“Hard Sun”, la série inspirée d’une chanson de David Bowie
CHRONIQUE – Le créateur de “Luther” signe “Hard Sun” pour la BBC. Une série pré-apocalyptique qui s’inspire de “Five Years”, l’une des chansons cultes de David Bowie.
“Pushing through the market square, so many mothers sighing
News had just come over, we had five years left to cry in
News guy wept and told us, earth was really dying” (“Five Years, David Bowie)
Que feriez-vous si vous appreniez qu’il ne reste que cinq ans avec l’extinction complète de l’espèce humaine ? C’est cette question qui est la base de l’intrigue de Hard Sun, la nouvelle série de Neil Cross, créateur de Luther. L’écrivain explique l’origine de la série : elle repose toute entière sur la chanson “Five Years” de David Bowie de l’album The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars sorti en 1972. Comme quoi l’influence de Bowie dépasse largement le cadre musical.
Dans Hard Sun, Elaine Renko (Agyness Deyn) et Charlie Hicks (Jim Sturgess) sont deux enquêteurs de police, à Londres, chargés d’enquêter sur la mort d’un hacker informatique, Lloyd Hammond. Les premiers éléments de l’enquête poussent à croire à un suicide, ils découvrent finalement que c’est un meurtre. Et que derrière tout ça, se cache quelque chose de plus grand, plus gros. Plus incompréhensible. Le pirate avait mis la main sur des informations ultra-secrètes que cherchent absolument à dissimuler le MI-5. Renko et Hicks retrouvent ses informations et leurs contenus : il reste cinq ans à vivre avant disparition de l’espèce humaine.
Oui mais…
Reste à savoir quoi faire avec cette information : faut-il la garder secrète ou la révéler au grand jour. C’est là où l’avis des deux flics divergent, d’autant plus qu’ils n’ont aucune confiance l’un dans l’autre. Et à raison. Ils ont été forcés à bosser ensemble par leurs supérieurs hiérarchiques afin que Renko puisse enquêter au plus près sur Hicks, soupçonné d’avoir tué son ancien collègue. Il entretient par ailleurs, une relation adultérine avec la femme du défunt, tout en étant marié et père de famille. Renko possède également quelques problèmes familiaux : son fils autiste a tenté de la tuer et de la brûler vive. Daniel, né d’un viol alors que la jeune femme était encore adolescente, entretient une relation destructrice avec sa mère, il l’aime mais n’hésite pas à lui faire du mal.
Les intrigues dans la série sont multiples et finalement, elles nous perdent un peu. Il y a beaucoup à suivre. Peut-être beaucoup trop. Or, le postulat de base était plutôt fascinant. Quoi faire quand on apprend que l’espèce humaine est amenée à disparaître à cause des changements environnementaux ? Que faire quand on sait qu’il ne reste que cinq ans ? Renko contacte un journaliste pour révéler l’information au grand public. Cependant, le gouvernement britanniques et les services secrets parviennent à démentir les propos, expliquant que c’est une fake news. Résultat : le journaliste est mis au ban, mais “Hard Sun” réveille les conspirationnistes et éveille le gênes destructeurs de quelques spécimens : puisqu’ils n’ont que cinq ans, autant s’en servir pour assouvir ses vengeances et abréger les souffrances futures en mettant fin à la vie des proches. Le souci de la série c’est qu’elle s’attache finalement beaucoup trop aux illuminés qui commettent des meurtres atroces ou s’imaginent messager du projet “Hard Sun”. On s’ennuie parfois, on voudrait en savoir plus sur cette apocalypse qui arrive et dont le décompte s’affiche à la fin de chaque épisode.
… c’est dommage
Le fait est que le créateur de la série n’a pas bien choisi son camp : est-ce de la science-fiction ou seulement une série policière classique, avec son duo de flic aux premiers rôles finalement tout aussi classique ? Hard Sun aurait pu être une série géniale si elle avait tenu les promesses qu’elle nous avait faites au premier épisode. Si elle avait plutôt joué sur la corde émotionnelle, l’approche plus large, l’Humain, plutôt que les enquêtes parfois un peu tirées par les cheveux : quoi dire à ses proches ? Comment profiter de la vie avec un bébé à naître quand on sait qu’il ne vivra pas plus de cinq ans ? Doit-on pardonner les crimes d’une personne puisque dans cinq ans, tout cela n’aurait plus d’importance ?
Bien sûr, ses questions sont abordées, mais elles sont relayées au second plan. Voire même au troisième plan, car les vies tourmentées des deux personnages principaux prennent également beaucoup de place. Des vies tourmentées et des problèmes parfois tellement clichés et exagérés qu’on peine à y croire. Et c’est plutôt dommage. Neil Cross voudrait faire cinq saisons.