Roswell Road, Geneviève Racette et Claire Morrison : célébrer les nouvelles amitiés
COMPTE RENDU — Le Petit Campus accueillait Roswell Road et leurs invitées spéciales, Claire Morrison et Geneviève Racette pour une soirée intimiste de folk et déclinaisons.
Un dimanche soir d’août, 20h30, rue du Prince-Arthur. Ni l’école ni l’université n’ont repris. Il n’y a pas grand monde au coin de rue avec la Main. Là où d’habitude, le samedi soir notamment, tous les jeunes des environs se retrouvent dans le concentré de boîtes du quartier pour danser. Cela dit, les Québécois ne sont pas réputés être de gros “sorteux” les dimanches soirs. Ceci explique cela.
Retrouvailles lumineuses avec Claire Morrison
On a appris la tenue du concert au Petit Campus trois jours auparavant, sur les réseaux sociaux de Claire Morrison. C’est d’ailleurs elle qui ouvre la soirée, tout de bleu vêtue. “That’s Alright” pour entamer une soirée estampillée folk. La Manitobaine joue plusieurs chansons de son premier album Where Do You Go At Night? sorti il y a quelques mois. Et dont on vous a parlé par ici.

Le timbre de voix de Claire fait des miracles, comme toujours. Limpide et à la fois texturé de ce je ne sais quoi très distinctif. Elle s’accompagne de sa guitare et on est emportés en deux temps, trois mouvements. Ambiance d’Halloween-fantômes-nature (“The River”), envolée dans la stratosphère lorsque les filles de Roswell Road la rejoignent sur scène et la soutiennent à la guitare, violon et aux harmonies sur “Around Here”. On finit par avoir les yeux un peu humides lorsque c’est le temps de “You Are Light”, sa classique chanson de fin de set.

Le concert se poursuit avec le duo londonien Roswell Road, constitué de Jasmine Watkiss et Zoë Wren. Elles sont les têtes d’affiche de la soirée. Le duo était déjà de passage à Montréal en février dernier, dans le cadre de l’événement Folk Alliance. C’est d’ailleurs à cette occasion que toutes les artistes féminines de cette soirée se sont croisées et appréciées. Elles nous racontent comment Jasmine a envoyé un message vocal à Claire Morrison sur Instagram pour connaître le nom d’une chanson à elle qu’elle avait beaucoup aimée. Depuis, elles reconnaissent être autant obsédées par Claire Morrison que par Geneviève Racette et elles assument.
Le répertoire éclectique de Roswell Road
Quand on écoute Roswell Road, on pense tout de suite à First Aid Kit. Guitare, violon, mandoline, kick et quelques samples pour ajouter à l’ambiance et nourrir leur son. Un duo de femmes en mode americana, folk, trad, country, tout ça complimenté d’harmonies vocales qui se fondent et de mélodies inspirées des Joni Mitchell, Carole King et Fleet Foxes de ce monde. Fleet Foxes dont elles reprendront d’ailleurs “Lorelai”.

À tour de rôle, elles nous présentent leur répertoire commun. “Arabella”, une chanson d’amour pour une sœur, “Weirdo at the Party” un hymne pour les introvertis lors d’une soirée de travail, “End of The Line” une première tentative de chanson d’amour qui n’a eu l’effet voulu et dont le titre n’est pas ironique, promet Zoë. On a même droit à une chanson de marins (une Sea Shanty) qui fonctionne très bien. Le concert file entre ballades, humour et titres plus pop — certaines chansons plus intéressantes que d’autres. Le tout saupoudré de charme britannique, un bonus à ne pas négliger.
Les chansons thérapeutiques de Geneviève Racette
Il est temps d’introduire la deuxième invitée de Roswell Road. Geneviève Racette fera un mini-set à la guitare acoustique. D’abord “I Hope It Hurts” en compagnie de Roswell Road pour la transition en douceur. Titre extrait de Golden son dernier album sorti en 2024. Seule, elle joue ensuite “Someone” son joli duo composé avec Dallas Green de City and Colour. Impossible de ne pas penser à Olivia Rodrigo, que ce soit au niveau du timbre de voix, des textes naïfs de cœurs brisés et des mélodies pop.

“Cet été, j’ai décidé de faire de la thérapie et d’écrire des chansons… ça vient un peu avec” confie la Québécoise. Exemple avec “Same Old Me”, une ballade dont le texte personnel (et sévère envers elle-même) est désarmant et touchant de sincérité. Toutes les insécurités et les défauts de la jeune femme sont condensés en une chanson qui prône l’acceptation de soi avant toute chose.
Elle laisse le Petit Campus le cœur fissuré. Roswell Road remonte sur scène pour clôturer la soirée plus joyeusement. On aime la vibe country de “Come Home” et “Can’t Take My Soul”, leur “fuck the patriarchy song” qui clôt cette soirée de “female rage” comme énoncée plus tôt par Geneviève Racette lors de son petit set. Le message de la soirée est clair, vive les nouvelles amitiés, et vive les femmes sur scène !
Bien dommage que le public ait été parsemé. Car ce genre de plateau aurait mérité plus de visibilité.
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