La minute Viking #4 : Jennie Abrahamson (Suède)

PREMIÈRE ÉCOUTE – En Suède, Jennie Abrahamson est peut-être la chanteuse indé la plus connue. En février 2017, elle sortira Reverseries, son 5e album ! On a déjà hâte de l’écouter ! 

Jennie Abrahamson, sans le savoir, je l’eus vue en 2010, en Suède, en tant que bassiste d’Andreas Johnson (le chanteur suédois, one-hit wonder, de la publicité pâte à tartiner).  Dès lors, j’ai eu l’impression de la connaître depuis toujours. Et pourtant, quand je prends du recul, je sais qu’elle n’est pas aussi connue et reconnue qu’Agnes Obel, Aurora ou Of Monsters and Men. Tout aussi émouvante et fabuleuse que ses consœurs scandinaves, je vous invite aujourd’hui à voyager dans son univers.

2009, l’arrivée en France

Autant vous le dire, le premier album de Jennie Abrahamson n’est pas vraiment arrivé en France. Notre cher pays a commencé à découvrir l’artiste suédoise avec While The Sun’s Still Up And The Sky Is Bright, son deuxième album, qui fut largement chroniqué dans la presse  pop (MagicRPM, Les Inrocks). Cet album correspond aussi avec l’émergence de la musique suédoise indépendante et féministe en France. Nina Kinert, Ane Brun, Rebekka Karijord, Frida Hyvönen, Jenny Wilson. Il n’était d’ailleurs pas rare de les voir travailler ou jouer ensemble.

En 2009, Jennie Abrahamson est donc entrée dans nos oreilles par la petite porte. Des titres minimalistes, une production simple, des instruments en retrait par rapport à la voix. À l’instar de “I Lost My Heart”, ses premiers albums étaient discrets. Malheureusement, le minimalisme reste très confidentiel. Quiconque veut faire une carrière européenne ou internationale doit se remettre en question. Et cette remise en question se fait souvent à l’aube du troisième album. Vous savez, quand l’artiste doit faire le choix de plomber sa carrière avec du NRJ ou de la magnifier en restant soi-même.

Jennie Abrahamson et Peter Gabriel

Pour Jennie Abrahamson, ce sera le second choix. Son troisième album, The Sound of Your Beating Heart, ainsi que son quatrième, Gemini Gemini,  disent adieu au minimalisme. Bienvenue dans un monde, où la musique reprend de la hauteur. “The War“, “Snowstorm”, “Dance With Me”, “Wolf Hour” redonnent de la puissance à la pop indépendante suédoise. Quant à “Hard to come by”, il est, à ce jour, le plus grand succès de sa carrière. Visuellement et musicalement, il donne envie de sourire, de danser. Et pourtant à l’écoute des paroles, il n’y a que mélancolie et tristesse.

Always try and then I fail
Hard to come by, hard to come by, hard to come by

Ces deux albums permettent à Jennie de se faire un nom au niveau européen. Le grand, l’immense Peter Gabriel accueille même la chanteuse pour ses premières parties de sa tournée européenne et américaine. Sur certaines dates, elle apparaît aux côtés du britannique, afin de l’accompagner sur “Don’t Give Up”, qu’il chantait, en 1986, avec Kate Bush. Dès lors, son audience est décuplée. La presse la compare à Kate Bush. Mais son talent et son esprit indépendant ne changeront pas d’un iota. Le succès présent, la chanteuse reste la même. Seule la fatigue d’une longue et grande tournée eurent raison de la chanteuse.

2017, le renouveau du calme suédois

« J’ai écrit ses chansons en réaction à l’épuisement lié à cette longue tournée. Au lieu de chansons courtes au tempo rapide, les chansons évoluent lentement, prennent leur temps pour atteindre leur point culminant ; pour moi c’est comme une thérapie de la lenteur. Ça reflète véritablement ce moment particulier de ma vie ; j’avais besoin de temps. »

Voilà ce que l’on peut lire dans le dossier de presse, présentant le futur album de la suédoise. Reverseries s’annonce d’ores et déjà comme l’album nous questionnant sur la notion de temporalité. Le tempo est plus lent qu’auparavant. Le sens du mot “réversible” se pose alors. Le titre de l’album fait-il référence à un album calme, digne des premiers opus, ou alors au temps irréversible qui nous empêche de retourner dans le passé. Il y a probablement un peu des deux.

Rarement Jennie Abrahamson n’avait été aussi posée. La voix, la musique, tout est sous contrôle. Que cela soit sur son premier single “Bloodlines” ou son nouveau “Man In You”, on découvre une chanteuse sûre de ses forces, sûre de sa carrière.

Reverseries s’annonce comme l’un des grands albums scandinaves de l’année 2017, et pourrait voir Jenny Abrahamson éclore encore un peu plus au niveau international !

À LIRE AUSSI : Stockholm : Cinq lieux à ne pas louper !