Notre-Dame-des-Sept-Douleurs : le nouvel album de Klô Pelgag au goût de revenez-y
CHRONIQUE – Voilà un album qu’on attendait tous avec impatience. Avec “Notre-Dame-des-Sept-Douleurs”, son troisième album, Klô Pelgag ne déçoit pas.
Un album de Klô Pelgag c’est comme une pâtisserie de forme peu conventionnelle. Mais, une pâtisserie bien lustrée dont la senteur est extrêmement attirante. Comme le gâteau au chocolat de ta maman. Pas du Pierre Hermé esthétiquement, mais objectivement le gâteau plus délicieux au monde. Dès que les premières saveurs se posent sur nos papilles, tous tes sens s’éveillent pour te transmettre une belle dose d’endorphine qui te remplit de plaisir. Et te donne une foudroyante envie de reviens-y.
Traverser les moments difficiles
Initialement prévue pendant le confinement, la sortie du nouvel album de Klô Pelgag a finalement été repoussée un poil, l’histoire de contribuer à nous apporter une lueur d’espoir alors que les beaux jours étaient définitivement de retour (mais le covid toujours là, on ne lâche pas). Concrètement, ça nous a juste permis de continuer à découvrir plus de nouvelles chansons, avant la parution du disque.
Ce troisième album, la Québécoise le dédie à celles et ceux qui traversent des moments difficiles. “Je vous souhaite de vous battre pour la paix, de vous déjouer, d’être patients, cléments envers vous-même et surtout de ne jamais vous abandonner.” Elle sait de quoi elle parle. Car cet album, elle l’a écrit après plusieurs années de surmenage professionnel et personnel.
Combattre des angoisses, vaincre ses peurs
Si son album a le nom d’un village québécois, c’est que l’histoire de ce village, Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, recoupe celle de Klô Pelgag qui voyait cette pancarte, enfant, lors de trajets en voiture. Un nom terrifiant doté d’un imaginaire encore plus effrayant, qu’elle décide finalement de découvrir en vrai, des années après. Le vrai village (une île, en fait) paisible et idyllique, va peu à peu prendre le dessus sur ses peurs enfantines et ses angoisses d’adulte. “Maintenant, j’irai dans le vrai Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, celui où je mange du poisson qui sent le fleuve et dont la couleur me mystifie.” Une paix retrouvée ?
Douze titres composent ce long jeu, dont deux titres instrumentaux, réciproquement l’intro et l’outro de l’album. Cela dit, comme souvent avec Klô Pelgag, beaucoup des autres titres mélangent construction pop et parties orchestrales sans complexes (“La maison jaune”, “Umami”, “À l’ombre des cyprès”). Cuivres, cordes, vents, bruitages et chœurs viennent apporter beaucoup de relief à des chansons dont les univers nous trimballent entre mondes inquiétants (“Melamine”, “Rémora”) et passades mélancoliques (“Für Elise”). Parfois, un rayon de lumière : Soleil et ses arrangements presque baroques (par Owen Pallett et les Montréal Horn Stars) dans le style d’une Water Music 2020. Sans oublier, des ballades féeriques plus épurées, nostalgique (“La fonte”) et tendre (“J’aurai les cheveux longs”).
Y revenir et replonger
Comme toujours avec Klô Pelgag, impossible d’écouter d’une traite chaque titre. On y revient, c’est nécessaire. Pour mieux s’y plonger, aller jusqu’au bout des écoutes. Y découvrir un passage qui nous avait échappé, un bruitage de rivière, des accessoires de percussions faisant 10 secondes d’apparition, des trompettes avec sourdines, étudier les variations de La lettre à Élise à la flûte à bec…
Notre-Dame-des-Sept-Douleurs n’est pas un album facile d’accès. Les atmosphères sont parfois suffocantes, les orchestrations foisonnantes, les mélodies moins évidentes que sur ses précédents albums. Néanmoins, c’est un album qui nous appelle. Un album dans lequel on replonge, tête première, la curiosité toujours éveillée.
C’est un album qui nous stimule les oreilles et l’esprit. Un album doté d’une vraie patte artistique, ce qui n’a jamais manqué à Klô Pelgag. On reconnaîtrait son timbre de voix clair et puissant, son écriture imagée et cinglante et sa signature artistique parmi des millions. Encore une fois Klô Pelgag a mis au monde un album unique. Un album qui continuera à nous sortir de notre zone de confort pendant un bon bout de temps encore.
Notre-Dame-des-Sept-Douleurs – Klô Pelgag (Secret City Record)
En concert le 23 octobre au MTelus (Montréal) et le 1er décembre à la Maroquinerie dans le cadre du Festival Aurores Montréal.
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