Earth to Dora : le hug musical d’Eels
CHRONIQUE – Fatigué.e de pleurer sur l’actualité dramatique ? Laisse-toi câliner par le nouveau Eels. Viens sécher tes larmes dans les bras chaleureux et plein d’amour d’E qui nous offre un vrai feel good album.
En ce premier jour de (re)confinement vendredi, il y a un groupe qui a souhaité nous mettre un peu de baume au cœur. Eels sortait Earth to Dora, successeur de The Deconstruction sorti en 2018. À l’époque, on avait déjà titré le single phare de cet album “‘Premonition’, chanson qui peut sauver une vie”. Le groupe n’a depuis pas changé de ligne de conduite. Les douze titres de ce nouvel album sont, tant dans les textes que dans les mélodies, l’équivalent d’un excellent feel good movie.
Tous les ingrédients y sont. La chanson d’introduction vous imprime immédiatement un sourire sur le visage. Comment résister à un titre nommé “Anything for Boo” ?! Boo est le diminutif affectueux le plus mignon qu’il soit ! Souvenez-vous de Boo dans Monstres et Cie. Cette première chanson plante le décor. Mark E. Everett sous son physique de vieux grigou est un amoureux, un gentil, un vrai romantique. Ce nouvel opus a notamment pour thème l’amour, on l’aura compris.
Un scénario qui se déroule de titres en titres
Après l’intro posée par “Anything for Boo”, “Are We All Right Again” emmène les protagonistes de ce film en balade en cabriolet, le nez au vent et face au soleil, sur une route au milieu des champs, souriants. Heureux. C’est le seul titre de l’album qui a été écrit à la sortie du confinement. Le premier confinement (sic). Il en porte tout l’espoir et soulagement que l’on a ressenti à l’époque. Bon, on ne va pas attendre la sortie du deuxième confinement pour se sentir “All right again”. Ce titre sera notre hymne pour les semaines à venir, merci E. !
Dans tout bon feel good movie il y a de la tendresse, la mise en place d’une romance, ce joli moment suspendu avant LE baiser. “Who You Say You Are” est le titre pour débuter cette douce histoire. Et puis “Earth to Dora” verra ensuite les personnages apprécier la vie. Tout simplement. Prendre le temps de se connaitre, bruncher au champagne, partir en fou rire devant des sushis au resto, VIVRE ! L’ambiance est toujours aussi légère, inconséquente et qu’est-ce que ça fait du bien !
Il y a un temps pour tout
“Dark and Dramatic” voit l’ambiance s’assombrir légèrement, un léger voile de nuage sur un grand ciel bleu. Rien de triste, mais une atmosphère en demi-teinte. Les cordes arrivent pour apporter un peu de drame, en douceur. L’ensemble sonne comme une jolie berceuse. On se prépare pour la suite qui s’annonce moins enjouée.
Car là, dans notre scénario, c’est le moment où l’équilibre disparait. Le grain de sable dans le rouage. “Are You Fucking You Ex”, à la fois, avec un titre pareil, on comprend assez rapidement de quoi il en retourne ! Eels nous a toujours habitués par le passé à traiter des sujets difficiles, la séparation, la mort, le suicide, la vie finalement. Donc aucune raison que cet album ne soit qu’un gros Bisounours. Mark parle toujours vrai. Tant dans ses embardées lyriques amoureuses que dans l’exploration de ses facettes plus sombres.
“The Gentle Souls” vient ramener un peu d’espoir et de lumière à notre histoire. Le rythme est plus dansant et on imagine nos protagonistes commencer à trouver des solutions pour un retour à la normale. On retrouve dans ce titre la recette Eels, le clavier, la guitare reconnaissable parmi toutes depuis “That Look You Give That Guy”. Cette chanson est d’ailleurs une de nos préférées. “Of Unsent Letters” est la réconciliation. On se câline, se caresse, on glisse sous la couette et on arrête toutes discussions. Les violons prennent le relais, la guitare et sa réverbe caractéristique nous font fondre. C’est tout simple et délicieux.
Happy end en vue
On aurait bien imaginé “I Got Hurt” comme générique de fin. Il n’en est rien, trois autre titres la suivent. Si ce n’est pas la fin, c’est le moment pour les ralentis, les retrouvailles, les histoires parallèles qui enfin s’imbriquent. On commence à sentir que le happy ending arrive. Et cela nous rassure, même si nous n’en avions jamais douté.
Il faut une leçon à retenir de tout ça, et c’est “OK” qui nous l’offre. C’est le titre le plus autobiographique de cet album. Sous sa douce mélodie qui ressemblerait presque à une berceuse, les paroles sont très dark. “There were times that I didn’t think I’d see the sunrise, and that was fine by me, I didn’t care for being alive”. Mark a vécu récemment un divorce et peut-être d’autres problèmes sur lesquels il ne s’étale pas en interview. Il y explique qu’il n’a pas forcément pu entendre à l’époque les mots de réconfort de ses amis et que pour autant, ils avaient raison. C’est banal comme dicton, mais oui, après la pluie vient le beau temps. Il nous encourage donc à en faire autant, accepter que de meilleurs jours reviennent, immuablement.
Tout est bien qui finit bien
“Baby Let’s Make It Real” sonne comme une chanson sœur de “I Got Hurt”. L’intrigue touche à sa fin. Il faut que ce soit un joli feu d’artifice, porté par une mélodie catchy et un refrain que l’on s’imagine déjà brailler en concert, comme autant de cris d’amour vers le barbu aux lunettes ! Tout est bien qui finit bien dans le monde d’Eels.
On ne peut que vous encourager à aller jusqu’au bout d’Earth to Dora afin de ne pas rater “Waking up”. La voix cassée de Mark posée sur une simple ligne de guitare, on lorgne vers la beauté d’un Johnny Cash. “So why don’t you just take my hand, and take a chance on love”, mais oui bien sûr, on accepte. Cette “bande originale” était exactement ce dont nous avions besoin, là tout de suite. Non seulement on a passé un bon moment mais on repart rassérénés, souriants et confiants en l’avenir. Conclusion, d’album en album, Eels continue à nous sauver la vie !
Earth to Dora – Eels (PIAS)
Crédit photo : Gus Black
- Tough Enough Festival : le rock made in Botanique
- Peter Cat Recording Co. au Paradiso : la fête parfaite
- CCF24 Sandra Contour et Blondes Naturelles, Saturday Night de la drôlerie
- Les Rotondes, Real Farmer et Crows contre la brume de novembre
- CCF24 Caroline Savoie et Corail : un dimanche soir à la bonne franquette