Moonbathers, l’album de Delain qui redéfinit la notion de métal
CHRONIQUE : Les néerlandais Delain reviennent avec rage et l’esprit pop, avec Moonbathers. Un album à la rencontre des genres musicaux.
La première fois où j’ai entendu parler de Delain, c’était en Suède, l’un des pays phares du métal. La pochette de April Rain, avait attiré mon attention. En 2010, le groupe n’avait sorti que deux albums, mais faisait déjà beaucoup parler de lui. Il faut dire que le fondateur du groupe n’est autre que Martijn Westerholt, frère de Robert Westerholt, lui-même, co-fondateur de Within Temptation (occasionnellement, le plus grand groupe de métal symphonique).
Les années sont passées et je dois bien avouer que le rock hollandais m’a un peu échappé entre 2010 et 2014. C’est à l’occasion de la sortie d’Hydra, dernier LP en date de Within Temptation, que mes oreilles sont retournées vers le métal symphonique. Dès lors, j’ai redécouvert Delain. Et j’ai pu me rendre compte que j’avais eu tort de les oublier.
Avant tout, Delain a une voix singulière : celle de Charlotte Wessels. Et puis, c’est aussi un style bien particulier. Variant, selon les époques. Varié, selon les titres. Il n’est pas un groupe spécialisé dans le métal, le métal symphonique ou autre. Delain fait tout simplement du rock.
Delain, du rock avant tout !
Avec l’arrivée de la jeune Merel Bechtold, le groupe s’est doté d’une deuxième guitare, qui renforce le côté enragé des néerlandais. Car de la rage, il en est question dans Moonbathers, le cinquième opus du groupe. Dès l’ouverture, “Hands of Gold” donne le ton. L’introduction de 5 minutes met en place tous les codes du rock symphonique : Puissance de la batterie. Guitares omniprésentes. Voix de Charlotte Wessels posée puis mélodieuse. Et enfin, featuring de Alissa White-Gluz, chanteuse de death-metal suédois. Autant vous dire, le premier titre envoie du lourd !
La suite est du même acabit. Laissez-vous donc bercer par “The Glory And The Scum” et imprégnez-vous du refrain monstrueux, qui vous donnera irrémédiablement envie de slammer dans votre salon !
Et puis, quand c’est fini, il y en a encore. “Suckerpunch”, “Fire With Fire”, “Pendulum”. Le groupe déroule et produit un rock diablement efficace. Quand bien même une partie de l’album ne nous surprend guère, Delain arrive à se diversifier dans un second temps. Changements de rythme entre rock, ballade et métal pop, Delain sait se renouveler.
Charlotte Wessels, une voix pop métalleuse
Prenons l’exemple de “Danse Macabre”, dont sa structure vocale paraît très pop. La voix de Charlotte Wessels excelle et donne la cadence. D’ailleurs, ce sont avec de genre de titre, que je comprends ma fascination pour le métal symphonique.
Pour tout vous dire, j’aime les voix montrant un certain lyrisme. Parfois elles sont masculines (Bon Iver, Benjamin Biolay, oui il y a du lyrisme chez Biolay, ou encore Sigur Rós). D’autres fois elles sont féminines (Within Temptation, Marissa Nadler, Keren Ann, Chelsea Wolfe). Chez Charlotte Wessels, je retrouve ce lyrisme qui m’émeut souvent dans la folk. La tonalité de la voix qui change, la mélodie qui donne le ton aux instruments. Je l’ai déjà écrit plus d’une fois, mais pour ma part, la voix est le plus bel instrument de musique. Certes, Charlotte Wessels n’est pas la meilleure chanteuse de rock symphonique, mais sa voix ne laisse pas insensible. Preuve en est encore, avec “Chrysalis – The Last Breath”, la ballade métal par excellence ! La voix de Wessels est sans faille et pourrait même nous arracher une larme, un jour de pluie !
Les ingrédients du rock symphonique sont donc une musique rock, une voix harmonieuse mais aussi une culture très nordique. Sur cet album, le groupe brasse large. Les codes du métal sont bien présents. Ceux de la pop culture aussi !
La pop culture au sein de Moonbathers
L’une des grandes surprises de cet album réside dans le titre “Scandal”. S’il ne vous paraît pas familier, alors, vous avez moins de 20 ans ! “Scandal” n’est, ni plus, ni moins, qu’une reprise de Queen. Oui, vous avez bien lu ! Un groupe de métal reprend du Queen. Cela divise forcément. Mais le résultat est parfait. Riffs de guitare sur fond de clavier pop, l’alchimie fonctionne à merveille.
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Le groupe ne s’arrête cependant pas là. “Hands of Gold”, titre introductif de l’album contient des bribes d’un poème d’Oscar Wilde, La Ballade de la geôle de Reading. Quant à “Turn the Lights Out”, il s’inspire directement des romans graphiques fantastiques Sandman, publiés par Neil Gaiman entre 1989 et 1996.
Moonbathers est l’album rock ou métal – selon votre guise – que l’on écoute entre deux vinyles folk. Il nous replonge dans nos moments de jeunesse, lorsque nous voulions être rebelles en écoutant du métal, pas toujours de bonne qualité. Adultes, nous avons le droit d’écouter de la bonne musique. Et en période creuse de Within Temptation ou Marilyn Manson, Delain est la plus belle des alternatives.
En décembre, le groupe fêtera ses 10 ans de carrière. À cette occasion, le concert du 10 décembre au Paradiso d’Amsterdam sera capturé pour donner naissance à un premier DVD live. Mais avant cette fête qui s’annonce extraordinaire, allez découvrir le groupe sur les scènes françaises !
► Moonbathers, le 5e album du groupe est sorti le 26 août 2016, chez Napalm Records.
► Delain sera en tournée française cet automne : Ninkasi Kao (Lyon) le 31 octobre. Metronum (Toulouse) le 3 novembre. Elysée Montmartre (Paris), le 4 novembre. Splendid (Lille) le 5 novembre.
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