Lewis Capaldi : “J’ai toujours voulu être un chanteur”
INTERVIEW – Rencontre avec Lewis Capaldi, jeune songwriter écossais sensationnel qui est en train de tout dégommer sur son passage.
Pas facile de rentrer dans le Zénith pour faire une interview en loge, surtout quand il ne s’agit pas de la tête d’affiche. Lewis Capaldi, que j’ai découvert sur internet cet été, faisait ce soir d’Halloween la première partie de Rag’n’Bone Man. Je me souviens avoir intitulé mon article “le songwriter écossais à l’ascension fulgurante”. Je ne me doutais pas que cette ascension serait aussi rapide. Son 1er EP, Bloom, sorti, le voilà qui continue à remplir les salles britanniques et à tourner aux côtés de Milky Chance, Rag’n’Bone Man, Jake Bugg, Amy MacDonald, Seafret… Sans parler de sa récente signature en France chez Barclay. Un début de carrière éblouissant pour un jeune homme doux et charmant.
Rocknfool – Est-ce qu’on peut dire que ce qu’il t’arrive en ce moment avec ta carrière est un peu un conte de fées 2.0 ?
Lewis – Absolument ! C’est vrai que c’est assez fou ! Ça me semble assez irréel j’avoue. On a sorti mon premier single “Bruises” en mars en indé car on voulait juste voir ce que les gens allaient en penser. Je me souviens que je suis resté éveillé ce soir-là pour le mettre en ligne, je suis allé me coucher, puis à mon réveil j’ai vu qu’il était 1er dans le classement américain New Music Friday sur Spotify. C’était dingue, et tout depuis ce moment-là l’est encore plus. Et maintenant je suis à Paris, c’est la première fois que je fais un concert à Paris, et même en France tout court.
C’est donc ta première fois en France ?
Je suis déjà venu passer des vacances en France en fait. La toute première fois que j’ai chanté sur scène c’était en France. J’étais quelque part dans le Sud, où on avait l’habitude d’aller en vacances en caravane avec ma famille. C’était une soirée karaoké, j’avais 4 ans, j’y suis allé et j’ai chanté une chanson de Queen. La boucle est maintenant bouclée !
Est-ce que ce sont des peines de cœur qui t’ont poussé à écrire tes premières chansons ?
Pas vraiment. Mon frère a toujours été dans des groupes, c’est lui qui m’a inspiré et motivé à me mettre à jouer de la guitare. Il avait pris la guitare qui traînait depuis toujours dans la maison, pleine de poussière, puis j’ai copié sur lui. Ensuite je me suis mis à faire plus de concerts et à écrire. Ce n’est que récemment que je me suis mis à écrire des chansons parlant de peines de cœur. Quand mon EP est sorti, tout le monde disait que mes chansons étaient très tristes. Peut-être que j’écrirai plus tard sur ce thème-là, mais pour l’EP j’ai juste écrit ce que je ressentais sur le moment. Ma musique parle plus de cet espace sombre dans lequel évoluent les relations que de relations uniquement, des “tu m’as brisé le cœur”, ou “tu m’as trompé”… Mes chansons traitent plus de vouloir faire fonctionner tout ça sans y parvenir, quand tu en as marre mais que tu as quand même les étincelles. Et je crois que c’est pour cette raison que les gens les écoutent et s’y retrouvent.
“Quand mon EP est sorti, tout le monde disait que mes chansons étaient très tristes.”
On ne te connaît quasiment pas ici en France. Tu t’es juste dit qu’un jour que tu serais musicien ?
Depuis ce jour-là en France avec le karaoké et cette chanson de Queen, j’ai tout de suite été très intéressé par la musique. J’écoutais les CDs de Queen sans cesse aussi. J’en avais un où il n’y avait que trois chansons dessus, je n’arrêtais pas de les écouter. Il me semble qu’il y avait “We Will Rock You” et “We Are the Champions”. Je me disais que ces chansons étaient géniales. J’ai aussi fait tous les concours de chant de mon école. Ce n’est que plus tard que j’ai commencé à écrire, puis j’ai eu ma guitare à 12 ans. Je ne me suis jamais dit “tu dois écrire des chansons” pour écrire des chansons, j’ai juste toujours voulu être un chanteur. Dès mes 4 ans ça me rendait extrêmement heureux de chanter.
Ton 1er EP s’appelle Bloom. Est-ce une métaphore pour ta carrière, ou es-tu juste un passionné de botanique ?
(rires) Ce nom est la raison pour laquelle tout l’artwork de mes singles a été créé autour des fleurs. C’était une façon pour moi de dire que je débarquais… enfin je croise les doigts. J’espère que ce sera le début de quelque chose qui va durer. C’était effectivement une métaphore autour de l’espoir, quelque chose de génial qui grandit et se développe. Ce sont aussi des thèmes dont je parle dans mes chansons. Avec un peu de chance, mes concerts vont aussi se développer, il y aura de plus en plus de gens qui écouteront mon EP et me connaîtront comme chanteur etc. C’était un peu ça mon idée.
Peux-tu me parler de l’histoire de ton premier EP, après avoir sorti plusieurs de tes singles en ligne ?
C’était sympa et formateur de mettre en ligne quelques singles. On s’est posé la question : est-ce que l’on voulait poster quelques chansons au fur et à mesure ou poster tout l’EP d’un coup. Sortir l’EP était important pour moi car je voulais vraiment que les gens sachent et comprennent plus largement mon travail actuel. Normalement, ça devrait marcher car toutes les chansons qui sont dessus, à part “Bruises”, ont été écrites cette année. “Fade” par exemple je l’ai composée en août. Ces chansons sont encore très fraîches pour moi. J’espère pouvoir continuer à sortir du nouveau matériel, pour que les gens puissent se rendre compte de ce que je fais réellement, ce à quoi je pense, ce que je traverse sur le moment… Même l’ordre des chansons est important, c’est dans ce sens là qu’elles doivent être écoutées. Bon, bien sûr, tu peux les écouter dans l’ordre que tu veux !
“Travailler ma musique aux États-Unis et découvrir le pays pour la première fois, c’était le rêve !”
Comment c’était Nashville, New York et tout ? Je sais que tu es parti là-bas cet été pour enregistrer de nouvelles chansons.
C’était fou ! Je suis revenu de Los Angeles il y a deux jours, donc j’ai encore pas mal de décalage horaire (rires) j’avoue que je lutte pas mal. Pour le moment ça va, après j’ai un gros coup de barre. Avant que je sorte “Bruises”, je n’étais jamais allé aux États-Unis. Donc y être invité pour discuter, écrire, rencontrer de nouvelles personnes dans de gros labels etc., c’est un peu le rêve tu sais !? Et rien que d’être en Amérique c’était génial, car je ne crois pas que beaucoup de personnes ont eu une première fois comme la mienne. Nashville aussi c’était dingue, j’ai travaillé avec Jacquire King, et je suis un énorme fan des Kings of Leon. Il a aussi bossé avec James Bay. Pour moi c’était hallucinant de travailler avec lui. Ensuite on est parti à New York où j’ai écrit “Fade” produit par Malay qui travaille lui avec Frank Ocean… Rien que de découvrir la culture américaine c’était incroyable, de marcher la nuit sous tous les néons de la ville… c’était le rêve américain !
Tu as l’air tellement heureux sur scène, est-ce facile pour toi ?
Je suis nerveux sur scène, c’est certain, mais pour moi j’ai toujours trouvé que monter sur scène et chanter était la chose la plus simple au monde. Je ne sais pas pourquoi… Peut-être parce que j’ai commencé très tôt. L’un de mes plus anciens souvenirs est celui de ma chanson karaoké de Queen dans le sud de la France quand j’avais 4 ans. C’est un souvenir réconfortant et heureux, je pense que c’est pour ça.
As-tu déjà entendu parler du “Scottish vacuum of charm” ? Ça existe vraiment ?
Je ne l’ai pas en tout cas ! (rires) Gérard Butler par exemple, il l’a. Il est plutôt charmant. Ça doit aider quand tu es séduisant (rires). Je ne crois pas que tu l’aies de naissance tu vois, ça dépend de ton apparence physique. Paolo Nutini je suis sûr qu’il l’a ! Je ne le connais pas, mais il l’a.
C’est le côté italien.
Mon nom aussi est italien ! Mais je ne l’ai clairement pas donc peut-être que ça vient avec le temps ? Peut-être qu’un jour on y arrivera, mais pour le moment, je resterai un Écossais gauche et… timide… Je suis sûr que ça existe chez certains, et j’espère un jour en percer le secret !
Merci à Marie et Christopher.
Propos recueillis par Emma Shindo
Photo : E.S.
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