L’art de bouger les lignes par The Psychotic Monks

LIVE REPORT – The Psychotic Monks sont en tournée pour leur 3e album. Leur arrêt strasbourgeois en a surpris plus d’un.

On n’est pas équipé pour décrire la musique des Psychotic Monks. Voilà c’est dit. À partir de là, vous saurez que tout ce qui est écrit ensuite ne sera qu’une vague tentative de décrire ce qu’il s’est passé à leur concert strasbourgeois, mais qu’il vaudra mieux aller voir par vous-mêmes ce que ça donne pour comprendre. Je m’explique.

L’impossible étiquette des Psychotic Monks

Déjà, les genres musicaux et moi, ça fait deux. Passées les grandes étiquettes rock, blues, pop, électro, jazz, soul, funk, r’n’b, rap, il ne faut plus trop m’en demander. Je n’ai jamais compris les multiples nuances et c’est un calvaire pour moi que de décrire un groupe avec les mots obscurs des magazines pointus. Dire que The Psychotic Monks étaient plutôt dans la catégorie rock avant, c’était déjà assez limité. Mais c’est devenu complètement à côté de la plaque depuis la sortie de Pink Colour Surgery. Troisième album après quatre ans d’attente, on en avait eu un bref aperçu sur scène lors de leur passage au Pelpass festival au printemps dernier. Et si à l’époque, je comprenais encore plus ou moins le qualificatif de noise qu’on leur appliquait, je ne suis plus sûre de rien aujourd’hui.

Parce qu’on a eu droit à un concert auquel je n’ai RIEN compris de ce qu’il se passait. Je n’ai pas compris comment j’étais passée d’un début de concert à vouloir bouger sur des rythmes à la limite de la techno (je dis à la limite, pourquoi ? je ne sais pas), à une fin de concert où j’ai eu envie de chialer tellement quelque chose m’a prise aux tripes sur une montée en puissance de plusieurs (dizaines de?) minutes. Je n’ai pas compris pleinement non plus pourquoi je me mettais à aimer davantage des sons venant d’une mini-cuve non identifiée plutôt que le son d’une guitare.

Le chaos (dés)organisé

Je n’ai pas non plus réussi à me décider sur la voix que mon oreille préférait suivre et regarder. Artie, sa tension toute intérieure, et sa robe rouge canon ? Clément, sa douceur vocale en accord avec ses cheveux roses mais aux antipodes de ses coups de batterie ? Paul, son expressivité, sa chemise rouge sang, ses regards toujours fixés sur ses compères ? Martin, son air angélique qui soudain se métamorphose dans la lumière rouge et son trop plein d’intensité qui ressort en se mordant le bras ? Dans ces quatre personnalités si différentes, si affirmées, il y a quelque chose qui tient du miracle à les voir former un ensemble d’une cohérence si parfaite dans le chaos.

Cette façon toujours de construire un set sans temps mort, sans temps de parole inutile… On croirait voir The Psychotic Monks volontairement cramer tout ce qui pourrait avoir un minimum de sens pour y rebâtir un labyrinthe à leur image. Et plutôt que de nous y perdre, ils y déroulent un fil qui nous raccroche et nous fait naviguer avec eux jusqu’à une sortie qui nous laisse déboussolés. C’est diablement ambitieux, c’est clairement unique en France actuellement, et c’est tout ce que je pourrais dire sur ce concert. Débrouillez-vous pour aller voir par vous-mêmes. Si tout ce qu’on a déjà écrit sur eux ne vous suffit pas, on ne peut plus rien pour vous.