On y était : Feu Robertson + Solaris Great Confusion à la galerie No Smoking

LIVE REPORT – Sous la couche grandissante des groupes à la mode qu’on aime beaucoup, en creusant plus loin que la couche des groupes tout neufs qu’on adore, il y a cette myriade de groupes qui datent, qui sont là, au fond, qu’on aime mais qu’on oublie parfois un peu, parce que ça fait longtemps. Et un jour, on les redécouvre. Solaris Great Confusion fait partie de ces groupes-là.

Écouter un set de Solaris Great Confusion, c’est flotter dans un moment suspendu. C’est transgresser totalement la notion de temps. On perd toute notion d’époque, on perd toute notion de durée. Les minutes à la fois filent et s’étirent. On se souvient de “Mind Control” ou de “So Close To Me Marlene”, et on les découvre comme si c’était la première fois. On découvre “Some Are Flies” et “Bye Bye Delight”, et c’est comme si on les avait toujours écoutées…

Les pépites folk de Stephan Nieser ont ce pouvoir-là. Mais elles ont aussi le pouvoir de fonctionner quelque soit la configuration, et même sans percussion, comme ce soir. Un accordéon (celui d’Yves Béraud, qui apporte cette nostalgie douce, si élégante), une guitare électrique (celle d’Aurel King, qui vient gratter des accents blues profonds et métalliques, parfaite balance au reste), et les chœurs (ceux de Jacques Speyser, toujours aussi chauds et brillants), voilà qui suffit à habiller la guitare acoustique et la voix de Stephan Nieser. La preuve sûrement de la force de ses compositions. Quand “Close To The Bones” signe la fin de la soirée, on hésite à bouger. Oui, Solaris Great Confusion fait aussi partie de ces groupes qu’on a bien du mal à quitter.

Découvrir Feu Robertson a aussi été un excellent moment de musique dans cette petite galerie. Difficile à classer, entre ses accents sombres et ses éclats américains, le groupe de Reims se décrit lui-même comme faisant de la musique “bancale, mélancolique, abrasive”. Effectivement, on n’aurait pu mieux trouver.
Bancale, comme le mélange de styles qu’on entend. Pop, antifolk, noise, tout y passe, et nous rappelle vaguement les délires dandy d’un Herman Düne.
Mélancolique, comme les touches de violoncelle ou cet harmonica. Une mélancolie qui surgit sans qu’on s’y attende, au milieu d’une “Jungle Life” surprenante.
Abrasive, avec cette batterie, élément fort du set, qui, avec la guitare électrique, ne nous laisse finalement aucune chance de décrocher.
Une belle surprise.

Some Are Flies – Solaris Great Confusion, sorti le 23 septembre 2016 (Rival Colonia)
Sticky Situations With Troubles – Feu Robertson, sorti le 23 août 2016 (Partycul System)