Thomas Dybdahl au Café de la Danse : célébrer les 20 ans d’un album d’automne
LIVE REPORT – Deux ans de report, mais le rendez-vous a valu l’attente. Thomas Dybdahl était de retour à Paris pour un joli anniversaire.
Je ne vois aucune mention d’une quelconque première partie pour le concert de Thomas Dybdahl ce jeudi 3 novembre au Café de la Danse. Aucune attente donc, autre que celle de passer un excellent moment, comme d’habitude avec le Norvégien. Mais voilà que débarque une Suédoise. Seule, en costume noir, avec une guitare et un micro et c’est tout. Sobre. Simple. Est-ce enfin la promesse d’un concert comme j’en demande tant ces derniers temps ? Oui. Moa Lignell chante et le temps s’arrête. Les frissons sont là. C’est dépouillé, pur, sensible. Porté par une voix à la fois chaude et profonde, les mots cheminent droit au cœur et nous laissent les yeux écarquillés de surprise quand il est déjà l’heure de séparer. Cinq, six titres peut-être seulement et déjà elle s’en va ? Finir sur “Daughters” nous laisse les larmes aux yeux et avec l’envie d’en entendre plus. Ce sera le 1er décembre à l’institut suédois. En attendant, l’album Oh Daughters va tourner en boucle, c’est certain.
Un premier album qui n’a pas pris une ride
Le temps de se remettre de cette émotion, et voilà que la magnifique scène est prête pour Thomas Dybdahl et son groupe. Ils sont là pour rejouer …That Great October Sound, cet album qui fête ses vingt ans (déjà!). Cet album qui a marqué le début de l’aventure de Thomas Dybdahl comme on la connaît aujourd’hui, après son époque un peu plus métalleuse comme il l’avouera, et sa sortie du groupe Quadraphonics plus tard. Cet album marqué par des titres inoubliables, véritables pépites qui parsèment mes playlist depuis des lustres.
C’est que je l’ai vu de nombreuses fois, Thomas Dybdahl. En groupe à La Laiterie, à la Maroquinerie ou déjà ici au Café de la Danse, en solo aux Etoiles, mais c’est pourtant toujours les mêmes impressions. Celles d’un artiste hyper exigeant sur la qualité de la musique qu’il propose, toujours à chercher la bonne note, le bon instrument, le parfait arrangement. Peu de place laissée au hasard, tout est magnifiquement mis en scène pour servir au mieux les chansons. Je ne vais pas mentir, je suis très peu sensible à cela en temps normal. Parce que cela se fait trop souvent (si ce n’est tout le temps) au détriment des émotions, qui demandent plus de liberté et d’interstices pour s’épanouir pleinement.
L’émotion ciselée de l’orfèvre Thomas Dybdahl
Sauf que Thomas Dybdahl est différent. Lui y parvient toujours, à laisser passer l’émotion. Par quelle prouesse ? Aucune idée. Peut-être grâce à ses musiciens, virtuoses de leurs instruments magnifiques (contrebasse, orgue, et parlons de ce batteur, oh ce batteur !). Peut-être grâce à sa voix, qui depuis ces vingt dernières années, n’a rien perdu de son authenticité, de sa douceur. Ou peut-être juste grâce à cette parfaite honnêteté et cet amour de la musique qu’on partageait tous religieusement ce soir-là ? Ou alors grâce à la qualité sans faille de ces compositions à plusieurs couches, toutes plus élégantes les unes que les autres, qui ne vieillissent pas. L’intemporalité, la marque des plus grands.
D’un début de concert sur “From Grace”, qui clôture normalement les sets, à une fin sur “45”, titre de Fever (cet album qui malheureusement a bénéficié du pire timing de sortie du monde), tout aura été parfait. À part peut-être ce public, trop calme, trop assis, à l’exception du dernier morceau. Les deux cerises sur le gâteau ? Avoir entendu des versions toutes épurées d’ “Adelaide” et “Life Here Is Gold”, et avoir eu un rappel en apothéose de douceur avec “Stupid Heart”. Une version piano voix lunaire qui se finira sans micro et dans les larmes. Le meilleur moment de cette soirée parfaite.