Route du Rock – édition hiver 2025 : un vendredi solaire

FESTIVAL – De retour à Saint-Malo pour notre Route du rock adorée. Et une première soirée sous le signe du soleil.

Cette année, les zones de vacances nous empêchent d’aller à l’habituelle étape rennaise de la Route du Rock version hiver. Mais ce n’est pas une raison pour faire une croix sur le reste. Direction Saint-Malo pour un week-end express, histoire de faire le plein de rock (et de kouign-amann).

C’est Reymour qui nous accueille à la Nouvelle Vague. Duo suisse exilé en Belgique, c’est en douceur qu’on arrive, au son des synthés et de la voix de Lou Savary. Ça chante à moitié en anglais, à moitié en français. C’est un début tout en douceur et mutin, presque naïf et enfantin avec cette voix qui alterne avec celle de Luc Bersier. Une douce odeur pop rétro qui finit par nous cueillir. Un goût de matin ensoleillé à la brillance voilée. Opération séduction réussie.

  • Reymour (c) Morgane Milesi

On change d’ambiance pour Delivery. Pas étonnant. On reconnaîtrait un son australien entre mille (ou presque), et pour la nostalgie et le son rétro-brumeux, on repassera. Avec eux, c’est une énergie très directe, un son garage qui ne s’embarrasse pas de fioritures, des riffs aiguisés. Avec quatre frontmen et frontwomen, et un batteur à l’arrière, ça envoie. La bassiste arbore un joli ACAB en paillettes roses sur son instrument, les slogans “free Palestine and fuck Trump” seront de la partie, finissant de nous convaincre de l’énergie punk du groupe. On ne saurait pas l’expliquer, mais dans le son de guitare, toujours cette petite touche propre aux pays qui connaissent bien le soleil. Et le resultat : un public qui se chauffe sans trop se faire prier.

Une Route du Rock sans instrument

Billy Nomates, on l’attendait. Depuis qu’on a écouté la playlist de cette édition de la Route du Rock pour se mettre dans le bain, on a l’impression d’avoir toujours connu cette voix. Ce timbre, ce slam… Peut-être qu’on a tellement l’impression qu’elle nous parle directement quand elle chante que ça nous fait naïvement croire qu’on l’écoute depuis toujours. Ou peut-être qu’on entend des réminiscences de voix de notre jeunesse, dans les années 1990-2000… Malheureusement, c’est la déception de la soirée, et ça nous crève le cœur. Elle est seule sur scène, avec une bande son pré-enregistrée, et ça manque sérieusement de punch. Malgré sa danse constante pieds nus sur cette grande scène vide et sa voix incroyable, ça ne suffira pas à pleinement convaincre. Une guitare, une batterie, on n’en demandait pas forcément plus… On attendra de trouver une occasion de la voir dans une formation moins réduite.

  • Delivery (c) Morgane Milesii

La tête d’affiche de ce soir, c’est The Ex. Le groupe qui tourne depuis le plus longtemps dans cette soirée. Depuis 1979 pour être exacte. On va jouer l’honnêteté, on ne les connaissait que de nom. Les mecs sont néerlandais, ont formé un big band, sont passés par la case Steve Albini, sont cités en référence par Sonic Youth… Bref, le genre de groupe qui te fait reconnaître les vrais inconditionnels de la musique, les irréductibles à la culture immense. Comme tous les grands noms qui durent, The Ex envoie sévère sur scène. Arnold de Boer à la voix et à la guitare en impose, sans parler de Katherina Bornefeld derière sa batterie. Et partout, cette touche de soleil africain qu’on entend pointer dans les rythmes. Mais l’aspect plus puissant et ultra-construit que mélodique nous fera perdre le fil à l’heure du petit coup de barre de la soirée.

Last but not least

Mais on ne capitulera pas. Et l’énergie remontera en flèche avec avec Getdown Services. Parce que ça, c’est typiquement notre came en concert, encore plus à 2h du matin. C’est Anglais, c’est impertinent, c’est déjanté. Quand Josh Law et Ben Sadler commencent par fixer le ton par un “Join in or go away”, on comprend vite qu’on va aimer. Ça pose d’office le cadre. “On a fait de la route pour venir jouer ici, il va falloir se bouger”. Ils précisent qu’ils ne comptent pas jouer devant des personnes qui discutent pendant leur set. MAIS OUI MERCI ! Le côté faussement vénère d’entrée de jeu de la part de ces deux mecs qui n’ont pas encore joué un accord mais se permettent de faire la leçon au public : j’achète !

  • The Ex (c) Morgane Milesi

Malgré quelques personnes qui resteront assises en gradin (comment est-ce possible ?), leur pari sera réussi. Impossible de résister à cette verve, cette énergie, et aussi à cette guitare. Parce que contrairement à Billy Nomates, même si l’installation est minimale et centrée sur les micros, une guitare électrique vient s’ajouter à la bande électro. ÇA. CHANGE. TOUT. Le groove est immédiat et fait danser et onduler en plus de sauter. On enchaînera les titres, l’humour, les réponses en chœur du public qui ne se fait pas prier pour accompagner le duo, comme sur “Crisps” et ses ouhouh. Un début de chenille plus tard et avec beaucoup de sueur versée, on aura réalisé que Getdown Services nous a rappelé de la meilleure manière possible que la vie est un foutu bordel qu’il faudrait veiller à ne pas trop prendre au sérieux. Thanks for the reminder.