Men I Trust et Geoffroy clôturent le Festival d’été de Québec avec brio

LIVE REPORT – Le meilleur pour la fin ? Direction l’édition pas comme les autres du Festival d’été de Québec pour la soirée de clôture. Au menu : Men I Trust et Geoffroy.

Nous revoilà à Québec ! Jour 11 et jour de clôture du Festival d’été. Direction le Manège militaire pour une édition pas comme les autres. Cette année, vu les circonstances, on a choisi d’aller à la soirée “indie-pop” du festival avec Men I Trust suivi de Geoffroy. L’affiche qui, ne mentons pas, nous faisait plus que de l’œil.

Le grand retour de Men I Trust

Men I Trust (c) Marc-Antoine Hallé 

Il s’agit du 1er concert post pandémie du groupe canadien Men I Trust qui brise la glace. Ils n’ont effectivement pas joué devant un public depuis 1 an et demi. Qu’ils se rassurent, cela ne se voit pas. Petit détail à noter, Dragos Chiriac, membre fondateur du groupe (claviériste) est absent à la suite d’un accident de moto.

Le cadre du Manège militaire n’est sans doute pas le plus adapté à la pop électro planante et ultra atmosphérique de Men I Trust. Mais, plus le concert avance, plus le public se fait entendre timidement, attablé et espacé, variant Delta oblige. Ça chaloupe tout de même timidement des cous et ça danse même debout pour quelques tables du milieu, plus absorbées, qui ondulent et se laissent bercer par la voix enivrante éthérée, gorgée de réverb de la lead-singer Emma Proulx (et ses magnifiques cheveux rose bonbon).

Un nouvel album fin août

Pas habitués aux salles assises et respectueuses, le groupe se rend compte, après un certain nombre d’inter-chansons entièrement silencieuses qu’ils ne sont pas très causants. Heureusement, le public l’ayant remarqué, va au fur et à mesure combler par quelques cris et encouragements ces blancs scéniques qui pouvaient, de prime abord, créer un peu de malaise.

En plus des classiques “Lucky Sue”, “Humming Man”, “Lauren” et “Show Me How” en rappel, le groupe profite de son retour sur scène pour “essayer des chansons sur vous”. Comprendre : un nouvel album va sortir le 25 août (The Untourable Album) et le public du Festival d’été le découvre en primeur. D’une manière générale, ces nouvelles tounes laissent apparaître de la lumière et quelques chaleureux rayons de soleil dans un repértoire d’avantage axé sur la mélancolie contemplative. “Sugar” et “Enrique” annoncent définitivement un petit tournant vers une pop plus sucrée, qui n’est pas sans nous déplaire. 

Planer, rêver

En plus de l’absence de Dragos, le poste de bassiste (d’habitude comblé par Cédric Martel) a été pourvu par Alexis Taillon-Pellerin (qu’on a notamment vu à la guitare aux côtés de Valence). Pas une tâche facile, mais une mission relevée haut la main. La section rythmique du groupe, basse groovy et batterie nonchalamment agile, s’impose avec solidité, permettant aux trois autres musiciens plus de libertés et d’envolées aériennes à la guitare et aux claviers (“Days Go By”, “Tides”, “Seven”).

La performance est sérieuse. Musicalement, on n’a rien à reprocher à la formation dont la pop vaporeuse et onirique parfois sensuelle, parfois épurée nous fait définitivement planer et pousse à l’introspection. En revanche, on n’aurait pas été contre un peu plus d’échanges entre les membres du groupe (outre les sourires et la joie évidente des musiciens de se retrouver) ainsi qu’avec un public qui ne demandait que ça. 

Geoffroy remplace les Plaines par un album

Geoffroy (c) Marc-Antoine Hallé 

Les chanceux·ceuses qui avaient assisté au spectacle de Men I Trust une heure avant, avaient déjà pu apercevoir Geoffroy. Ce dernier étaitvenu chanter sur “Thirsty” avec le groupe. Et encore une fois, le Manège militaire est rempli pour le dernier concert du Festival d’été. 

Dès l’arrivée de Geoffroy sur “Come Around”, des cris de joie se font entendre. Entouré de quatre musiciens, le Québécois est en grande forme. Cela fait deux ans qu’ils n’ont pas joué tous les cinq ensemble. Le plaisir qu’ils ont à interpréter les titres des deux albums de l’artiste est communicative. Normalement prévu sur les Plaines d’Abraham en 1re partie de Vance Joy et Jack Johnson l’année passée, Geoffroy n’hésite pas à rappeler aux organisateurs que la Covid-19 leur a coupé l’herbe sous les pieds en les privant d’une telle opportunité. Le message est plus que clair. En attendant, il a écrit un album. Perdants mais gagnants non ?

Ne pas rester assis·e

La section percussions est déchaînée, entre batterie, congas, toms basses et bâton de pluie. Clément Leduc (aka Hologramme) se lâche également sur ses multiples synthés où l’on voit ses doigts s’emballer. Les ambiances des morceaux de Geoffroy sont assez éclectiques pendant la 1re partie du show. Club-house sur “Call of the Wild”, trip-hop sexy sur “All Around”, folk mélancolique sur “Cold World” son dernier single écrit pendant la pandémie. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Geoffroy ne se cantonne pas à un seul style musical. 

Arrivé à la moitié, l’avertissement ironique tombe : “à partir de maintenant, si vous restez assis, vous êtes bons !”. Une déferlante de tubes s’abat sur le public du Festival d’été : “Sleeping On My Own”, “How You Feeling”, “Bad Habits” en mode Stomp puis “21 Days” version bossa nova. Le Manège militaire est chaud. Peu sont ceux qui ont réussi à résister à l’appel du corps qui se trémousse sur les hits de Geoffroy.

Celui-ci bondit, va et vient entre ses musiciens, tente même un petit détour dans le pit des photographes. On l’imagine déjà déambuler dans l’allée centrale des Plaines d’Abraham avec cette même aisance scénique. Les fans seront là. Nul doute que beaucoup de novices succomberont à leur tour à l’artiste et son énergie solaire.

Feux d’artifices de rappels

En rappel, Geoffroy ne propose pas une, ni deux, mais bien quatre chansons. Deux plus douces pour réduire (éphémèrement) les rythmes cardiaques (sublime “Fear of Falling Apart” un peu gâchée par le bruit dans la salle, suivie de “Fooling Myself”). Et l’histoire d’en remettre une couche, feux d’artifices de percus sur “Raising by Wolves” (Wookdid mode) puis pop californienne qui réchauffe les cœurs (“Coastline”). Un beau final pour cette soirée de clôture du Festival d’été version 2021. Vivement 2022 !

La prochaine édition du Festival d’été de Québec est prévue du 7 au 17 juillet 2022.

Crédit photos : Marc-Antoine Hallé / Festival d’été de Québec