“Mile-End” de Michel Hellman ou tomber en amour avec Montréal
CHRONIQUE – Avec humour et tendresse, le bédéiste québécois Michel Hellman croque son installation, et son coup de foudre pour le Mile End.
Allez, c’est reparti pour un peu de lecture de l’autre côté de l’Atlantique et quoi de mieux pour bien s’accommoder à une nouvelle culture que de bouquiner une bande dessinée québécoise qui raconte l’installation montréalaise d’un franco-américain né au Québec ? Ça ne peut pas faire du mal, tu me le concéderas d’en apprendre un peu plus sur les premiers pas et premières impressions d’un compatriote. Il ne s’agit pas d’une nouveauté, loin de là, puisque Mile End le petit roman graphique de Michel Hellman est sorti fin 2011 aux éditions Pow Pow. Il s’agit en partie de strips que l’auteur/illustrateur postait sur son blog life in a panel à son arrivée dans le centre de Montréal.
Mile End love
“Ce livre regroupe des esquisses et des petites histoires que j’ai réalisées entre 2004 et 2011 lorsque j’habitais le quartier et que j’étais censé me concentrer sur autre chose (mes travaux de recherche, par exemple…). Certaines pages sont été publiées sur mon blogue. La plupart sont inédites” déclare Hellman en introduction du livre. Venu à Montréal pour rédiger sa maîtrise, il s’installe en colocation dans un appartement du Mile End, “un quartier coloré, chargé d’histoire, particulièrement prisé par les artistes et les musiciens attirés par les loyers (encore abordables à l’époque)”. Si tu vis à Montréal aujourd’hui tu sauras que désormais jeunes branchés et familles juives hassidiques vivent toujours en harmonie. Et que l’on y mange toujours les meilleurs bagels. Comme le titre l’indique, ce roman graphique de 130 pages va donc mettre bout à bout, sans liens véritables, des historiettes plus ou moins longues. Des moments de vie vécus par l’auteur dans son quartier, de son installation précaire à la naissance de son premier enfant.
Quatre saisons à Montréal
Dans un style très Lewis Trondheim, Michel Hellman choisit de se représenter sous les traits enfantins d’un animal, un ours explique-t-il à son colocataire vérificateur de sous-titres de films pornographiques “erotica”. Les traits sont fins, et souvent, des aplats d’aquarelle gris et noir viennent relever les petites saynètes. Avec humour et tendresse, Michel Hellman décrit son apprentissage de la vie canadienne par saison. Tu t’en doutes, l’hiver est ma préférée, c’est véridique. Car comme le dit si bien Hellman : “Dans l’imagination des Français, le Québec est, avant tout, associé à l’hiver, à la neige et au froid, c’est le Grand Nord, rude et impitoyable. En vérité, c’est vraiment pas si terrible que ça. On s’y habitue même très bien. L’important c’est de bien se préparer et faire preuve de bon sens”.
Et apparemment, rien ne vaut les carcasses de bébé phoques en guide de bottes et le papier à journal dans le slip. Vous voilà avertis !
https://www.instagram.com/p/BNDh_lUgZny/?taken-by=michel_hellman
Sûrement lecteur de son fameux compatriote Guy Delisle, Michel Hellman se veut également investigateur de faits culturels. Si tu veux savoir pourquoi la chemise à carreaux est un stéréotype du Canadien, ce qu’est une “pyroline” ou pour quelles raisons il faut préférer les moufles aux gants en hiver, tu trouveras la réponse dans Mile End. Ne t’inquiète pas, tout ceci est raconté avec beaucoup de dérision, il n’est pas question de vulgarisation historique et scientifique.
À noter, Mile End a désormais une “suite” intitulée Nunavik (éd. Pow Pow) qui suit, cette fois-ci, les explorations culturelles de Michel Hellman dans cette région arctique québécoise située au nord du 55e parallèle.
Mile End
Michel Hellman
Éditions Pow Pow
Nov. 2011
22,95$
136 pages