Tough Enough Festival : le rock made in Botanique
FESTIVAL – Les festivals en salle, c’est le graal. Surtout quand on parle du Tough Enough Festival au Botanique à Bruxelles.
Que faire après un concert de folie à Amsterdam ? Une soirée de folie à Bruxelles, évidemment.
Le Tough Enough Festival au Botanique était une bien trop belle occasion pour ne pas s’arrêter sur le chemin du retour. Alors oui, à l’affiche, Dead Chic. Et vous connaissez mon amour pour Dead Chic. Mais au-delà de ça, lorsqu’un lieu comme le Botanique et ses salles incroyables (ici le Museum, la Rotonde et l’Orangerie) programment un festival de rock sur deux jours en plein novembre, on y va, on y court. L’affiche oscille entre découvertes et valeurs sûres, mais toutes avec un amour du rock dans tous ses états. “The new date for roots, americana, garage, rock’n roll & psychedelic lovers”. Amen.
La Belgique, toujours terre de rock
J’arrive en fin d’après-midi, un peu triste de ne pas être arrivée assez tôt pour Habibi mais pas déçue par mon programme. J’aperçois Warm Exit à la Rotonde et je regrette de ne pas en entendre plus. C’est sombre, c’est puissant, et dans la droite ligne new wave que le post-punk a pris ces derniers temps. À creuser. Du côté de l’Orangerie, j’enchaîne avec The Sha-La-Lee’s, groupe belge dans lequel je reconnais vite une partie des Sore Losers. Une mise dans l’ambiance directe, pleine d’énergie et de son très garage, lorgnant parfois côté punk, parfois côté surf, avec une touche d’harmonica, une basse puissante et une batterie intransigeante. Deux groupes et je me demande déjà si je ne devrais pas commencer à chercher un appartement dans ces saintes terres du rock’n’roll.
Puis Dead Chic. Alors qu’est tout juste sorti leur premier et brillant LP Serenades & Damnation, je me demande si c’est à un nouveau set qu’on aura droit, ou si le groupe décidera de garder ça pour 2025. Ils choisissent la 2e option, supplément “Paris”, me permettant de dire au revoir dignement à ce set parfais tout en me laissant le loisir d’étudier la réaction du public. J’aime avoir face à moi à la fois le groupe et le public, et sentir l’énergie incroyable qui s’échange là. Ce soir avec Dead Chic, je vois la salle se remplir au fur et à mesure, et les mêmes réactions qu’à chaque fois : cet étonnement de ceux qui entendent la voix d’Andy pour la première fois, cette fascination pour la guitare envoûtante de Damien, cette addiction qui naît devant les vagues de claviers de Mathis et les corps qui bougent au rythme de la batterie de Geoffroy.
Tough Enough Festival : bienvenue au paradis
Oui, parce que ce soir, Rémi se fait fait remplacer par Geoffroy Sourp. En ancienne supportrice de foot que je suis, on m’a toujours appris que la qualité d’un club se mesurait au banc de touche. Clairement, le banc de touche de Dead Chic est de très très haut niveau avec ce batteur qu’on sait déjà excellent dans ses autres projets (Dirty Deep, Maeva…). Le public est conquis, avec pour preuve les nombreux vinyles de Dead Chic dans les mains du public tout le reste de la soirée. Encore un nouveau territoire acquis à la cause.
Mais pas le temps de se reposer qu’arrive le Jim Jones All Stars. Grand pape du rock, entouré des meilleurs, je ne sais même pas quoi dire face à ce déferlement d’énergie et d’instruments. Des trompettes, des claviers, des tambourins, des guitares, de la basse, de la batterie à ne plus savoir où donner de la tête. Ne reste qu’à danser. C’est dans ce genre de moment que me revient toujours cette citation de Dave Grohl : “Music became my religion, the record store my church, the rock stars my saints, and their songs my hymns”. C’est exactement ce que je ressens devant cette troupe de musiciens hors-pair. Avec pour seule différence que mes églises ne sont pas les disquaires, mais bien les salles de concert. Et le Museum du Botanique est une parfaite église pour recevoir la communion des dieux du rock’n’roll de Jim Jones. More please.
Voyage temporel
Difficile de continuer après ça. On essaiera pourtant avec Pokey Lafarge. Et je suppose qu’il fallait bien ça pour réussir à enchaîner : un voyage dans le temps direction les fifties, cheveux gominés, contrebasse et musique qui swingue. Il annonce que le groupe se donnera à 100% et que pour que le concert fonctionne, il faudra que le public se donne à au moins 70%. Cette approche très mathématique me fait sourire mais est diablement juste. Et je m’étonne que l’audience ne soit pas plus mouvante. Le Belge semble avoir l’amour discret. Pourtant, comment résister à la voix de crooner de Pokey Lafarge, aux claviers rétro ? Comment ne pas battre des mains sur tous les titres ? C’est délicieux. Nouvel objectif débloqué : voir Pokey Lafarge dans un milieu plus bruyant.
Notre soirée s’arrêtera là pour les concerts, puisqu’une interview de Dead Chic nous attendait. Spoiler alert : vous allez en apprendre beaucoup sur le groupe, mais il faudra patienter un peu. De notre côté, on se le note. Le Tough Enough Festival, c’est un grand oui, et on ne l’oubliera pas pour la prochaine édition. Merci la Belgique !