Festival d’été de Québec jour 8 : The Decemberists, Tire le coyote et Archer
On a eu un peu peur ce 14 juillet quand les orages sont revenus s’abattre sur Québec par périodes. Et puis non, la pluie s’est arrêtée pour le début de nos concerts.
La veille, ARCHER et sa petite guitare folk séduisait la salle du District Saint-Joseph. Aujourd’hui il est propulsé sur la scène Loto-Québec (la deuxième en terme de capacité) devant quelques centaines de festivaliers qui écoutent l’Australien d’une oreille attentive, assis dans l’herbe. Vêtu d’un débardeur blanc un peu dépareillé, il explique brièvement ses chansons, et il chante avec un œil fermé, tandis que ses doigts naviguent à vive allure sur sa petite guitare qui ne paye pas de mine, alternant entre complaintes blues à ballades country. Impossible de ne pas voir en lui les influences majeures de Johnny Cash, de Dylan et de tous ces auteurs-compositeurs américains des années 1930-1940. Le Festival d’été a même eu l’audace de le ranger dans le même tiroir que Felix Leclerc himself. L’Australien et sa voix caverneuse, pousse parfois jusqu’au vibrato, et notre cœur fait de légers bonds en écoutant les histoires – souvent amoureuses – racontées dans “The Greatest Fool of History” ou “The World is Turning”. On se laisse transporter dans la moiteur ambiante du sud des États-Unis, un bel après-midi d’été, le son de l’autoradio à fond…
TIRE LE COYOTE prennent le relais. Benoît Pinette le frontman monte sur scène aux cotés de ses six musiciens. Le Québécois à la voix haut-perchée, propose un folk chantant aux accents country, sur des textes en français. Lui aussi raconte des histoires, et installe des atmosphères diverses et variées avec l’aide de son wingman Shampoing et de ses autres musiciens en retrait par rapport à l’exubérant guitariste. Normalement j’aime bien parler entre les tounes, mais on a un temps limité. N’allez pas croire que je suis snob ! précise Benoît, aux festivaliers qui le voient déballer des titres de ses deux albums, “Ma révolution tranquille”, “Confettis”, “Jolie Anne” et la très triste mais pas moins superbe “Jésus” avec ses percées d’harmonica. C’est mon premier Pigeonnier, et c’est pas désagréable pantoute ! ajoute-t-il entre deux chansons, alors que la fosse s’est bien remplit et on se prend à sourire lorsque Shampoing et Tire le coyote se chantent l’amour en sol (“Chanson d’amour en sol”). Ils finissent avec “Chainsaw”, et sollicitent le public une dernière fois à coup de quand l’amour s’en va, il faut faire du bruit !
Les têtes d’affiche de la soirée étaient attendus depuis un certain temps à Québec. THE DECEMBERISTS débarquent après quelques minutes de retard et peinent à nous faire entrer dans leur riche univers : le groupe n’est pas avenant, plutôt statique, et les longues pièces sans saveur des Américains peinent à capter notre attention sur la durée. Il faut attendre la moitié de leur set pour les voir se relâcher, et se laisser aller à des sourires et un peu plus de lâcher-prise. Colin Meloy le chanteur se permet de plus en plus de commentaires entre chaque titre. Il nous fait rire lorsqu’il nous explique (en anglais) avec fierté qu’il était le chef de son club de français au lycée, le Donald Trump of the club. “Calamity Song”, “Shankill Butchers” et “January Hymn” nous donnent l’impression d’être à Broadway, avec le côté rétro-kitsch des orchestrations de leur (vaste) répertoire folk-rock.
Mais plus le temps passe, plus on les trouve sympathiques, et plus on pénètre dans leur univers désuet extravagant. “A Sucker’s Prayer” puis “The Rake’s Song” finissent par nous séduire, alors que l’on admire parallèlement les talents de chef d’orchestre et de chœur de Colin, qui prend un malin plaisir à tanner le public. Pour leur rappel, le groupe choisit de se lancer dans “12 17 12” car de la liberté et de la fraternité ne peuvent faire que du bien, en référence à l’horrible attentat de Nice qui a eu lieu quelques heures auparavant. Forcément, ils finissent leur show avec la fameuse “The Mariner’s Revenge Song” après avoir briefé le public pour une participation orale (des cris effrayés !) lorsque les énormes mâchoires de la baleine viendront nous couper en deux dans le texte. Accordéon, contrebasse et mandoline sont de sortis sur le devant de la scène, et une grande baleine en carton-plâtre fait même son apparition et avalent quasiment tous les membres dans une scénographie comique. C’est drôle. On est conquis, et on repart le sourire aux lèvres.
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Photos : Emma Shindo