Permanent Way, le retour attendu de Charlie Cunningham

CHRONIQUE – Deux ans après Lines, Charlie Cunningham sort son deuxième LP, Permanent Way. Avec en prime, un passage dans la cours des grands chez Infectious/BMG.

Il y a peu sortait sur les plates-formes l’EP Bite. 4 nouveaux titres de Charlie Cunningham qu’on n’a pas chroniqués, pour une raison simple. Dans l’industrie musicale actuelle, et a fortiori depuis que Charlie est signé/géré par une major, il était clair que chroniquer cet EP reviendrait à chroniquer la moitié de l’album à venir. On avait vu juste. Oublions donc ça et concentrons nous sur Permanent Way, 2e album de Charlie Cunningham après Lines il y a 2 ans.

Une première impression de déjà-vu

À la première écoute, mon impression est nette. La chronique de Permanent Way risque fort de ressembler à la chronique de Lines. Ou du moins, au souvenir que j’ai de cet album. Nébuleuse sonore, voix cotonneuse, effacement de la guitare au profit de nappes synthétiques, voilà ce qui parsème à nouveau un grand nombre de titres de ce 2e album, de “Permanent Way” à “Maybe We Won’t”, en passant par “Sink In” ou encore “Different Spaces”. Et ce son trop lisse… Non, décidément, Charlie n’en a pas encore fini avec cette volonté d’apposer de multiples couches sur les squelettes de ces chansons. Pourquoi ? On ne sait pas.

Pourtant, ces squelettes, eux, sont merveilleux. Et c’est en faisant abstraction de chaque couche, c’est en cherchant à dénuder chaque titre, c’est en concentrant son oreille sur l’essentiel qu’on finit par découvrir tout le potentiel dont déborde Permanent Way. Ce talent en or qui jaillit des doigts de Cunningham, on l’entend dans la guitare de “Don’t Go Far” ou dans celle de “Force Of Habit”. On le retrouve dans l’interlude ou dans les couplets de “Bite”, réminiscences des impressions passées, du temps des concerts que l’on passait assise par terre, les yeux fixés sur la main droite du garçon qu’on découvrait en guitare voix devant nous.

Une base solide qui mérite d’être mise à nue

Et après bien des écoutes, après bien des efforts, on parvient enfin à tirer ce voile, à ouvrir le lourd rideau laissant apercevoir le nouveau paysage vers lequel évolue l’artiste. Cette verdoyante mais pluvieuse nature, cette mélancolie les yeux dans le vague, cette douleur au cœur mais cette volonté d’avancer qui traverse certaines paroles. Charlie Cunningham construit des albums à écouter seul, lorsque l’âme est agitée mais le corps calme, à la tombée de la nuit ou sous la pluie. Bien sûr, on aurait préféré que la musique s’accorde mieux à nos tourments, qu’elle soit plus nue, plus à même de nous transpercer plutôt que de nous faire voguer en surface. Mais c’est finalement au son du piano et des balais d’ “Hundred Times” qu’on décide qu’on continuera d’avancer avec Charlie Cunningham. Parce que peu importe la difficulté à adhérer à ses albums, il se cache au fond de chaque titre une beauté profonde et insondable. Et ça, ça n’a pas de prix. Pour le reste, il y aura toujours le live.