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