Batman Pattinson, oui ou non ?
CINÉMA – Faut-il, ou pas, aller voir The Batman (LE Batman en bon Québécois, mais pourquoi ne pas aller jusqu’à L’Homme chauve-souris ? Tant qu’à faire !) ? Question posée maintes fois autour de vous ces dernières semaines, à laquelle nous avons eu le plaisir de trouver réponse ce week-end. Enfin. Et attention spoiler : OUI. Il faut.
Qui mieux que Cobain pour Gotham ?
Il faut aller voir The Batman pour une première raison. La musique. Et la fierté d’être quarantenaire, et de pouvoir expliquer à la jeune génération, que cette chanson, au début du film, qui est absolument parfaite pour dérouler l’ambiance de “Gotham la glauque”, est née dans notre adolescence.
Nirvana, qui est toujours aussi moderne trente piges plus tard, c’est NOTRE génération, c’est nous qui l’avons fait ! Quel bonheur de retrouver “Something in the Way” et grâce à elle, de glisser dans l’âme même de cette ville tourmentée, ravagée. Quoi de mieux que ce titre avec la guitare limite désaccordée et la voix de Cobain pour planter ce type de décor ? Choix artistique parfait, qui met en confiance pour la suite.
Il y a aussi LA musique. Retour en arrière, The Joker avait laissé sur le flan certains d’entre nous, pourtant fans de DC Comics. Oui la performance de Joaquin Phenix est hallucinante et méritait toutes les victoires possibles, mais pour le coup, pas assez d’imaginaire et de fiction. Ce triste clown souffrait trop, faisait trop souffrir et ressemblait bien trop à la réalité. Trop de tout. Difficile à encaisser sur la longueur. Envie de prendre une douche en sortant de la séance et de s’extraire du monde pour le mois à venir. Par contre, nous avions été envoutés par la musique, lancinante, inquiétante, un personnage à part entière. On retrouve la même recette dans The Batman, une mise en scène musicale puissante et entêtante, pour à nouveau un résultat très efficace.
Un Batman polar
Ensuite, il faut aller voir The Batman car l’intrigue rend cette nouvelle production aussi attrayante qu’un bon vieux polar. Après tout, retour aux origines, DC Comics étant l’abréviation de Detective Comics. On ne peut s’empêcher d’ailleurs, de penser au Seven de David Fincher. Une enquête dans les bas-fonds de la ville poisseuse, des trombes d’eau incessantes, la drogue… (Parenthèse sur la dope, en V.O. les drogués de Gotham 2022 sont devenus des “Dropheads”, comprenez des accros au collyre. On se défonce par les yeux maintenant à Gotham. Et donc, drophead en Français ? Collyreman ? LOL.)
Mais revenons au thriller, nous suivons la quête d’un tueur qui veut en finir avec la corruption et abattre tous les notables vils et menteurs, semant à chaque assassinat des indices au héros. La comparaison avec Seven s’arrête là, car sinon nous sommes bien dans l’univers des Comics. Finie l’ambiance de bande dessinée cartoon de l’époque Burton. On est loin de celle des crossover avec Superman et autres super-héros, mais cependant le rendu demeure moins réaliste que les Dark Knight de Nolan. Et pour cela, c’est une franche réussite, qui occupe honnêtement les trois heures.
De quoi séduire un public moins jeune, vous l’aurez compris. Nous avons d’ailleurs une pensée pour les parents et leurs enfants d’à peine 7 ou 8 ans présents dans la salle ce dimanche, qui ensuite, ont dû passer une bien bonne nuit ! Voire semaine ! Par pitié les gens, lisez les avertissements avant d’embarquer vos rejetons dans une salle sombre, où un type sombre et peu bavard, se bat dans une ville sombre et se retrouve témoin de meurtres sordides, perpétrés pas un gros psychopathe masqué, hurlant et terrifiant…
Un casting qui ne déçoit pas, Pattinson le premier…
Enfin, sans que cela ne soit une raison en soit pour aller voir The Batman, la présence de Rob Pattinson attisait tout de même un peu la curiosité. Le garçon n’est connu que pour sa prestation dans la super production Twilight (et Harry Potter dans une moindre mesure), ou au contraire, dans des films d’auteurs très intimes. Donc endosser le costume de Batman était potentiellement un exercice casse-gueule. Soit il devenait la risée du public plus intello, soit le costume était trop grand pour lui selon les fans puristes. Gros point positif : abandon de la voix grave ridicule qui a due endommager les cordes vocales d’Affleck et Bale avant lui.
La conclusion est qu’il s’en sort très bien et qu’il habite parfaitement cette cape de cuir, ces bottes de motard ultralourdes dont le bruit mate fait sa signature auditive. Le costume est tellement sombre que point d’abdos ou de pecs apparents et affutés. Il n’est qu’une masse obscure se confondant dans le paysage hostile. On regrette même de ne pas le voir assez en Bruce Wayne, cette facette torturée du personnage sera peut-être mieux exploitée dans le prochain. Car oui il y aura bien sûr un prochain volet, comme nous le laisse sous-entendre la silhouette et le rire du voisin de cellule du Riddler à la fin.
… le Pingouin ensuite
Le reste du casting ne démérite pas. Le Pingouin d’abord, il aura fallu les crédits à la fin pour découvrir médusé qu’il était incarné par Colin Farrell. Bien sûr que l’on avait bien compris que l’interprète était très grimé, mais impossible de faire le lien avec l’Irlandais.
L’ensemble des seconds rôles tiennent la route, des différents flics plus ou moins véreux, aux vilains incarnés par John Turturro, splendide patron de la pègre, et surtout le trop rare Paul Dano. Monstrueux en Riddler au masque atroce, fou à lier et cruel. Même ce bon vieil Alfred reprend du service sous les traits et surtout l’accent posh d’Andy Serkis.
Last but not least, la Catwoman 2022 qui, sans faire oublier les trois sublimes précédentes, AKA Michelle Pfeiffer, Halle Berry et Anne Hathaway, rend à cette féline bandit ses titres de noblesse. Zoe Kravitz au physique sublimé dans la célèbre combinaison en latex, propose une Catwoman indépendante, puissante, sobrement sexy mais non sexualisée. Ce Batman est résolument moderne, jusqu’au bout des griffes.
Chauve-souris et chat sans cochon
Notre seul regret finalement, par rapport à ce Batman 2022, c’est que cela manque clairement de sexe ! Tout cet environnement de club malsain, la drogue, la musique pleine de stupre, la pénombre, mais non, rien, ou presque. Il est appréciable que ce super héros ne soit pas traité comme Spiderman dernièrement, qui avec son couple de jeunes acteurs stars Disney, n’a pour vocation que baisers chastes et possible perte de virginité. Spiderman est dorénavant un film familial, pour un public ado ou geek qui remplira les caisses de Disneyland Paris.
La nouvelle proposition de Matt Reeves pour Batman continue le travail débuté par The Joker de Todd Philips, on s’adresse aux adultes. Pattinson y incarne un Batman viril, sans trop en faire. Mais autant de testostérone, aux côtés d’une sublime et badass Catwoman comme Zoe Kravitz, il était raisonnable d’en attendre un peu plus du côté X-Rated, non ?! Peut-être le prochain volet nous réserve des surprises, qui sait…
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