Rhodes : on ne se lasse pas de son folk romantique
La première fois que ma route croise celle de Rhodes, c’était en première partie de Ben Howard. Il a la vingtaine, les cheveux en bataille et vêtu de noir. Le jeune homme est seul avec une guitare électrique sur une scène qui semble un peu trop grande pour lui. C’est d’un pas mal assuré qu’il rejoint le micro et dans le pénombre de l’Alhambra, il se lance dans un set de moins de trente minutes. Et là, impossible de décrocher un mot. Je suis juste là, assise en face de ce jeune garçon aux traits angéliques et à la voix cristalline. C’est seulement à la fin de ses cinq chansons que j’arrive à lâcher un “c’est super beau non?”.
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Je me rappelle des frissons procurés par sa voix. Je me souviens de son regard mélancolique. Je me souviens du silence religieux qui régnait dans la salle ce soir-là. L’illustre inconnu avait réussi à conquérir le public avec son bouquet de chansons romantiques et apaisantes. J’ai pensé à Jeff Buckley. Sur l’échelle de l’influence, je dirai qu’il se situe au huitième échelon. Rhodes ne le cache pas d’ailleurs. Comme son illustre mentor, il y a cette couleur folk torturée, ce lyrisme affirmé et cette fragilité à peine cachée. Le jeune homme étoffe d’années en années sa musique, elle devient plus ample, ce s’habille de reverb (Raise Your Love), elle s’épaissit (Close Your Eyes), devient plus ample aussi.
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Quatre E.P auto-produits déjà publiés, une poignée de premières parties (Sam Smith, George Ezra, Nick Mulvey…) et enfin, il attire l’attention des pros. En Angleterre, c’est le label Ministry of Sound qui le signe. Des spécialistes de la musique électronique. C’est étrange, mais le label a décidé de prendre un risque, sortir de son cocon pour se laisser séduire par la pop-folk satiné de l’Anglais. En France, c’est Colombia qui récupère le bébé. On espère l’album en septembre. Mais en attendant, on s’écoute sa dernière pépite : “Close Your Eyes”, un peu moins brute, un peu plus orchestrée, mais toujours aussi jolie, captée en live.
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