Peter Cat Recording Co. au Paradiso : la fête parfaite
LIVE REPORT – On est partis loin pour les voir. Peter Cat Recording Co. au Paradiso : groupe parfait dans salle parfaite.
Peter Cat Recording Co., c’est l’exemple du groupe que je voulais voir depuis plus de 5 ans maintenant, et impossible. Un groupe indien qui tourne en Europe, c’est déjà synonyme de dates rares et loin de chez moi, alors pour les faire correspondre à mon emploi du temps… Il aura fallu attendre cette fin novembre et leur date néerlandaise pour réussir à caler un week-end musique et aller au Paradiso. C’est dans la salle où j’ai vu Isaac Gracie que le concert a lieu, cette magnifique salle à deux balcons. Une énorme boule à facettes trône à son plafond, et un saxophone et deux trompettes sont installées sur scène. Ça promet.
Ce sont ces trompettes qui m’avaient séduite quand j’avais découvert le groupe, à la sortie de Bismillah. Associées à une voix de crooner et à des nappes électroniques, la musique de Peter Cat Recording Co. était inclassable tout en convoquant la nostalgie d’époques passées, sous une touche indienne qui perçait par-ci par-là. Il était temps de voir ça sur scène pour la sortie de Bêta.
Débauche sonore et lumineuse
Ça commence doucement, sous les vitraux du Paradiso, avec “Flowers R. Booming”, qui ouvre le dernier album. Je suis devant la scène mais entre l’harmonium, la lumière, la hauteur et l’émotion qui pointe déjà, j’ai l’impression d’être submergée et file vite aux balcons pour saisir tout ce que j’ai sous les yeux. Parce que même s’ils ne sont “que” cinq, avec Suryakant Sawhney en crooner leader au centre, leur musique se prend clairement comme celle d’une troupe, un tout riche et foisonnant. Un tout qui comprend des jeux de lumière déments qui ne s’arrêteront pas de tout le concert. Alors je monte au premier balcon. Au deuxième. Et partout l’ambiance est la même. Des gens heureux d’être là, debout malgré leurs chaises, qui parlent beaucoup mais qui aiment très fort aussi et qui le montrent.
Après en avoir pris plein les yeux et les oreilles et assisté à des tableaux mouvants sous les éclats de la boule à facette (“People Never Change”, “Suddenly”), je finis par redescendre. Étrangement, aux premiers rangs, la foule est moins dense et plus libre de ses mouvements. Le reste du concert, je le passe là. À danser, à sourire et à me dire que vraiment, ce que j’entends et voit devant moi est diablement intelligent. Les 3 albums sont présents. De “Portrait Of A Time” à “Floated By”, mes titres préférés s’enchaînent. Aucun mot ni mouvement inutiles, une connivence entre musiciens présente mais toute en discrétion, et qui se révélera en fin de set, quand Dhruv Bhola e Kartik Pillai passeront au micro pour leur chanson. On sent un groupe d’ampleur, qui sait parfaitement ce qu’il veut montrer tout en garantissant au public un excellent moment.
La magie Peter Cat Recording Co.
Et oui, il fut excellent. On y a retrouvé tous les ingrédients de ce groupe. Les nappes électroniques à coup de synthés et de batterie électronique bien dosée, les trompettes à mettre la chair de poule, la basse dansante, la voix de crooner qui finit par te mettre les larmes aux yeux. Cette musique pas vraiment définissable, aux accents jazz, bollywood, psyché, pop, et électro. Même lorsque le concert prend un tournant dancefloor sur “Connexion” et “Memory Box”, le public suit. Et ça pendant plus de deux heures. Je me surprends à penser, sous les vitraux du Paradiso : “si l’apocalypse devait arriver, si le monde extérieur s’écroulait sous les bombes et le feu, alors Peter Cat Recording Co. serait le groupe parfait pour un concert de fin du monde.” Comme une gigantesque fête dans un temple rougeoyant, où ne resteraient plus que l’essentiel : l’amour, la musique et la danse.
Parce qu’après les plus de deux heures qui se sont déroulées (et qui s’enchaineront sur une playlist disco dans la salle (Cher, ABBA… mais qui a choisi cette playlist parfaite ?), c’est un immense sentiment de joie qu’on se souviendra tous avoir partagé là. Une joie pure, simple, et intense, devant un groupe terriblement doué pour la créer.