“C’est la fin du monde à tous les jours” : le 1er album de Lou-Adriane Cassidy
CHRONIQUE – On attendait la sortie du premier album de Lou-Adriane Cassidy avec impatience. De très bonnes choses, et quelques petites déceptions sont à l’ordre du jour.
Tout a été très vite pour Lou-Adriane Cassidy qui s’est lancée tête première dans la réalisation de son tout premier album, pendant son passage remarqué jusqu’en finale des Francouvertes l’année dernière. Rapidement signée chez Dare to Care/La Grosse Boîte, la Québécoise n’a pas tardé à prendre le chemin des studios, accompagnée de ses musiciens fétiches, sa gang de Québec, dont Simon Pedneault, son guitariste, acolyte et co-réalisateur. Simultanément, la Québécoise n’a pas chômé en étant musicienne sur la tournée d’Hubert Lenoir. L’album, fini l’été dernier, a été décalé pour permettre à la jeune femme de poursuivre les concerts à côté du petit garçon terrible de la chanson québécoise.
Plus qu’une interprète
Ex de La Voix Québec, Lou-Adriane Cassidy portait sur son dos une étiquette d’interprète. De simple interprète. Avec la sortie de son premier album, C’est la fin du monde à tous les jours, la jeune femme tenait à étoffer son CV : la voilà désormais auteure-compositrice-interprète. Sur les 10 chansons qui composent son album, on ne retrouve que trois collaborations, et pas des moindres. Stéphanie Boulay pour “La fin du monde à tous les jours”, Tire le coyote pour “Mon bel antidote”, et bien sûr Philémon Cimon pour son premier titre phare (et vraie réussite), “Ça va, ça va”.
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Forcément on reconnaît la patte des compositeurs : la mélancolie malicieuse de Stéphanie Boulay, “C’est beau, c’est beau d’encore y croire, c’est beau mais j’suis fatiguée de tomber de haut” et la poésie passionnelle de Benoît Pinette (Tire le Coyote), “Embrasse-moi à outrance mon bel antidote car je sais le vertige qui refuse de se poser, je n’ai d’yeux que pour toi, mais je suis aveuglée par une lueur d’espoir que trop souvent je boycotte”. On avait déjà parlé de la superbe “Ça va, ça va”, la chanson écrite par l’excellent Philémon Cimon, rencontré lors du Festival en chanson de Petite-Vallée, qui nous avait fait découvrir Lou-Adriane Cassidy il y a plus d’un an de ça. De beaux textes, c’est certain, et des identités musicales hétérogènes qui apportent une diversité de tonalités et d’ambiances à l’album de Lou-Adriane.
Susurrer des chansons au creux de l’oreille
Preuve qu’il n’y a aucun mal, ni aucune honte à être une “simple” interprète. On se souvient bien des justifications de Lou-Adriane Cassidy lors de ses concerts, accusant le mépris auquel elle devait faire face et légitimant son statut d’auteure-compositrice-interprète. Quoi de mieux que de le prouver en musique, avec des chansons qui n’ont pas à démériter du trio Boulay/Pinette/Cimon. Avec des textes personnels qui livrent les doutes, les préoccupations, les tourments d’une jeune femme de 21 ans. Une de mes préférées, et cela depuis un petit bout, est la très Carla Bruni-esque “La petite mort”, qui vient clôturer l’album de la plus douce des façon, dans un guitare-voix de tout beauté.
Le timbre de voix de la Québécoise est la plus-value de l’album et ce qui le maintient ensemble. On aime entendre toutes les aspérités de sa voix feutrée, ses respirations, son souffle, comme si on se tenait à côté d’elle dans le booth. Pas étonnant quand on sait qu’elle a enregistré les voix elle-même, de son côté. Comme si elle nous susurrait directement ses textes et ses chansons au creux de l’oreille.
Il y a toujours un mais, car paradoxalement, C’est la fin du monde à tous jours a parfois tendance à sonner lisse, trop propret. Les arrangements semblent un peu trop savonnés, et ont perdu de leur couleurs. Notamment à cause des intermèdes et envolées rétro-kitschs des cordes, en degueulando, comme aimaient me dire mes profs au Conservatoire (“Poussière”, “Les amours immatures”, “Ce qu’il reste”). Ou à cette partition de batterie parfois un peu simpliste et peu nuancée.
On joue au yoyo dans cet album. Parallèlement, la très pop “Respiration” et ses changements de tempo est bien réussie et entraînante avec ses accords de piano bien lourds et graves. Il semblerait que ça soit une marque de fabrique chez Lou-Adriane Cassidy qui utilise à nouveau ces rupture de tempo sur “Il pleut” qu’on avait adoré découvrir en live aux Francouvertes. On aime aussi entendre les marteaux du piano en sourdine frapper les cordes de l’instrument sur “Vivi”, une jolie respiration instrumentale presque jazzy.
D’une manière générale, ce premier album n’est pas inintéressant, il s’écoute sans rechigner, et avec un plaisir évident. On se demande juste s’il ne manque pas un peu d’âme, un peu de ce lâcher prise dont Lou-Adriane Cassidy est pourtant loin d’être dépourvue. Un premier album est rarement parfait et ce malgré le potentiel incroyable d’un(e) artiste.
En concert le 1er mars à la salle Pauline-Julien, le 4 avril à la Sala Rossa.
Crédit photo : John Londono