Stones in Exile ou l’histoire d’un chef d’œuvre.

Le rendez-vous était donné un jeudi matin de juin dans un cinéma parisien pour la projection en avant-première de  Stones in Exil de Stefen Kijak. L’inconditionnelle des Stones que je suis n’aurait raté ça pour rien au monde !

“En ce temps-là, nous étions jeunes, beaux et stupides, maintenant nous ne sommes que stupides“. Voilà comment Mick Jagger a résumé l’état d’esprit des Stones pendant la réalisation de leur chef d’œuvre : Exile on Main Street, lors de la présentation officielle du documentaire à Cannes.

Il faut peut-être le rappeler pour certains mais avant d’être des pros du marketing, les Rolling Stones représent(ai)ent l’essence même du rock ; un des groupes les plus influents, décadents et subversifs du 20eme siècle.

Un grand groupe n’est rien sans l’odeur de souffre & le scandale, sans les drogues & l’alcool, sans les guitares et les femmes. Et un grand groupe n’est rien sans un album mythique qui marque son temps au fer rouge. Les Rolling Stones, en 71 avaient tout ça.

« Sex, Drug & Rock n’Roll »

Le synopsis de « Stones In Exile » pourrait assez simplement se résumer à cette célèbre maxime de Ian Dury, tant les volutes de marijuana nous chatouillent les narines et les rifs implacables de Keith Richards nous vrillent les tympans. (Le sexe étant chastement laissé de côté dans le film)

Stephen Kijak, avec l’aide des magnifiques photos de Dominique Tarlé ainsi que des images tournées aux USA par Robert Frank & des commentaires des principaux protagonistes, raconte cette brève période de l’histoire des Stones.

Au printemps 1971, nos braves Stones persécutés par le fisc anglais s’exilent dans le sud de la France, avec femmes, enfants, amis, dealers, instruments et parasites en tous genres. Pendant plusieurs mois la villa Nellcote à Villefranche-Sur-Mer, propriété temporaire du couple Keith Richards/Anita Pallenberg devient le lieu de rassemblement de cette « communauté » d’expatriés. Très vite l’envie d’enregistrer un nouvel album se fait sentir mais les problèmes de langues et d’organisations ne facilitent pas le processus de création et la décision de réaliser l’album à la « maison » est prise. La logistique est un casse-tête mais les Stones gardent le cap. Au sous sol le « studio » et la guitare de Keith sont installés, le piano est dans la cuisine, les câbles courent dans toute la maison… en bref c’est le bordel !

La vie de la maisonnée est rythmée par des sessions d’enregistrements interminables, de jour comme de nuit. Les Stones ont l’inspiration, qu’importe qu’ils n’aient pas de lignes directrices, Keith et Mick (et tous les autres) ont cette capacité de s’inspirer de tout, de se réveiller en pleine nuit pour aller gratter un joint aux lèvres, les 2 accords prémisses de ce que sera leur prochain succès.

Les 1h10 de film et les magnifiques images de D.Tarlé, n’ont pas d’autres ambitions que de nous dévoiler un pan de l’histoire d’un groupe mythique. De nous permettre d’assister à la naissance d’un double album légendaire et singulier où la soul, le blues, le gospel et le rock s’entremêlent sans fausses notes ; De nous offrir la chance d’être les témoins privilégier d’une époque bénite à jamais disparue.

Bien sur certains diront que le film est une arnaque, bricolé à partir de pas grand-chose. Mais c’est justement ce manque de matières premières qui rend toutes ces images pleines de charme plus captivantes encore.

Caroline Pecoraro.