Francouvertes soir 2 : Rossomodo, Claudie Létourneau, Jeanne Laforest
LIVE REPORT –
DEUXIÈME SOIRÉE, toujours la même excitation, la même hâte de découvrir trois pépites de la relève, la même fascination pour l’humour de notre animatrice fétiche, la même table, les mêmes chaises (nous sommes des femmes de routine), les mêmes oreilles tendues vers un programme pourtant bien différent de la veille. Aujourd’hui, on brise la glace de l’electro dance, du groovy et du pop. Let’s go !
Pour ouvrir la soirée en douceur, Anaïs Constantin nous parle d’adolescence, d’amour et de monoparentalité sur fond de nineties. Ses anecdotes sur le sujet sont poignantes et drôles, nous embarquons avec joie. Pourtant, une fois chantées, elles perdent de leur mordant. Dommage. Nous passons toutefois un moment agréable en sa compagnie. Passons aux concurrentes et concurrent !
Rossomodo
Ovni sur la scène musicale, Rossomodo propose un univers mêlant pratique de la danse, musique électronique, en passant par une dimension théâtrale quasi-spectrale et bien assumée. Rossomodo n’est pas qu’un nom de scène, c’est également une identité alternative définie comme “sévère et mélancolique”, touchée par les thématiques du genre, de la santé mentale et des états d’âme. Beau programme sur le papier. Sauf que ça met un certain temps avant d’embarquer (et ça n’embarque pas vraiment de notre côté). L’entrée en matière nous semble longue et, disons-le, nous avons déjà eu le temps de nous perdre dans nos pensées quotidiennes (ai-je bien nourri Simon, le chat, en partant ?). Les textes manquent de nuances (notamment sur “des femmes atomiques, des hommes poubelles”, un peu manichéenne), et les beats sont convenus. Un point toutefois pour la voix de l’artiste, dotée d’une belle gravité et d’une profondeur intéressante (un petit côté Woodkid peut-être ?) ainsi que pour l’audace d’animer un disco party seul sur scène. Chapeau.
Claudie Létourneau
Originaire de Sherbrooke, fan de pesto et de rose (la couleur), Claudie Létourneau nous dévoile une présence scénique à l’énergie contagieuse, qui n’est pas sans rappeler la fougue de Rau_Ze, heureuse gagnante des Francouvertes en 2022. Claudie danse, saute, chante, rit, interagit avec le public : elle nous étourdit et nous adorons ça. Sa voix joue sur une gamme allant du rauque à l’aigu. Pas toujours placée au début, elle s’approfondit bien vite et surfe avec extase sur les envolées rock de ses musicien.nes, guitariste, bassiste, claviériste, batteur et flûtiste (oui, on peut rocker une flûte traversière). Ses textes sont touchants et témoignent de peines et colères vécues, qu’elles soient personnelles ou plus engagées (comme dans “Frôler de trop près”). Nous ne savions pas vraiment à quoi nous attendre en avant-show, et bien nous voilà surprises, et agréablement !
Jeanne Laforest
Une toute autre énergie pour clore cette soirée, Jeanne Laforest nous partage sa poésie intime et propose un revival des party pyjamas de nos adolescences. Entre confidences et lâcher prise, nous sommes envoûtées par sa prestation et celle de ses musicien.nes (ses “Jeanne Laforest”). Le show s’ouvre sur une polyphonie de cœurs, petite madeleine de Proust du fantastique Notre-dame-des-sept-douleurs de Klô Pelgag (plus que bienvenue). La voix de Jeanne est puissante, tantôt abyssale tantôt pointue, sa rythmique est à la fois languissante et effrénée, les ruptures de ton sont parfaitement orchestrées allant jusqu’à proposer une pop dansante entre deux aveux mélancoliques. La sensation de trop-plein nous guette un instant mais le contrôle reste de mise. Un gros plus pour le professionnalisme du projet, bien exécuté, bien présenté, équilibré, qui lui vaut la première place du palmarès jusqu’alors détenue par Cure-pipe.
Classement provisoire :
1. Jeanne Laforest
2. Cure-pipe
3. Reno McCarthy
4. Bourbon
5. Rossomodo
6. Claudie Létourneau
Le programme de la semaine prochaine pour les soirs 3 et 4 des préliminaires !
Lundi 20 mars : Jeanne Côté, Renaud Gratton, Katia Rock
Mardi 21 mars : Héron, Marie-Céleste, Velours Velours
Texte : Elise Denis – Photos : Emma Shindo
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