Nick Mulvey : le folk n’est pas encore mort. Dieu merci
Il y a peu de temps, avec des amis, on se demandait pourquoi si peu d’artistes folk parvenaient à franchir la ligne qui sépare l’ombre de la lumière. Ils sont pourtant beaucoup à se promener guitare en bandoulière avec dans leur carnet de notes des bouquets de chansons. Le truc, c’est que le folk pur n’intéresse malheureusement pas grand monde. En tout cas, pas le grand public et seulement une poignée d’initiés. En France par exemple, le folk s’arrête à Cocoon. Et encore, ce n’est pas vraiment du folk. Pour que le Grand monde puisse pencher ne serait-ce qu’une demi-oreille sur les jolies ritournelles des folkeux en herbe ou accomplis, il faut que le songwriter possède ce petit quelque chose en plus qui le rendrait exceptionnel et le placerait au dessus de la mêlée.
Ces dernières années, ils ne sont finalement assez peu avoir réussi à sortir leur épingle du jeu. Souvent, ils viennent de l’autre côté d’une mer ou d’un océan : Damien Rice, Devendra Banhart, Bon Iver, Ben Howard, James Vincent McMorrow. Ils ont une guitare, des chansons, du talent et leur personal touch. Nick Mulvey, le petit dernier, pas si petit que ça, pourrait aussi rejoindre le crew de ces folkeux contemporains.
Son nom ne vous dit rien ? C’est parce qu’il officiait auparavant dans le jazz ultra complexe du Portico Quartet. Il jouait du hang. Le jeune homme abandonne expérimentations sonores diverses pour voguer sur les flots plus calmes du folk. Un folk toutefois assez sophistiqué. Chez Nick Mulvey, il ne s’agit de gratter nonchalamment une guitare sèche, deux trois accords et balancer ô combien son coeur est brisé et que tout va mal dans sa vie de poète maudit. Pour habiller ses jolies mélodies, ce prodige de la guitare les ornent de rythmes africains voire cubains hypnotiques. Comme Ben Howard ou James Vincent McMorrow, Nick s’affranchit des dogmes étriqués du folk pour proposer un folk un peu plus expérimental mais toujours pertinent. Le fruit de ses expérimentations folk tribal et dansant, on le retrouve dans son premier album solo “First Mind“. Une collection de douze chansons intemporelles. On pense parfois à Piers Faccini. On se laisse porter par les successions de boucles (“Fever to the Form”, “Juramidam”), ou par cette guitare qui s’autorise tout (“April”) et par ce folk qui se fait jazz (“Venus”). Chassez le naturel, vous connaissez la suite. Et comme Nick Mulvey, tête brûlée voire cramée, ne se refuse rien, il s’amuse à introduire un extrait du tube dance “You’re Not Alone” d’Olive dans sa chanson “Nitrous”. Terrific !
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En concert le 10 juin au Café de la Danse à Paris