Naked Soft Men et Kamarad : punk en short et à mulet

LIVE REPORT – Soirée carte blanche à Rock Around The Border, qui nous amène valeur sûre et découverte avec Kamarad et Naked Soft Men.

Pendant qu’une partie de Strasbourg s’extasie devant Zaho de Sagazan, nous on préfère (comme d’habitude) l’assurance d’une soirée des plus rock avec Kamarad. Ça fait un bout de temps qu’on les suit, ces gars du sud (de l’Alsace). On les a appelé “nos IDLES à nous”, on a espéré très fort les voir s’exporter vers un succès mondial pour montrer que le rock actuel venu d’Alsace ne se résume pas à Last Train. Mais force est de constater que le monde n’est pas prêt. On les garde donc un peu pour nous et c’est tant mieux.

Non-stop rock

Ils sont toujours le gage d’un set brut, maintenant plutôt bien rôdés, avec leur formation à cinq, quatre de front et un batteur qui dicte l’avancée sans pause du concert. Pas de balade, pas de petit interlude instrumental, rien. Lorsque de nombreux groupes de post-punk dérivent avec les années vers des recherches musicales plus lentes, vers d’autres territoires, Kamarad semble mettre un point d’honneur à composer des titres pour se garantir des concerts à suer. Non-stop. Dans une soirée comme celle de vendredi, c’est une chance pour le public, qui ne se fait pas vraiment prier pour remuer (et se réchauffer).

  • Kamarad ©M.Milesi

Si la soirée était déjà hautement rentabilisée avec les seuls Kamarad, il faut avouer qu’on est bien content d’avoir pu découvrir avant eux Naked Soft Men. Trio venu du grand Nord (Lille), ils ont en commun avec Kamarad une origine mulhousienne de l’un des membres, un amour incontesté pour Manchester, et par voie de conséquence, un rock ultra-brut eux aussi. Hell yeah. Mais de leur côté, on y sentira des influences davantage blues (“Bad Daddy”), mâtinées de dark wave. On pense parfois à Squid, parfois à Viagra Boys, parfois aussi à King Krule (un truc dans la voix de John, le guitariste/chanteur). Rien donc que de très prometteur, pour un groupe qui s’est formé il y a moins de trois ans.

Mulet boy

Ce qui marque surtout, c’est un antagonisme puissant qu’on sent entre les titres et les musiciens, les premiers semblant sombres quand les seconds ne sont que sourires et bonnes vibes. Cette balance-là, dans laquelle le batteur/chanteur Paul (avec son shorty et son mulet) prend une grande part, est sans aucun doute ce qui garantit au groupe une totale adhésion du public. Ça, et deux EP fichtrement bien fichus, remplis de titres suffisamment enthousiasmants à l’écoute tout en étant incomparables à leur expérience sur scène. Parce que c’est clairement là que ça se passe. Alors si tu peux aller voir et écouter Naked Soft Men, fonce.

  • Naked Soft Men @M.Milesi