Shame au Plaza Klub : nouveau set pour nouvel album
LIVE REPORT – On est allé jusqu’en Suisse pour découvrir Food For Worms sur scène. Retour sur le concert de Shame.
On hésite à faire de cette chronique une nouvelle déclaration d’amour aux sets de Shame, ou une déclaration d’amour au Plaza Klub de Zürich. Vraiment, on vous encourage à tester les deux. Le Plaza, parce que c’est une salle hybride magnifique. On sent que tout peut se passer ici, du concert intimiste à la nuit électro endiablée. L’accueil est parfait, le public ultra respectueux. On a rarement vu si peu de portables sortis et des gens qui laissent volontiers passer devant pour prendre des photos ou ramasser la première personne qui trébuche en pogo pour vérifier que tout va bien. Le respect n’est donc pas mort, il s’est juste exilé en Suisse. Bon à savoir.
They Hate Change, mais pas nous
Avant d’en arriver au set de Shame, revenons rapidement sur They Hate Change, première partie en contre-pied. On est loin d’attendre un duo en provenance de Floride, qui fait du rap, et parcourt la scène en tentant d’acquérir un public clairement pas venu pour ce style de musique. La meilleure description qu’on pourra faire de ce groupe ? Outkast rencontre Bad Boys. Désolé, on n’a pas les codes ni les références adéquates du rap, mais sérieusement, il y a une vibe très Will Smith et années 1990 dans les titres de leur album Finally, New. Ils finissent par emporter le public avec eux en quelques petites dizaines de minutes de scène. Pas étonnant qu’ils soient signés sur l’excellent label Jagjaguwar (Angel Olsen, Bon Iver, Cut Worms…)
Concernant Shame… N’a-t-on pas déjà tout dit ? Après un n-ième concert à les regarder évoluer sur scène, on peut effectivement se poser la question. Sauf que c’est notre premier concert de Shame depuis la sortie de Food For Worms, 3e album sorti il y a un peu plus d’un mois. Et on ne peut que se rendre à l’évidence : non, tout n’a pas encore été dit. Parce que le nouveau set de Shame est à l’image du nouveau disque. Parfait ajustement des deux pôles entre lesquels naviguaient Charlie Steen et sa bande jusque là, on oscille dans la chaleur du Plaza entre notre envie de sauter (“Alibis”), notre envie de crier (“Burning By Design”), notre envie de pleurer et notre envie de se prendre dans les bras (“Orchid”).
Les refrains de Shame
L’équilibre est parfait. Une dose d’anciennes gloires de leur répertoire (“The Lick”), une dose de titres hypnotisants de Drunk Tank Pink (“Born In Luton”), et leurs tubes ultra-efficaces (“Tasteless”), tout s’enchaîne dans un parfaite symbiose qui fait passer les titres les plus récents comme parfaitement pensés pour s’intégrer là-dedans. À croire que Food For Worms était la pièce manquante depuis toujours ? C’est ce qu’on finit par croire quand “Adderall” parvient à nous tirer une larme. C’est cette sublime balade qui prouve une fois de plus que Shame n’est pas à ranger tout à fait dans la même catégorie que ses contemporains. Plus directs, plus mélodiques, plus instinctifs, et définitivement plus conscients de la force d’un refrain. Le seul regret, après avoir vu Charlie grimper sur le bar et Josh courir et sauter en tous sens, est de ne pas avoir entendu raisonner “All The People”. Une bonne raison de retourner les voir sur scène ? Comme si on avait besoin de bonnes raisons…