“Will of the People”, le retour en grâce de Muse ?

CHRONIQUE – Avec Will of the People, Muse frappe fort ! Le retour en grâce d’un monument du rock des années 2000 ?


Muse. “Je t’aime, moi non plus”. Voici ce qui résumerait parfaitement les relations entre le groupe et les fans, au fur et à mesure de leurs diverses évolutions. De Showbiz en 1999 à Simulation Theory en 2018, les Britanniques n’ont eu de cesse de créer. Et impossible de les critiquer sur cette envie d’innovation constante. Néanmoins, ils ont pu (parfois) perdre leurs fans.

Avec Will of the People, Matt Bellamy, Christopher Wolstenholme et Dominic Howard devraient réussir à reconquérir d’anciens cœurs brisés.

Libéré, délivré !

Will of the People veut rendre compte d’un monde qui va à vau-l’eau. De la crise climatique, à la crise économique, en passant par la crise sanitaire ou sociale, Matt et ses compatriotes se sont emparés de l’actualité de ces trois dernières années afin de la retranscrire musicalement.

Et face à cette violence de l’actualité, quoi de plus normal de retrouver des guitares électriques qui crachent leur venin dans tous les sens. Car oui, avec ce neuvième album, Muse remet en avant la guitare électrique.

“Won’t Stand Down” nous ramène irrémédiablement vers l’époque Origin of Symmetry. Riffs endiablés, voix de Matt éblouissante : voici le retour d’un Muse rock, comme on l’aime. Et ce n’est pas “Kill or Be Killed” (avec une batterie aux sonorités métal), “Euphoria” ou “Will of the People”, ressemblant deux gouttes d’eau au “The Beautiful People” de Marilyn Manson, qui nous feront mentir.

Will of the People, un pêle-mêle ambiançant !

Quand bien même Muse semble revenir à certaines bases, il n’en demeure pas moins que le côté électronique des dix dernières années reste présent. Équipement robotique en concert, guitare et basse équipées de pad, les Britanniques continuent d’être les rois du rock électronique et savent tout aussi ambiancer un stade à base de mélodies pop que des riffs de guitare.

À ce jeu “Compliance” devrait faire chavirer des stades entiers, avec son refrain efficace et rapidement mémorisable : “Compliance, We just need your compliance, You will feel no pain anymore, No more defiance, Just give us your compliance”. La rupture musicale pourrait même renverser un public rock dans un univers techno !

Quant à “You Make Me Feel Like It’s Halloween”, il regroupe toutes les influences des huit précédents opus du groupe : électro, rock, vocoder, robot. Tout pour danser ! Les mélodies (les paroles y sont-elles pour quelque chose ?) nous rappellent “This Is Halloween” de L’Étrange Noël de monsieur Jack.

Muse, c’est aussi le piano. Et cet album n’y déloge pas. Quitte parfois à nous faire penser à Queen sur “Liberation”. Et quand le piano n’est pas présent, c’est le synthé qui le remplace. Les sonorités 80’s de “Verona” nous rappelle ainsi que des artistes peuvent avoir les mêmes idées dans un intervalle de temps très court. Car impossible de ne pas penser au “Soft Révolution” de la néerlandaise Charlotte Wessels.

WE ARE FUCKING FUCKED !

Clou du spectacle : “We Are Fucking Fucked”. Titre de 3 minutes 30 qui vous fera chavirer, si vous n’avez pas encore été conquis par ce nouvel album de Muse. Et pour résumer ce titre dingue, un extrait d’interview de Matt Bellamy vaut mieux qu’un long texte explicatif.

“If you’d asked me six months before, I would have been trying to get away from the old dystopian thing but then it unfolded in front of me,” he says in a twitchy, accelerated voice that sounds like a podcast playing at 1½ speed. “There’s a massive wildfire, there’s a pandemic, there’s riots on the streets, and my wife’s going into labour. Three of those things happened at exactly the same time. When you see all that going on, you think: ‘Hang on a minute, we’re all fucked.’”

The Guardian, 5 août 2022.

Avec “We Are Fucking Fucked”, Muse clôture un album qui semble avoir ramené sur le droit chemin les Britanniques. Un retour en grâce du groupe, revenant à ses bases rock du début des années 2000, tout en gardant son côté avant-gardiste et électro des années 2010. Will of the People répond donc brillamment à la demande du peuple !