“Action” d’Inüit : le feu, la fougue et le lâcher-prise

CHRONIQUE – L’album d’Inüit “Action” est sorti un peu plus d’un an après un premier EP remarqué. Produit avec la complicité de Benjamin Lebeau de The Shoes, le collectif nantais a décidé de mettre le feu au dancefloor. Une bonne fois pour toutes.

Je ne me souviens plus bien à quel moment je suis tombée sous le charme d’Inüit. Sans doute en écoutant avec curiosité leur premier EP Always Kevin sorti en mai 2017 chez Cinq7, confirmé en live à leur release party au Badaboum. Ou alors en me retrouvant à faire inlassablement une danse de la pluie sur “Dodo Mafutsi” leur hymne pop, dansant et entêtant qui te fait également travailler ta diction.

Ils enchaînent avec une tournée assez conséquente à travers la France, qui les amènent à Rock en Seine et au MaMa Festival, où on a la chance de remarquer leur évolution live. Leur catalogue s’étoffe, leurs performances sont de plus en plus percutantes, leur confiance se renforce et ça se ressent. Dans ce début de carrière mené habilement, il ne leur reste plus qu’à confirmer leur statut de groupe émergent avec un premier album. C’est l’étape obligatoire dans l’industrie musicale de nos jours.

De l’Action ludique

Ils travaillent d’arrache-pied dans la foulée de leur premier EP aux côtés de leur mentor de toujours, Benjamin Lebeau, moitié du duo électro The Shoes. Une évidence ? “Notre collaboration a commencé début 2016. Il a été présent à chacune des étapes du projet. Il a fait un peu de production sur notre EP et enfin notre album. Finalement, cet album a toujours été en ligne de mire, pour lui, comme pour nous” corrobore Alexis Delong, au synthé basse. “Action c’est en quelque sorte la conclusion de ces trois années ensemble à développer le projet Inüit.”

Quand je demande à Alexis quelle image il gardera en tête en repensant à la conception de cet album, il me répond : “Forcément les conditions dans lesquelles on l’a fait ! Une usine en plein Paris, pleine de poussière, une infinité de bières, 1800m2 de toilettes potentielles et nous, Benj [Benjamin Lebeau] et Inüit, à expérimenter avec tout un tas de machines, d’effets, d’objets…” On visualise bien le décor, les six Nantais ayant largement relayé leurs aventures sur leurs réseaux sociaux. Avec beaucoup d’humour. Beaucoup là. Alexis confirme, “on s’est vraiment beaucoup marré à faire ce disque et d’ailleurs, l’adjectif principal pour le décrire est vraiment ‘ludique’.”

Bouger autrement

Le 12 octobre 2018 naît Action. Un titre “percutant, très imagé, qui puisse être compréhensible dans un maximum de langues” m’explique Alexis. Un titre qui synthétise finalement assez bien les 12 chansons qui composent l’album. Certaines qu’on avait déjà entendues lors de concerts (“Tomboy” ou “Body Lies” notamment), d’autres où l’on reconnaît très distinctement la patte The Shoes (“Move Slowly”, “Polar Bear”).“La ligne directrice c’était principalement de se marrer en faisant quelque chose qui a du sens pour tout le monde. Il fallait essayer de s’écouter, de pas s’énerver, de respecter les opinions de chacun, d’accepter de se faire surprendre et qu’à aucun moment la musique appartienne plus à l’un qu’à l’autre. Benjamin était toujours là pour nous aider à repousser les limites de nos compositions, et nous forcer à sortir de notre zone de confort. Le processus était à l’image de la fusion entre Benj’ et nous, très très dynamique et spontané !” 

Résultat, un album dansant au possible, où leur caractère tribal se fond dans des nappes électroniques occasionnellement complétées par des instruments plus organiques. Ça bouge beaucoup, c’est sexy (“Move Slowly”, “Comment on fait le feu ?”), ça hypnotise parfois (“Wrong Dance”), mais cela reste des compositions parfaites pour se déchaîner et tripper en boîte de nuit (“Inside”). Pour le coup, on pense à The Do (“Bob’s Dead Anyway”), Concrete Knives, Agar Agar et autres groupes de cette pop française en anglais, qui fait fureur. “Cet album c’est l’idée qu’ensemble on est plus forts. C’est un voyage à travers les humeurs et les tempos aussi contradictoires que complémentaires. T’as de la ballade, de la dance music régressive, des pop songs… Toujours fait dans la bonne humeur et avec la volonté de t’amener autre part, de te faire bouger autrement !” résume Alexis.

Faire bouger autrement, Inüit va s’y atteler dans les prochains mois avec une grosse tournée française entamée entre autres à la Maroquinerie pour leur lancement parisien. “C’était absolument génial, la salle était parfaite. Il y  avait une vraie impression de communion avec le public. Les gens étaient là pour nous et semblaient vraiment se marrer pendant le concert. C’était juste parfait !” commente Alexis. Avec un nom de groupe comme le leur, une question me taraude. À quand leur venue au Canada ? Concernant le Canada, Alexis s’exclame que ça sera “c’est quand vous voulez !”, il poursuit : “voyager avec notre musique est la plus belle chose qui soit. On a eu la chance de le faire plusieurs fois cette année, en Colombie, en Équateur et en Chine. Ce sont des moments incroyables qui justifient à eux seul tout le travail que l’on a pu fournir jusqu’ici !”

En attendant de les voir débarquer au Québec, on s’armera de patience en continuant à les suivre sur leurs réseaux sociaux à coup de délires et autres mises en scène, filmées avec beaucoup d’auto-dérision. “Le Inüit show c’est à chaque date donc si vous voulez du fun, de l’ambiance fête foraine entre amis de bonne famille et des couscous boulettes, ou seulement légumes pour nos amis les végétariens et autres flexi, venez nous voir en concert !” conclue Alexis. Ils seront notamment en concert le 19 décembre au Festival Les Aventuriers (Fontenay-sous Bois).

INÜIT – Action (Wagram/Cinq7)

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Propos recueillis par Emma Shindo