FIKA(S) : sous le charme de Claire Morrison et Lay Low
COMPTE RENDU – Quelle soirée inattendue les ami.e.s ! Une atmosphère intime, une musique merveilleuse et du fromage : on vous raconte la chouette soirée de clôture du festival FIKA(S), au Ministère.
La déception d’avoir découvert sur le tard ce festival nordique pluridisciplinaire est vite passée, tant la soirée s’annonce des plus agréables. Nous avons manqué l’activité de ballades médiévales avec le Chœur suédois de Montréal ? Les rencontres littéraires ou le yoga à la lueur des chandelles ? Ce n’est pas grave, nous sommes excitées d’entendre les deux artistes folk mises à l’honneur ce soir. Les bougies électriques éclairent la petite salle du Ministère, l’ambiance est tamisée, cosy, apaisante, et on nous annonce du fromage Jarlsberg à déguster pendant la pause. Tout va bien.
La rencontre, 10 ans plus tard
Claire Morrison et Lay Low viennent de passer quatre jours ensemble, à parler et jouer de la musique. Plus jeune, Claire Morrison découvre Lay Low lors d’un festival dans sa province natale, le Manitoba ; c’est un coup de foudre artistique, et une évidence des années plus tard quant au choix de l’artiste à inviter pour partager cette mini-résidence.
L’Islandaise Lay Low, alias Lovísa Elísabet Sigrúnardóttir, reconnue dans son pays et à l’international, accepte l’invitation. Toutes deux découvriront même être cousines (très) éloignées, l’artiste canadienne ayant des origines islandaises. Quoi de mieux pour explorer ensemble et entremêler leurs univers musicaux ?
L’impressionnante Claire Morrison

Claire Morrison ouvre le bal, annonçant son premier album prévu pour avril 2025 et dévoilant un nouveau titre, “That’s Alright”. Son timbre clair et puissant nous envoûte d’emblée, la mélodie est inspirante et dévoile la grande maîtrise de l’artiste. Sa deuxième chanson, plus nostalgique, confirme sa virtuosité qui nous avait déjà séduites par le passé (en 2019 et 2021).
On se prend à penser à Loreena McKennit, pour l’ambiance et un tout petit quelque chose dans la voix. La qualité de son propre accompagnement à la guitare nous impressionne : arpèges précis, balayages qui font le plein de puissance, tapotements en rythme pour un rendu hyper efficace.
La douceur experte de Lay Low

Puis c’est au tour de Lay Low d’avoir la scène pour elle, souriante et modeste. “Please Don’t Hate Me”, la première chanson qu’elle a écrite, nous embarque dans un beau rythme qui fait de cette complainte une ballade doucement combative. Sa voix nous évoque cette fois-ci Katie Melua, pour sa rondeur et son rythme sautillant. Avec “Horfid”, la jolie langue islandaise se propage dans la salle du Ministère où le public est tout ouï.
Enfin, les deux artistes se produisent ensemble, chantant chacune leur tour, s’entre-accompagnant à la guitare, interprétant les harmonies l’une de l’autre. Elles nous racontent leurs moments de co-écriture et terminent cette première partie avec “King of It All”.
Pause. C’est donc l’heure du fromage : on ne se fait pas prier pour y goûter et partager notre enthousiasme de ce concert tout doux. La dégustation de délicieux roulés à la cannelle nous comble d’une joie simple et c’est avec un grand sourire que nous fredonnons avec le public lors de la reprise du concert.
Un mariage musical parfait

Claire Morrison et Lay Low enchaînent les duos. Les liens entre l’Islande, le Manitoba et le Québec s’incarnent au fil des morceaux (“Jane”, “You Are Light”). Parfois empreints de tristesse, parfois d’espoir, parfois avec des airs enjoués, notamment grâce aux petites percussions dans cette chanson où elles chantent enfin en chœur, en islandais. S’imprégnant ainsi de la langue de ses ancêtres, Claire Morrison partage des émotions fortes, appuyée par Lay Low qui nous fait cadeau de “Með hækkandi sól”, écrite et composée pendant la Covid et qui représenta l’Islande à l’Eurovision 2022.
Quoi de mieux pour finir la soirée que de nous jouer leur chanson coécrite pendant la résidence, terminée la veille ? “What Do I Do” finit de nous séduire, chacune interprétant son couplet et entonnant le refrain en chœur. Les paroles sont à propos, la composition se déroule bien, l’émotion est parfaite.
Fika(s), qui se décrit comme “un festival intimiste, à taille humaine”, honore sa promesse. Quel beau moment en compagnie de Claire Morrison, avec sa voix puissante et envoûtante, et Lay Low, avec sa voix douce et mélodieuse !
Texte : Hélène Gadé – Photos : Emma Shindo