Patrick Bruel : “Le plus beau reste à venir pour ‘Lequel de Nous'”.
C’est les yeux pétillants et les souvenirs en tête que Patrick Bruel se présente sur le plateau de la web tv de l’espace presse des Vieilles Charrues face à Laurent Lavigne, directeur des plateaux tv. Chemise noire à manche courte, jean et des baskets blanches, finalement assez détendu après le stress se son concert de remplacement d’Elton John.
Une bonne ambiance, entre fans de toujours présents pour prendre des photos de leur héros, et cette jeune fille qui prendra le micro pour “simplement remercier” Patrick Bruel dont elle admire la capacité à transmettre l’émotion. “Le plus beau des compliments” pour Patrick, les yeux embués. Il remerciera même ce journaliste qui lui posera la question sur sa participation à des concerts pro-israéliens, un sujet fâcheux. Un beau moment.
Ses impressions après son premier concert aux Charrues
Je me disais que je n’étais pas programmé à l’origine, que je devais remplacer une icône, et aussi passer avant Matthieu Chedid. Les gens ne savaient même pas que je venais. Je n’en menais pas large juste avant, j’étais très stressé. J’avais les jetons, jouer en plein jour devant un public de festival, qui n’est pas venu pour moi… Pourtant ça a été incroyable, un moment plein d’émotions. Lorsque j’ai commencé ma première chanson je me croyais déjà au rappel. Et puis sur “Cassez la voix” le public levait les mains par vague successives jusqu’à l’autre scène ! J’ai vraiment été submergé par une vague d’émotions, de ferveur et de folie. C’était un moment unique.
Elton John
Je devais forcément rendre un hommage à Elton John, un homme extraordinaire que j’ai déjà eu l’occasion de rencontrer. On a tous une histoire avec une ou plusieurs chansons d’Elton John. J’ai choisi “Your Song” parce que dans les paroles il est dit “I hope you don’t mind” (j’espère que tu ne m’en veux pas), et je voulais la faire au piano. Finalement j’ai décidé de la faire à la guitare même si je ne l’avais jamais jouée avant.
A propos de sa participation cette année aux Charrues
Normalement j’étais prévu dans la programmation de l’année prochaine. Ainsi, on aurait fini la tournée avec les Vieilles Charrues. A vrai dire, je n’ai pas trop réfléchi, sinon j’aurais eu trop peur. De plus, plein d’artistes me vantaient les mérites des Charrues depuis des années, comme Benjamin Biolay ou Cali qui me disaient “il faut que tu ailles, tu verras”.
Son public
Je suis heureux d’avoir un public avec un tel panel générationnel. J’ai commencé avec des femmes de 25-45 ans, puis les hommes se sont ajoutés. Ils ont fini par venir avec leurs femmes, et être convaincus eux mêmes. Actuellement c’est vrai que j’ai gagné un public plus jeune, avec une vague de 15-20 ans. C’est super.
La musique de son enfance
J’ai grandis dans un éclectisme incroyable. Dès 5-6 ans j’écoutais Brel. Il faut dire que “Amsterdam” m’avait bouleversé. Pour mon anniversaire ma mère m’avait offert le 45 tours qui contient la chanson “Jef”, cette chanson est fantastique. Ensuite il y a eu les Stones, les Beatles, Barbara, Léo Ferré … Dans les années 70 il y a eu quelques changements quand je trainais avec mes copains. A ce moment là c’était ma période Genesis, les Floyds, Led Zep, tout en gardant de la variété française à côté, à travers Maxime, Hallyday, ou Charlebois. C’était aussi bien Police que Joe Dassin.
Son duo avec La Fouine
J’ai commencé à m’intéresser au rap il y a quelques années. C’est cependant la première fois que je mets dans un album. “Maux d’Enfants” est une chanson avec un sujet très urbain avec cette boucle hip-hop puis ce featuring de La Fouine. La Fouine est un rappeur qui a un très très bon flow, et une belle plume de surcroit. Il a écrit son feat en 20 minutes, et je le respecte pour ça, moi qui ait mis plusieurs années pour faire mon nouvel album. J’étais vraiment très content de faire ce duo avec lui, c’est un chouette mec.
Son plus beau souvenir en tant que spectateur de festival
Alors j’en ai trois. Le premier c’est Stevie Wonder en 1980 au Palais des Sports. Ca a été une claque monumentale, un spectacle fondateur pour moi. Ensuite il y a tous les concerts de Barbara depuis que j’ai sept ans, je n’en ai pas raté un seul. C’était une grande dame qui arrivait sans rien sur scène, de son 1m de haut, et le frisson était constant. Enfin, il y a ce concert live de U2 où pour la première fois il y a eu une utilisation très forte des vidéos dans les concerts. Bon il y a aussi Higelin aux Francofolies de la Rochelle. C’est ce soir là en rentrant, inspiré par ce Monsieur que j’ai écrit “Cassez la Voix”. D’ailleurs en revenant aux Francofolies cette année, j’ai eu cette impression de boucler une boucle, d’être devenu ce que je voulais être.
Son nouvel album : Lequel de Nous
Mon dernier album est sorti il y a 6 mois, et il en est à 400 000 déjà. Le plus beau reste à venir, je pense qu’il y a encore de belles choses qui peuvent sortir de cet album. Notamment ma chanson “Où es-tu ?” qui a été accueillie de manière très forte. Elle sera certainement l’objet d’un single en automne prochain. Ce qui est bien, c’est que je ne vois pas encore les défauts de cet album, alors que normalement, six mois après on en a déjà marre, c’est bon signe.
Ses concerts aux armées israéliennes, la controverse.
Je suis content que vous posiez cette question, car il faut mettre les choses au clair : je n’ai jamais donné un centime aux armées israéliennes, et je ne donnerai jamais un seul centime à quelque armée que ce soit. C’est une rumeur lancée par des personnes dont je ne veux pas parler, ça serait leur donner trop d’importance. Par contre, j’ai donné deux concerts de solidarité pour des associations israéliennes : la première s’occupait de ramasser les corps sur les zones de guerre, et une autre s’occupait d’une petite fille israélienne handicapée. J’ai toujours soutenu la création d’un état palestinien, et d’ailleurs j’ai participé à la Convention de Genève au sujet du conflit israélo-palestinien. C’est inéluctable, il y aura la création d’un état palestinien, et j’en suis un fervent partisan. D’ailleurs je ne me priverai pas de le redire lors de mon prochain voyage en Israël dans quelques jours.
Propos recueillis en conférence de presse par Emma Shindo