Lydia Képinski, la prodige dissidente venue de Montréal

SÉANCE DE RATTRAPAGE – Lydia Képinski, la jeune chanteuse montréalaise a sorti un premier EP il y quelque temps déjà. On ne pouvait pas passer à côté.

Lydia Képinski est multiple. Auteure, compositrice, graphiste, poète et presque spécialiste en mythologie, elle fait tout et magnifiquement bien. Son premier EP est sorti en novembre 2016 chez Chivi Chivi, elle a depuis remporté les Francouvertes de Montréal en mai dernier et annoncé un album pour les mois à venir. Il était temps de faire les présentations.

Conquérante et briseuse de cœur

Avec pour fil conducteur un caractère destructeur, le premier EP de Lydia Képinski ne passe pas plus inaperçu qu’un brise-glace au milieu d’une mer gelée. Mais avant le “Brise-Glace”, c’est avec “Andromaque” qu’on entre dans le monde fantasmagorique de la jeune femme. Douce et démoniaque, elle est dans ce titre les multiples figures mythologiques et littéraires de femmes aux destins dramatiques. Lydia Képinski y est une Andromaque, une amazone, une Roxanne, tiraillée entre l’amour et le devoir. Le crescendo qui hante progressivement le titre, les voix de femmes qui résonnent de plus en plus puissantes et devant, la voix conquérante de la chanteuse, en font un titre-coup-de-poing. Le ton est donné.

On retrouve dans “Brise-Glace” cette image de la femme mangeuse d’homme, corps destructeur et insensible qui collectionne les statues d’amants : “j’avais sculpté, tel Pygmalion, j’avais des hommes statufiés plein mon salon”.

Clairvoyante et émotive

Avec “Apprendre à mentir”, on change de registre et on plonge dans un titre aux allures moins sombres et plus pop. Mais, le texte cynique à souhait nous fait autant sourire qu’il nous glace le sang : “Je pourrais te dire : ‘tu va retrouver l’amour c’est sûr’ mais l’amour est mort dans un coffre de voiture.”
Enfin, avec “M’attends-tu” , la balade qui clôt l’EP, la voix se fait douce et berçante. L’émotion est portée par la construction anaphorique du texte, écrit comme un poème ou une invocation à l’amour qui s’enfuit.

Des textes à la poésie fine et habile, un vocabulaire riche et soigné, une imagerie faite de mythes et légendes et des composition à la musicalité parlante, le premier EP de Lydia Képinski s’écouter, se ressent, se vit et se révèle à chaque écoute toujours plus fascinant.